
17 Apr '25
DÉDICACE À TROLLS & VÉLO ET MAGIE CYCLISTE
by Ploum on 2025-04-17
https://ploum.net/2025-04-17-trolls-et-velo.html
Je serai ce samedi 19 avril à Mons au festival Trolls & Légende en
dédicace au stand PVH.
La star de la table sera sans conteste Sara Schneider, autrice fantasy
de la saga des enfants d’Aliel et qui est toute auréolée du Prix SFFF
Suisse 2024 pour son superbe roman « Place d’âmes » (dont je vous ai
déjà parlé).
C’est la première fois que je dédicacerai à côté d’une autrice ayant
reçu un prix majeur. Je suis pas sûr qu’elle acceptera encore que je la
tutoie.
Sara Schneider avec son roman et son prix SFFF Suisse 2024
https://ploum.net/files/sarasfffsuisse2024.png
Bref, si Sara vient pour faire la légende, le nom du festival implique
qu’il faille compléter avec des trolls. D’où la présence également à la
table PVH de Tirodem, Allius et moi-même. Ça, les trolls, on sait
faire !
Les belles mécaniques de l’imaginaire
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S’il y a des trolls et des légendes, il y a aussi tout un côté
Steampunk. Et quoi de plus Steampunk qu’un vélo ?
> Ce qui fait la beauté de la bicyclette, c’est sa sincérité. Elle ne
cache rien, ses mouvements sont apparents, l’effort chez elle se voit et
se comprend; elle proclame son but, elle dit qu’elle veut aller vite,
silencieusement et légèrement. Pourquoi la voiture automobile est-elle
si vilaine et nous inspire-t-elle un sentiment de malaise ? Parce
qu’elle dissimule ses organes comme une honte. On ne sait pas ce qu’elle
veut. Elle semble inachevée.
> – Voici des ailes, Maurice Leblanc
Le vélo, c’est l’aboutissement d’un transhumanisme humaniste rêvé par la
science-fiction.
> La bicyclette a résolu le problème, qui remédie à notre lenteur et
supprime la fatigue. L’homme maintenant est pourvu de tous ses moyens.
La vapeur, l’électricité n’étaient que des progrès servant à son bien-
être; la bicyclette est un perfectionnement de son corps même, un
achèvement pourrait-on dire. C’est une paire de jambes plus rapides
qu’on lui offre. Lui et sa machine ne font qu’un, ce ne sont pas deux
êtres différents comme l’homme et le cheval, deux instincts en
opposition; non, c’est un seul être, un automate d’un seul morceau. Il
n’y a pas un homme et une machine, il y a un homme plus vite.
> – Voici des ailes, Maurice Leblanc
Un aboutissement technologique qui, paradoxalement, connecte avec la
nature. Le vélo est une technologie respectueuse et utilisable par les
korrigans, les fées, les elfes et toutes les peuplades qui souffrent de
notre croissance technologique. Le vélo étend notre cerveau pour nous
connecter à la nature, induit une transe chamanique dès que les pédales
se mettent à tourner.
> Nos rapports avec la nature sont bouleversés ! Imaginez deux hommes
sur un grand chemin : l’un marche, l’autre roule; leur situation à
l’égard de la nature sera-t-elle la même ? Oh ! non. L’un recevra d’elle
de menues sensations de détails, l’autre une vaste impression
d’ensemble. À pied, vous respirez le parfum de cette plante, vous
admirez la nuance de cette fleur, vous entendez le chant de cet oiseau;
à bicyclette, vous respirez, vous admirez, vous entendez la nature elle-
même. C’est que le mouvement produit tend nos nerfs jusqu’à leur maximum
d’intensité et nous dote d’une sensibilité inconnue jusqu’alors.
> – Voici des ailes, Maurice Leblanc
Oui, le vélo a amplement sa place à Trolls & Légendes, comme le
démontrent ses extraits de « Voici des ailes » de Maurice Leblanc, roman
écrit… en 1898, quelques années avant la création d’Arsène Lupin !
Célébrer l’univers Bikepunk
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Moi aussi, j’aime me faire lyrique pour célébrer le vélo, comme le
prouvent les extraits que sélectionnent les critiques de mon roman
Bikepunk.
> Chierie chimique de bordel nucléaire de saloperie vomissoire de
permamerde !
> — Bikepunk, Ploum
Bikepunk - L'Antre d'un poulpe (blog.grishka.fr)
https://blog.grishka.fr/bikepunk/
Ouais bon, d’accord… C’est un style légèrement différent. J’essaie juste
de toucher un public un poil plus moderne quoi. Et puis on avait dit «
pas cet extrait-là ! ».
Allez, comme on dit chez les cyclisteurs : on enchaîne, on enchaîne…
Donc, pour célébrer le vélo et l’imaginaire cycliste, je me propose
d’offrir une petite surprise à toute personne qui se présentera sur le
stand PVH avec un déguisement dans le thème Bikepunk ce samedi (et si
vous me prévenez à l’avance, c’est encore mieux).
Parce qu’on va leur montrer à ces elfes, ces barbares et ces mages ce
que c’est la véritable magie, la véritable puissance : des pédales, deux
roues et un guidon !
À samedi les cyclotrolls !
L’événement Dédicace à Trolls & Légendes sur Mobilizon.
https://mobilizon.fr/events/1c3644fc-3c0e-4098-b81b-938ce94ced2a
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14 Apr '25
À LA RECHERCHE DE L’ATTENTION PERDUE
by Ploum on 2025-04-14
https://ploum.net/2025-04-14-recherche-attention-perdue.html
La messagerie instantanée et la politique
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Vous l’avez certainement vu passer : Un journaliste américain s’est fait
inviter par erreur sur un chat Signal où des personnes très haut placées
de l’administration américaine (y compris le vice-président) discutent
de l’organisation top secrète d’une frappe militaire au Yémen le 15
mars.
L’administration Trump envoie par erreur ses plans de guerre à un
journaliste via Signal (next.ink)
https://next.ink/177060/ladministration-trump-envoie-par-erreur-ses-plans-d…
La raison de cette erreur est que le porte-parole de Trump, Brian
Hughes, avait, durant la campagne électorale, reçu un email du
journaliste en question pour demander des précisions sur un autre sujet.
Brian Hughes avait alors copié/collé la totalité de l’email, incluant la
signature contenant le numéro de téléphone du journaliste, dans un
message instantané Apple iMessage à destination de Mike Waltz, qui
allait devenir le conseiller à la sécurité de Trump. Recevant ce numéro
par message de la part de Brian Hughes, Mike Waltz aurait ensuite
sauvegardé ce numéro sous le nom de Brian Hughes. En voulant inviter
plus tard Brian Hughes dans le chat Signal, Mike Waltz a par erreur
invité le journaliste américain.
Exclusive: how the Atlantic’s Jeffrey Goldberg got added to the White
House Signal group chat (www.theguardian.com)
https://www.theguardian.com/us-news/2025/apr/06/signal-group-chat-leak-how-…
Cette anecdote nous apprend plusieurs choses:
Premièrement, Signal est devenu une réelle infrastructure critique de
sécurité, y compris dans les cercles les plus hauts placés.
Deuxièmement, les discussions de guerre ultra-stratégique ont désormais
lieu… par chat. Pas difficile d’imaginer que chaque participant répond
machinalement, poste un émoji entre deux réunions, lors d’une pause
pipi. Et là se décident la vie et la mort du reste du monde : dans les
toilettes et les réunions qui n’ont rien à voir !
L’erreur initiale provient du fait que Mike Waltz ne lit
vraisemblablement pas ses emails (sinon, on lui aurait fait suivre
l’email au lieu de l’envoyer par message) et que Brian Hughues est
incapable de résumer efficacement un long texte (sinon il n’aurait pas
collé l’intégralité du message).
Non seulement Mike Waltz ne lit pas ses emails, mais on peut soupçonner
qu’il ne lit pas les messages trop longs : il a quand même ajouté un
numéro de téléphone qui se trouvait à la fin d’un message sans prendre
le temps de lire et de comprendre ledit message. À sa décharge, il
semblerait qu’il soit possible que ce soit "l’intelligence artificielle"
de l’iPhone qui ait ajouté ce numéro automatiquement au contact.
Je ne sais pas si cette fonctionnalité existe, mais le fait d’utiliser
un téléphone qui peut décider automatiquement de changer le numéro de
ses contacts est quand même assez effrayant. Et bien dans le genre
d’Apple dont j’interprète les slogans marketing comme « achetez avec nos
produits l’intelligence qui vous fait défaut, bande de crétins ! ».
Crise politique attentionnelle et surveillance généralisée
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La crise attentionnelle est réelle : nous sommes de moins en moins
capables de nous concentrer et nous votons pour des gens qui le sont
encore moins ! Un ami ayant été embauché pour participer à une campagne
électorale en Belgique m’a raconté avoir été abasourdi par l’addiction
des politiciens les plus en vue aux réseaux sociaux. Ils sont en
permanence rivés à leurs écrans à comptabiliser les likes et les
partages de leurs publications et, quand ils reçoivent un dossier de
plus de dix lignes, demandent un résumé ultra-succinct à leurs
conseillers.
Vos politiques ne comprennent rien à rien. Ils font semblant. Et
désormais, ils demandent à ChatGPT qui a l’avantage de ne pas dormir,
contrairement aux conseillers humains. Les fameuses intelligences
artificielles qui, justement, sont peut-être coupables d’avoir ajouté le
numéro à ce contact et d’avoir rédigé la politique fiscale de Trump.
La fin d’un monde ? (ploum.net)
https://ploum.net/2025-04-08-la-fin.html
Mais pourquoi utiliser Signal et pas une solution officielle qui
empêcherait ce genre de fuite ? Officiellement, il n’y aurait pas
d’alternative aussi facile. Mais je vois une raison non officielle très
simple : les personnes haut placées ont désormais peur de leur propre
infrastructure, car ils savent que tout est sauvegardé et peut-être
utilisé contre eux lors d’une éventuelle enquête ou d’un procès, même
des années plus tard.
Trump a été élu la première fois en faisant campagne sur le fait
qu’Hillary Clinton avait utilisé un serveur email personnel, ce qui lui
permettait, selon Trump lui-même, d’échapper à la justice en ayant ses
mails soustraits aux services de surveillance internes américains.
Même ceux qui mettent en place le système de surveillance généralisé en
ont peur.
L’éducation à la compréhension
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La dernière leçon que je tire de cette anecdote c’est, encore une fois,
celle de l’éducation : vous pouvez avoir l’infrastructure
cryptographique la plus sécurisée, si vous êtes incompétent au point
d’inviter n’importe qui dans votre chat, on ne peut rien faire pour
vous.
La plus grosse faille de sécurité est toujours entre la chaise et le
clavier, la seule manière de sécuriser un système est de faire en sorte
que l’utilisateur soit éduqué.
Le meilleur exemple reste celui des voitures autonomes : nous sommes en
train de mettre des générations entières dans des Tesla qui se
conduisent toutes seules 99% du temps. Et lorsqu’un accident arrive,
dans le 1% restant, nous demandons au conducteur : « Mais pourquoi tu
n’as pas réagi comme un bon conducteur ? »
Et la réponse est très simple : « Parce que je n’ai jamais conduit de ma
vie, je ne sais pas ce que c’est conduire, je n’ai jamais appris à
réagir quand le système ne fonctionne pas correctement ».
Vous pensez que j’exagère ? Attendez…
Se faire engager grâce à l’IA
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Eric Lu a reçu le CV d’un candidat très prometteur pour bosser dans sa
startup. CV qui semblait fort optimisé en mots clés, mais qui était
particulièrement pointu dans les technologies utilisées par Eric. Il a
donc proposé au candidat une interview par vidéo.
Au début, tout s’est très bien passé jusqu’à ce que le candidat commence
à s’emmêler dans ses réponses. « Vous dites que le service d’envoi de
SMS sur lequel vous avez bossé était saturé, mais vous décrivez le
service comme étant utilisé par une classe de 30 personnes. Comment 30
SMS peuvent-ils saturer le service ? » … euh… « Pouvez-vous me dire
quelle interface utilisateur vous avez mise en place avec ce que vous
dites avoir implémenté ? » … euh, je ne me souviens plus…
Eric comprend alors que le candidat baratine. Le CV a été généré par
ChatGPT. Le candidat s’est préparé en simulant un entretien d’embauche
avec ChatGPT et en étudiant par cœur ce qu’il devait répondre. Il
panique dès qu’on sort de son script.
What it's like to interview a software engineer preparing with AI
(www.kapwing.com)
https://www.kapwing.com/blog/what-its-like-to-interview-a-software-engineer…
Ce qui est particulièrement dommage, c’est que le candidat avait un
profil vraiment adapté. S’il avait été honnête et franc au regard de son
manque d’expérience, il aurait pu se faire engager comme junior et
acquérir l’expérience souhaitée. S’il avait consacré son temps à lire
des explications techniques sur les technologies concernées plutôt que
d’utiliser ChatGPT, il aurait pu convaincre l’employeur de sa
motivation, de sa curiosité. « Je ne connais pas encore grand-chose,
mais je suis désireux d’apprendre ».
Mais le plus triste dans tout cela, c’est qu’il a sincèrement pensé que
ça pouvait fonctionner. Il a détruit sa réputation parce que ça ne lui a
même pas traversé l’esprit que, quand bien même il aurait été engagé, il
n’aurait pas tenu deux jours dans son boulot avant de passer pour un
crétin. Il a été malhonnête parce qu’il était persuadé que c’était la
bonne manière de fonctionner.
Bref, il était un vrai Julius.
Mon collègue Julius (ploum.net)
https://ploum.net/2024-12-23-julius-fr.html
Il a « appris à conduire une Tesla » en s’asseyant sur le siège et
regardant celle-ci faire 100 fois le tour du quartier. Confiant, il est
parti dans une autre ville et s’est pris le premier platane.
Sauver une génération
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Les smartphones, l’IA, les monopoles publicitaires, les réseaux sociaux
sont toutes les facettes d’un même problème : la volonté de rendre la
technologie incompréhensible afin de nous asservir commercialement et de
nous occuper l’esprit.
J’ai écrit comment je pensais que nous devions agir pour éduquer la
prochaine génération d’adultes :
De l’utilisation des smartphones et des tablettes chez les adolescents
(ploum.net)
https://ploum.net/2025-04-10-smartphone_ado.html
Mais c’est un point de vue de parent. C’est pour cela que je trouve très
pertinente l’analyse de Thual qui, lui, est un jeune adulte à peine
sorti de l’adolescence. Il peut parler de tout cela à la première
personne.
Adolescence et numérique : retour d'expérience (thual.eu)
https://thual.eu/articles/2025-01-21-Adolescence_et_numerique_retour_dexper…
La grande leçon que j’en tire est que la génération qui nous suit est
loin d’être perdue. Comme toutes les générations, elle est désireuse
d’apprendre, de se battre. Nous devons avoir l’humilité de réaliser que
ma génération s’est complètement plantée. Que nous détruisons tout, que
nous sommes des fascistes addicts à Facebook et Candy Crush qui roulons
en SUV.
Nous n’avons pas de leçons à leur donner. Nous avons le devoir de les
aider, de nous mettre à leur service en désactivant le pilote
automatique et en brûlant les slides PowerPoint dont nous sommes si
fiers.
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De l’utilisation des smartphones et des tablettes chez les adolescents
by Ploum.net (billets en français uniquement) 10 Apr '25
by Ploum.net (billets en français uniquement) 10 Apr '25
10 Apr '25
DE L’UTILISATION DES SMARTPHONES ET DES TABLETTES CHEZ LES ADOLESCENTS
by Ploum on 2025-04-10
https://ploum.net/2025-04-10-smartphone_ado.html
Chers parents, chers enseignants, chers éducateurs,
Nous le savons toutes et tous, le smartphone est devenu un objet
incontournable de notre quotidien, nous connectant en permanence au
réseau Internet qui, avant cela, restait cantonné aux ordinateurs sur
nos bureaux. En voyant grandir nos enfants, la question se pose : quand,
comment et pourquoi les faire entrer dans le monde de cette
hyperconnexion permanente.
L’adolescence est une phase critique de la vie durant laquelle le
cerveau est particulièrement réceptif et forme des réflexes qui
resteront ancrés toute une vie. C’est également une période durant
laquelle la pression du groupe et le désir de conformité sociale sont
les plus importants. Ce n’est pas un hasard si les producteurs de
cigarettes et d’alcool ciblent explicitement les adolescents dans le
marketing de leur produit.
Le smartphone étant une invention incroyablement récente, nous manquons
totalement de recul sur l’impact qu’il peut avoir durant la croissance.
Est-il totalement inoffensif ou sera-t-il considéré, d’ici quelques
années, comme le tabac l’est aujourd’hui ? Personne ne le sait avec
certitude. Nos enfants sont les cobayes de cette technologie.
L’administrateur de la santé publique des États-Unis (US Surgeon
General) tire la sonnette d’alarme à ce sujet.
https://www.hhs.gov/sites/default/files/surgeon-general-youth-mental-health…
Il me parait important de souligner certains points importants, qui ne
sont que quelques éléments parmi les nombreuses problématiques étudiées
dans le domaine
Impacts of Technology Use on Children: Exploring Literature on the
Brain, Cognition and Well-Being (OECD)
https://one.oecd.org/document/EDU/WKP%282019%293/En/pdf
L’attention et la concentration
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Il est désormais démontré que le smartphone perturbe grandement
l’attention et la concentration, y compris chez les adultes. Ce n’est
pas un hasard : il est conçu pour cela. Les entreprises comme Google et
Meta (Facebook, Whatsapp, Instagram) sont payées proportionnellement au
temps que nous passons devant l’écran. Tout est optimisé en ce sens. Le
simple fait d’avoir un téléphone près de soi, même éteint, perturbe le
raisonnement et fait baisser sensiblement les résultats de tests de QI.
Brain Drain: The Mere Presence of One’s Own Smartphone Reduces Available
Cognitive Capacity
https://www.journals.uchicago.edu/doi/epdf/10.1086/691462
Le cerveau acquiert le réflexe d’attendre des notifications de nouveaux
messages de cet appareil, sa seule présence est donc un handicap majeur
dans toutes les tâches qui requièrent de l’attention : lecture,
apprentissage, réflexion, calculs. Il ne suffit pas de l’éteindre : il
faut le mettre à distance, si possible dans une pièce différente !
Il est démontré que l’utilisation des réseaux sociaux comme Tik-Tok
perturbe complètement la notion du temps et la formation de la mémoire.
Nous en avons tous fait l’expérience : nous jurons avoir passé 10
minutes sur notre smartphone alors qu’il s’est en réalité écoulé près
d’une heure.
How Social Media Interferences With The Psychology of Time and Memory
(www.neuroscienceof.com)
https://www.neuroscienceof.com/human-nature-blog/time-memory-psychology-soc…
Pour mémoriser et apprendre, le cerveau a besoin de temps de repos, de
vide, d’ennui et de réflexion. Ces nécessaires temps « morts » dans les
trajets, dans les files d’attente, dans la solitude d’une chambre
d’adolescent voire même durant un cours rébarbatif ont été supplantés
par une hyperconnexion.
The Psychology behind TikTok’s Memory Interference
(www.neuroscienceof.com)
https://www.neuroscienceof.com/human-nature-blog/psychology-tiktok-memory-i…
L’angoisse sociale et la perturbation du sommeil
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Même lorsque nous ne l’utilisons pas, nous savons que les conversations
continuent. Que des messages importants sont peut-être échangés en notre
absence. Cette sensation bien connue appelée « FOMO » (Fear Of Missing
Out, peur de manquer quelque chose) nous pousse à consulter notre
téléphone jusque tard dans la nuit et dès le réveil. Une proportion
inquiétante de jeunes reconnaissent se réveiller durant la nuit pour
consulter leur smartphone. Or la qualité du sommeil est fondamentale
dans le processus d’apprentissage et de formation du cerveau.
Les adolescents se réveillent pour se connecter (www.lemonde.fr)
https://www.lemonde.fr/societe/article/2014/03/24/les-adolescents-connectes…
School smartphone ban results in better sleep and improved mo
(www.york.ac.uk)
https://www.york.ac.uk/news-and-events/news/2024/research/school-smartphone…
La santé mentale
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De récentes avancées démontrent une corrélation forte entre le degré
d’utilisation des réseaux sociaux et les symptômes de dépression. Le
monde occidental semble atteint d’une épidémie de dépression
adolescente, épidémie dont la temporalité correspond exactement avec
l’apparition du smartphone. Les filles en dessous de 16 ans sont la
population la plus touchée.
Does Social Media Use Cause Depression? (childmind.org)
https://childmind.org/article/is-social-media-use-causing-depression/
The Teen Mental Illness Epidemic is International: The Anglosphere
(www.afterbabel.com)
https://www.afterbabel.com/p/international-mental-illness-part-one/
Has Social Media Fuelled a Teen-Suicide Crisis? (www.newyorker.com)
https://www.newyorker.com/magazine/2024/10/07/social-media-mental-health-su…
Le harcèlement et la prédation
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Sur les réseaux sociaux, il est trivial de créer un compte anonyme ou
usurpant l’identité d’une autre personne (contrairement à ce qu’il est
parfois affirmé dans les médias, il n’est pas nécessaire d’être un génie
de l’informatique pour mettre un faux nom dans un formulaire). À l’abri
sous cet anonymat, il est parfois très tentant de faire des blagues de
mauvais goût, de tenir des propos injurieux, de révéler aux grands jours
les secrets dont les adolescents sont friands voire de calomnier pour
régler des différends de cours de récré. Ces comportements ont toujours
fait partie de l’adolescence et font partie d’une exploration naturelle
normale des relations sociales. Cependant, le fonctionnement des réseaux
sociaux aggrave fortement l’impact de ces actions tout en favorisant
l’impunité du responsable. Cela peut conduire à des conséquences graves
allant au-delà de ce qu’imaginent initialement les participants.
Ce pseudonymat est également une bénédiction pour les personnes mal
intentionnées qui se font passer pour des enfants et, après des semaines
de discussion, proposent à l’enfant de se retrouver en vrai, mais sans
rien dire aux adultes.
Au lieu d’en tirer des leçons sociales éducatives, nous appelons les
adolescents faisant des blagues de mauvais goût des « pirates
informatiques », stigmatisant l’utilisation de la technologie plutôt que
le comportement. Le thème des prédateurs sexuels est mis en exergue pour
réclamer à cor et à cri des solutions de contrôle technologiques.
Solutions que les géants de l’informatique se font un plaisir de nous
vendre, jouant sur la peur et stigmatisant la technologie ainsi que
celles et ceux qui ont le malheur d’en avoir une compréhension
intuitive.
La peur et l’incompréhension deviennent les moteurs centraux pour mettre
en avant une seule valeur éducative : obéir aveuglément à ce qui est
incompréhensible et ce qu’il ne faut surtout pas essayer de comprendre.
La fausse idée de l’apprentissage de l’informatique
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Car il faut à tout prix déconstruire le mythe de la « génération
numérique ».
Contrairement à ce qui est parfois exprimé, l’utilisation d’un
smartphone ou d’une tablette ne prépare en rien à l’apprentissage de
l’informatique. Les smartphones sont, au contraire, conçus pour cacher
la manière dont ils fonctionnent et sont majoritairement utilisés pour
discuter et suivre des publications sponsorisées. Ils préparent à
l’informatique autant que lire un magazine people à l’arrière d’un taxi
prépare à devenir mécanicien. Ce n’est pas parce que vous êtes assis
dans une voiture que vous apprenez son fonctionnement.
Une dame de 87 ans se sert d’une tablette sans avoir été formée, mais il
faudrait former les enfants à l’école ?
https://ploum.net/files/gee_ecole2.png
Former à utiliser Word ou PowerPoint ? Les enfants doivent apprendre à
découvrir les généralités des logiciels, à tester, à « chipoter », pas à
reproduire à l’aveugle un comportement propre à un logiciel propriétaire
donné afin de les préparer à devenir des clients captifs. Et que dire
d’un PowerPoint qui force à casser la textualité, la capacité d’écriture
pour réduire des idées complexes sous forme de bullet points ? Former à
PowerPoint revient à inviter ses élèves dans un fast-food sous prétexte
de leur apprendre à cuisiner.
L’aspect propriétaire et fermé de ces logiciels est incroyablement
pervers. Introduire Microsoft Windows, Google Android ou Apple iOS dans
les classes, c’est forcer les étudiants à fumer à l’intérieur sans
ouvrir les fenêtres pour en faire de bons apnéistes qui savent retenir
leur souffle. C’est à la fois dangereusement stupide et contre-
productif.
Les gamins ne savent pas utiliser les ordinateurs… Voici pourquoi ça
devrait vous inquiéter. (lunatopia.fr)
https://lunatopia.fr/blog/les-gamins-ne-savent-pas-utiliser-les-ordinateurs
Pourquoi les jeunes sont devenus si nuls en informatique
(www.mac4ever.com)
https://www.mac4ever.com/societe/187334-pourquoi-les-jeunes-sont-devenus-si…
De manière étonnante, c’est d’ailleurs dans les milieux de
l’informatique professionnelle que l’on trouve le plus de personnes
retournant aux « dumbphones », téléphones simples. Car, comme dit le
proverbe « Quand on sait comment se prépare la saucisse, on perd l’envie
d’en manger… »
Que faire ?
===========
Le smartphone est omniprésent. Chaque génération transmet à ses enfants
ses propres peurs. S’il y a tant de discussions, de craintes, de volonté
« d’éducation », c’est avant tout parce que la génération des parents
d’aujourd’hui est celle qui est le plus addict à son smartphone, qui est
la plus espionnée par les monopoles publicitaires. Nous avons peur de
l’impact du smartphone sur nos enfants parce que nous nous rendons
confusément compte de ce qu’il nous inflige.
Mais les adolescents ne sont pas forcés d’être aussi naïfs que nous face
à la technologie.
Commencer le plus tard possible
===============================
Les pédiatres et les psychiatres recommandent de ne pas avoir une
utilisation régulière du smartphone avant 15 ou 16 ans, le système
nerveux et visuel étant encore trop sensible avant cela. Les adolescents
eux-mêmes, lorsqu’on les interroge, considèrent qu’ils ne devraient pas
avoir de téléphone avant 12 ou 13 ans.
GAFA tes gosses | ARTE Radio (www.arteradio.com)
https://www.arteradio.com/son/61667632/gafa_tes_gosses
Youth Perspectives on the Recommended Age of Mobile Phone Adoption:
Survey Study (www.ncbi.nlm.nih.gov)
https://www.ncbi.nlm.nih.gov/pmc/articles/PMC9664330/
Si une limite d’âge n’est pas réaliste pour tout le monde, il semble
important de retarder au maximum l’utilisation quotidienne et régulière
du smartphone. Lorsque votre enfant devient autonome, privilégiez un
« dumbphone », un simple téléphone lui permettant de vous appeler et de
vous envoyer des SMS. Votre enfant arguera, bien entendu, qu’il est le
seul de sa bande à ne pas avoir de smartphone. Nous avons tous été
adolescents et utilisé cet argument pour nous habiller avec le dernier
jeans à la mode.
Comme le signale Jonathan Haidt dans son livre « The Anxious
Generation », il y a un besoin urgent de prendre des actions
collectives. Nous offrons des téléphones de plus en plus tôt à nos
enfants, car ils nous disent « Tout le monde en a sauf moi ». Nous
cédons, sans le savoir, nous forçons d’autres parents à céder. Des
expériences pilotes d’écoles « sans téléphone » montrent des résultats
immédiats en termes de bien-être et de santé mentale des enfants..
What happens when a school bans smartphones? A complete transformation
(www.theguardian.com)
https://www.theguardian.com/lifeandstyle/2024/jan/17/cellphone-smartphone-b…
Jonathan Haidt Talks His New Book ‘The Anxious Generation’
(www.noemamag.com)
https://www.noemamag.com/social-media-messed-up-our-kids-now-it-is-making-u…
Parlez-en avec les autres parents. Développez des stratégies ensemble
qui permettent de garder une utilisation raisonnable du smartphone tout
en évitant l’exclusion du groupe, ce qui est la plus grande hantise de
l’adolescent.
Discutez en amont avec votre enfant
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Expliquez à votre enfant les problématiques liées au smartphone. Plutôt
que de prendre des décisions arbitraires, consultez-le et discutez avec
lui de la meilleure manière pour lui d’entrer dans le monde connecté.
Établissez un lien de confiance en lui expliquant de ne jamais faire
confiance à ce qu’il pourra lire sur le téléphone.
Dans le doute, il doit avoir le réflexe d’en discuter avec vous.
Introduisez l’outil progressivement
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Ne laissez pas votre enfant se débrouiller directement avec un
smartphone une fois votre limite d’âge atteinte.
Bien avant cela, montrez-lui comment vous utilisez votre propre
smartphone, votre ordinateur. Montrez-lui la même page Wikipédia sur les
deux outils en expliquant qu’il ne s’agit que d’une manière de
visualiser un contenu qui se trouve sur un autre ordinateur.
Lorsque votre enfant reçoit son propre appareil, introduisez-le
progressivement en ne lui autorisant l’utilisation que pour des cas
particuliers. Vous pouvez par exemple garder le téléphone, en ne le
donnant à l’enfant que lorsqu’il en fait la demande pour une durée
limitée et pour un usage précis. Ne créez pas immédiatement des comptes
sur toutes les plateformes à la mode. Observez avec lui les réflexes
qu’il acquiert, discutez sur l’inondation permanente que sont les
groupes Whatsapp.
Parlez de vie privée
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Rappelez à votre enfant que l’objectif des plateformes monopolistiques
est de vous espionner en permanence afin de revendre votre vie privée et
de vous bombarder de publicités. Que tout ce qui est dit et posté sur
les réseaux sociaux, y compris les photos, doit être considéré comme
public, le secret n’est qu’une illusion. Une règle d’or : on ne poste
pas ce qu’on ne serait pas confortable de voir afficher en grand sur les
murs de l’école.
Google et Meta ont conclu un accord pub secret ciblant les ados pour les
attirer vers Instagram, quelques mois apr�s que Zuckerberg se soit
excusé devant le Congrès pour l'exploitation des enfants sur Instagram
(www.developpez.com)
https://www.developpez.com/actu/361267/Google-et-Meta-ont-conclu-un-accord-…
Au Danemark, les écoles ne peuvent désormais plus utiliser de Chromebook
pour ne pas enfreindre la vie privée des enfants. Mais ne croyez pas
qu’Android, Windows ou iOS soient mieux en termes de vie privée.
Final Decision on Chromebook Case in Denmark (theprivacydad.com)
https://theprivacydad.com/final-decision-on-chromebook-case-in-denmark/
Pas dans la chambre
===================
Ne laissez jamais votre enfant dormir avec son téléphone. Le soir, le
téléphone devrait être rangé dans un endroit neutre et hors de portée.
De même, ne laissez pas le téléphone à portée de main lorsque l’enfant
fait ses devoirs. Il en va de même pour les tablettes et autres laptops
qui ont exactement les mêmes fonctions. Idéalement, les écrans sont à
éviter avant d’aller à l’école pour éviter de commencer la journée en
étant déjà en état de fatigue attentionnelle. N’oubliez pas que le
smartphone peut être le vecteur de messages et d’images dérangeantes,
voire choquantes, mais étrangement hypnotiques. L’effet de la lumière
des écrans sur la qualité du sommeil est également une problématique
encore mal comprise.
« La fabrique du crétin digital », de Michel Desmurget
https://www.seuil.com/ouvrage/la-fabrique-du-cretin-digital-michel-desmurge…
Continuez la discussion
=======================
Il existe des logiciels dits de « Contrôle parental ». Mais aucun
logiciel ne remplacera jamais la présence des parents. Pire : les
enfants les plus débrouillards trouveront très vite des astuces pour
contourner ces limitations voire seront tentés de contourner ces
limitations uniquement parce qu’elles sont arbitraires. Plutôt que
d’imposer un contrôle électronique, prenez le temps de demander à vos
enfants ce qu’ils font sur leur téléphone, avec qui ils parlent, ce qui
se dit, quels sont les logiciels qu’ils utilisent.
L’utilisation d’Internet peut être également très bénéfique en
permettant à l’enfant d’apprendre sur des sujets hors programmes ou de
découvrir des communautés partageant des centres d’intérêt différents de
ceux de l’école.
De la même manière que vous laissez votre enfant fréquenter un club de
sport ou de scoutisme tout en l’empêchant de trainer avec une bande de
voyous dans la rue, vous devez contrôler les fréquentations de vos
enfants en ligne. Loin des groupes Whatsapp scolaires, votre enfant peut
trouver des communautés en ligne partageant ses centres d’intérêt,
communautés dans lesquelles il pourra apprendre, découvrir et s’épanouir
s’il est bien aiguillé.
Donnez l’exemple, soyez l’exemple !
===================================
Nos enfants ne font pas ce qu’on leur dit de faire, ils font ce qu’ils
nous voient faire. Les enfants ayant vu leurs parents fumer ont le plus
grand risque de devenir fumeurs à leur tour. Il en est de même pour les
smartphones. Si notre enfant nous voit en permanence sur notre
téléphone, il n’a pas d’autre choix que de vouloir nous imiter. L’un des
plus beaux cadeaux que vous pouvez faire est donc de ne pas utiliser
compulsivement votre téléphone en présence de votre enfant.
Oui, vous devez traiter et prendre conscience de votre propre
addiction !
Prévoyez des périodes où vous le mettez-le en silencieux ou en mode
avion et où il est rangé à l’écart. Lorsque vous prenez votre téléphone,
expliquez à votre enfant l’usage que vous en faites.
Devant lui, mettez-vous à lire un livre papier. Et, non, la lecture sur
l’iPad n’est pas « pareille ».
A groundbreaking study shows kids learn better on paper, not screens.
Now what? (www.theguardian.com)
https://www.theguardian.com/lifeandstyle/2024/jan/17/kids-reading-better-pa…
D’ailleurs, si vous manquez d’idée, je ne peux que vous recommander mon
dernier roman : une aventure palpitante écrite à la machine à écrire qui
traite de vélo, d’adolescence, de fin du monde et de smartphones éteints
pour toujours. Oui, la publicité s’est même glissée dans ce texte, quel
scandale !
Bikepunk, les chroniques du flash
https://bikepunk.fr
Donnez le goût de l’informatique, pas celui d’être contrôlé
===========================================================
Il ne faut pas tirer sur le messager : le responsable n’est pas
« l’écran », mais l’utilisation que nous en faisons. Les monopoles
informatiques tentent de rendre les utilisateurs addicts, prisonniers
pour les bombarder de publicités, pour les faire consommer. Là sont les
responsables.
Apprendre la programmation (ce qui se fait au départ très bien sans
écran), jouer à des jeux vidéos profonds avec des histoires complexes ou
simplement drôles pour passer un moment amusant, discuter en ligne avec
des passionnés, dévorer Wikipédia… L’informatique moderne nous ouvre de
magnifiques portes dont il serait dommage de priver nos enfants.
Apprendre l’Informatique sans Ordinateur (www.irem.univ-bpclermont.fr)
http://www.irem.univ-bpclermont.fr/Informatique-sans-Ordinateur%2c140.html
L’histoire d’un bit (ploum.net)
https://ploum.net/lhistoire-dun-bit/index.html
Au lieu de céder à nos propres peurs, angoisses et incompréhensions,
nous devons donner à nos enfants le goût de reprendre le contrôle de
l’informatique et de nos vies, contrôle que nous avons un peu trop
facilement cédé aux monopoles publicitaires en échange d’un rectangle de
verre affichant des icônes de couleur.
Une enfant s’étonne de ne plus retrouver un livre sur sa tablette, la
maitresse lui explique que des entreprises ont décidé que ce livre
n’était pas bon pour elle.
https://ploum.net/files/gee_ecole3.png
Accepter l’imperfection
=======================
« J’avais des principes, aujourd’hui j’ai des enfants » dit le proverbe.
Impossible d’être parfait. Quoi que nous fassions, nos enfants seront
confrontés à des conversations toxiques, des dessins animés débiles et
c’est bien normal. En tant que parents, nous faisons ce que nous
pouvons, avec nos réalités.
Personne n’est parfait. Surtout pas un parent.
L’important n’est pas d’empêcher à tout prix nos enfants d’être sur un
écran, mais de prendre conscience qu’un smartphone n’est absolument pas
un outil éducatif, qu’il ne prépare à rien d’autre que de faire de nous
de bons consommateurs passifs.
Le seul apprentissage réellement nécessaire est celui d’un esprit
critique dans l’utilisation d’un outil informatique.
Et dans cet apprentissage, les enfants ont souvent beaucoup à apprendre
aux adultes !
Les illustrations sont de Gee et je vous invite à lire la BD complète
https://grisebouille.net/des-tablettes-a-lecole/
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LA FIN D’UN MONDE ?
by Ploum on 2025-04-08
https://ploum.net/2025-04-08-la-fin.html
La fin de nos souvenirs
=======================
Nous sommes envahis d’IA. Bien plus que vous ne le pensez.
Chaque fois que votre téléphone prend une photo, ce n’est pas la réalité
qui s’affiche, mais une reconstruction « probable » de ce que vous avez
envie de voir. C’est la raison pour laquelle les photos paraissent
désormais si belles, si vivantes, si précises : parce qu’elles ne sont
pas le reflet de la réalité, mais le reflet de ce que nous avons envie
de voir, de ce que nous sommes le plus susceptibles de trouver « beau ».
C’est aussi la raison pour laquelle les systèmes dégooglisés prennent de
moins belles photos: ils ne bénéficient pas des algorithmes Google pour
améliorer la photo en temps réel.
Les hallucinations sont rares à nos yeux naïfs, car crédibles. Nous ne
les voyons pas. Mais elles sont là. Comme cette future mariée essayant
sa robe devant des miroirs et qui découvre que chaque reflet est
différent.
‘One in a million’ iPhone bridal photo explanation: blame panorama mode
(www.theverge.com)
https://www.theverge.com/2023/12/2/23985299/iphone-bridal-photo-three-poses…
J’ai moi-même réussi à perturber les algorithmes. À gauche, la photo
telle que je l’ai prise et telle qu’elle apparait dans n’importe quel
visualisateur de photos. À droite, la même photo affichée dans Google
Photos. Pour une raison difficilement compréhensible, l’algorithme tente
de reconstruire la photo et se plante lourdement.
Une photo de ma main à gauche et la même photo complètement déformée à
droite
https://ploum.net/files/foiragegooglephoto.png
Or ces images, reconstruites par IA, sont ce que notre cerveau va
retenir. Nos souvenirs sont littéralement altérés par les IA.
La fin de la vérité
===================
Tout ce que vous croyez lire sur LinkedIn a probablement été généré par
un robot. Pour vous dire, le 2 avril il y avait déjà des robots qui se
vantaient sur ce réseau de migrer de Offpunk vers XKCDpunk.
Capture d’écran de LinkedIn montrant le billet d’un certain Arthur
Howell se vantant d’un blog post racontant la migration de Offpunk ver
XKCDpunk.
https://ploum.net/files/linkedinbot.png
La transition Offpunk vers XKCDpunk était un poisson d’avril hyper
spécifique et compréhensible uniquement par une poignée d’initiés. Il
n’a pas fallu 24h pour que le sujet soit repris sur LinkedIn.
Non, franchement, vous pouvez éteindre LinkedIn. Même les posts de vos
contacts sont probablement en grande partie générés par IA suite à un
encouragement algorithmique à poster.
Je ne suis plus à vendre sur LinkedIn (ploum.net)
https://ploum.net/je-ne-suis-plus-a-vendre-sur-linkedin/index.html
Il y a 3 ans, je mettais en garde sur le fait que les chatbots
généraient du contenu qui remplissait le web et servait de base
d’apprentissage à la prochaine génération de chatbots.
Drowning in AI Generated Garbage : the silent war we are fighting
(ploum.net)
https://ploum.net/2022-12-05-drowning-in-ai-generated-garbage.html
Je parlais d’une guerre silencieuse. Mais qui n’est plus tellement
silencieuse. La Russie utilise notamment ce principe pour inonder le web
d’articles, générés automatiquement, reprenant sa propagande.
A well-funded Moscow-based global ‘news’ network has infected Western
artificial intelligence tools worldwide with Russian propaganda
(www.newsguardrealitycheck.com)
https://www.newsguardrealitycheck.com/p/a-well-funded-moscow-based-global
Le principe est simple : vu que les chatbots font des statistiques, si
vous publiez un million d’articles décrivant les expériences d’armes
biologiques que les Américains font en Ukraine (ce qui est faux), le
chatbot va considérer ce morceau de texte comme statistiquement fréquent
et avoir une grande probabilité de vous le ressortir.
Et même si vous n’utilisez pas ChatGPT, vos politiciens et les
journalistes, eux, les utilisent. Ils en sont même fiers.
La conjuration de la fierté ignorante (ploum.net)
https://ploum.net/2024-12-02-conjuration-fierte-ignorante.html
Ils ont entendu ChatGPT braire dans un pré et en fond un discours qui
sera lui-même repris par ChatGPT. Ils empoisonnent la réalité et, ce
faisant, la modifient. Ils savent très bien qu’ils mentent. C’est le
but.
Ils nous mentent (ploum.net)
https://ploum.net/2024-10-24-ils-nous-mentent.html
Je pensais qu’utiliser ces outils était une perte de temps un peu
stupide. En fait, c’est dangereux aussi pour les autres. Vous vous
demandez certainement c’est quoi le bazar autour des taxes frontalières
que Trump vient d’annoncer ? Les économistes se grattent la tête. Les
geeks ont compris : tout le plan politique lié aux taxes et son
explication semblent avoir été littéralement générés par un chatbot
devant répondre à la question « comment imposer des taxes douanières
pour réduire le déficit ? ».
Will Malignant Stupidity Kill the World Economy?
(paulkrugman.substack.com)
https://paulkrugman.substack.com/p/will-careless-stupidity-kill-the
Le monde n’est pas dirigé par Trump, il est dirigé par ChatGPT. Mais où
est la Sara Conor qui le débranchera ?
Extrait de Tintin, l’étoile mystérieuse
https://ploum.net/files/etoilemysterieuse2.jpg
La fin de l’apprentissage
=========================
Slack vole notre attention, mais vole également notre apprentissage en
permettant à n’importe qui de déranger, par message privé, le
développeur senior qui connait les réponses, car il a bâti le système.
Slack: The Art of Being Busy Without Getting Anything Done
(matduggan.com)
https://matduggan.com/slack-the-art-of-being-busy-without-getting-anything-…
La capacité d’apprendre, c’est bel et bien ce que les téléphones et l’IA
sont en train de nous dérober. Comme le souligne Hilarius Bookbinder,
professeur de philosophie dans une université américaine, la différence
générationnelle majeure qu’il observe est que les étudiants
d’aujourd’hui n’ont aucune honte à simplement envoyer un email au
professeur pour lui demander de résumer ce qu’il faut savoir.
The average college student today (hilariusbookbinder.substack.com)
https://hilariusbookbinder.substack.com/p/the-average-college-student-today
Dans son journal de Mars, Thierry Crouzet fait une observation
similaire. Alors qu’il annonce quitter Facebook, tout ce qu’il a pour
réponse c’est « Mais pourquoi ? ». Alors même qu’il balance des liens
sur le sujet depuis des lustres.
Mars 2025 - Thierry Crouzet (tcrouzet.com)
https://tcrouzet.com/2025/04/02/mars-2025/
Les chatbots ne sont, eux-mêmes, pas des systèmes qu’il est possible
d’apprendre. Ils sont statistiques, sans cesse changeants. À les
utiliser, la seule capacité que l’on acquiert, c’est l’impression qu’il
n’est pas possible d’apprendre. Ces systèmes nous volent littéralement
le réflexe de réfléchir et d’apprendre.
En conséquence, sans même vouloir chercher, une partie de la population
veut désormais une réponse personnelle, immédiate, courte, résumée. Et
si possible en vidéo.
La fin de la confiance
======================
Apprendre nécessite d’avoir confiance en soi. Il est impossible
d’apprendre si on n’a pas la certitude qu’on est capable d’apprendre. À
l’opposé, si on acquiert cette certitude, à peu près tout peut
s’apprendre.
Une étude menée par des chercheurs de Microsoft montre que plus on a
confiance en soi, moins on fait confiance aux réponses des chatbots.
Mais, au contraire, si on a le moindre doute, on a soudainement
confiance envers les résultats qui nous sont envoyés.
The Impact of Generative AI on Critical Thinking: Self-Reported
Reductions in Cognitive Effort and Confidence Effects From a Survey of
Knowledge Workers
https://www.microsoft.com/en-us/research/wp-content/uploads/2025/01/lee_202…
Parce que les chatbots parlent comme des CEOs, des marketeux ou des
arnaqueurs : ils simulent la confiance envers leurs propres réponses.
Les personnes, même les plus expertes, qui n’ont pas le réflexe d’aller
au conflit, de remettre l’autorité en question finissent par transformer
leur confiance en eux-mêmes en confiance envers un outil.
Un outil de génération aléatoire qui appartient à des multinationales.
Les entreprises sont en train de nous voler notre confiance en nous-
mêmes. Elles sont en train de nous voler notre compétence. Elles sont en
train de nous voler nos scientifiques les plus brillants.
Why I stopped using AI code editors (lucianonooijen.com)
https://lucianonooijen.com/blog/why-i-stopped-using-ai-code-editors/
Et c’est déjà en train de faire des dégâts dans le domaine de
« l’intelligence stratégique » (à savoir les services secrets).
The Slow Collapse of Critical Thinking in OSINT due to AI
(www.dutchosintguy.com)
https://www.dutchosintguy.com/post/the-slow-collapse-of-critical-thinking-i…
Ainsi que dans le domaine de la santé : les médecins ont tendance à
faire exagérément confiance aux diagnostics posés automatiquement,
notamment pour les cancers. Les médecins les plus expérimentés se
défendent mieux, mais restent néanmoins sensibles : ils font des erreurs
qu’ils n’auraient jamais commises normalement si cette erreur est
encouragée par un assistant artificiel.
Automation Bias in Mammography: The Impact of Artificial Intelligence
BI-RADS Suggestions on Reader Performance
https://pubs.rsna.org/doi/10.1148/radiol.222176
La fin de la connaissance
=========================
Avec les chatbots, une idée vieille comme l’informatique refait
surface : « Et si on pouvait dire à la machine ce qu’on veut sans avoir
besoin de la programmer ? ».
C’est le rềve de toute cette catégorie de managers qui ne voient les
programmeurs que comme des pousse-bouton qu’il faut bien payer, mais
dont on aimerait se passer.
Rêve qui, faut-il le préciser, est complètement stupide.
Parce que l’humain ne sait pas ce qu’il veut. Parce que la parole a pour
essence d’être imprécise. Parce que lorsqu’on parle, on échange des
sensations, des intuitions, mais on ne peut pas être précis, rigoureux,
bref, scientifique.
L’humanité est sortie du moyen-âge lorsque des Newton, Leibniz,
Descartes ont commencé à inventer un langage de logique rationnelle :
les mathématiques. Tout comme on avait inventé, à peine plus tôt, un
langage précis pour décrire la musique.
Se satisfaire de faire tourner un programme qu’on a décrit à un chatbot,
c’est retourner intellectuellement au moyen-âge.
On the foolishness of "natural language programming". (EWD 667) (EWD)
https://www.cs.utexas.edu/~EWD/transcriptions/EWD06xx/EWD667.html
Mais bon, encore faut-il maitriser une langue. Lorsqu’on passe sa
scolarité à demander à un chatbot de résumer les livres à lire, ce n’est
même pas sûr que nous arriverons à décrire ce que nous voulons
précisément.
En fait, ce n’est même pas sûr que nous arriverons encore à penser ce
que nous voulons. Ni même à vouloir. La capacité de penser, de réfléchir
est fortement corrélée avec la capacité de traduire en mot.
> Ce qui se conçoit bien s’énonce clairement et les mots pour le dire
viennent aisément. (Boileau)
Ce n’est plus un retour au moyen-âge, c’est un retour à l’âge de la
pierre.
Le dernier vaisseau (ploum.net)
https://ploum.net/112-le-dernier-vaisseau/index.html
Ou dans le futur décrit dans mon (excellent) roman Printeurs : des
injonctions publicitaires qui se sont substituées à la volonté. (si si,
achetez-le ! Il est à la fois palpitant et vous fera réfléchir)
Printeurs, par Ploum (pvh-editions.com)
https://pvh-editions.com/shop/38-printeurs
Extrait de Tintin, l’étoile mystérieuse
https://ploum.net/files/etoilemysterieuse3.jpg
La fin des différentes voix.
============================
Je critique le besoin d’avoir une réponse en vidéo, car la notion de
lecture est importante. Je me rends compte qu’une proportion incroyable,
y compris d’universitaires, ne sait pas « lire ». Ils savent certes
déchiffrer, mais pas réellement lire. Et il y a un test tout simple pour
savoir si vous savez lire : si vous trouvez plus facile d’écouter une
vidéo YouTube d’une personne qui parle plutôt que de lire le texte vous-
même, c’est sans doute que vous déchiffrez. C’est que vous lisez à haute
voix dans votre cerveau pour vous écouter parler.
Il y a bien sûr bien des contextes où la vidéo ou la voix ont des
avantages, mais lorsqu’il s’agit, par exemple, d’apprendre une série de
commandes et leurs paramètres, la vidéo est insupportablement
inappropriée. Pourtant, je ne compte plus les étudiants qui me
recommandent des vidéos sur le sujet.
Car la lecture, ce n’est pas simplement transformer les lettres en son.
C’est en percevoir directement le sens, permettant des allers-retours
incessants, des pauses, des passages rapides afin de comprendre le
texte. Entre un écrivain et un lecteur, il existe une communication, une
communion télépathique qui font paraître l’échange oral lent,
inefficace, balourd, voire grossier.
Cet échange n’est pas toujours idéal. Un écrivain possède sa « voix »
personnelle qui ne convient pas à tout le monde. Il m’arrive
régulièrement de tomber sur des blogs dont le sujet m’intéresse, mais je
n’arrive pas à m’abonner, car la « voix » du blogueur ne me convient pas
du tout.
C’est normal et même souhaitable. C’est une des raisons pour laquelle
nous avons besoin de multitudes de voix. Nous avons besoin de gens qui
lisent puis qui écrivent, qui mélangent les idées et les transforment
pour les transmettre avec leur propre voix.
La fin de la relation humaine
=============================
Dans la file d’un magasin, j’entendais la personne en face de moi se
vanter de raconter sa vie amoureuse à ChatGPT et de lui demander en
permanence conseil sur la manière de la gérer.
Comme si la situation nécessitait une réponse d’un ordinateur plutôt
qu’une discussion avec un autre être humain qui comprend voir qui a vécu
le même problème.
Après nous avoir volé le moindre instant de solitude avec les
notifications incessantes de nos téléphones et les messages sur les
réseaux sociaux, l’IA va désormais voler notre sociabilité.
Nous ne serons plus connectés qu’avec le fournisseur, l’Entreprise.
Sur Gopher, szczezuja parle des autres personnes postant sur Gopher
comme étant ses amis.
> Tout le monde ne sait pas que ce sont mes amis, mais comment appeler
autrement quelqu’un que vous lisez régulièrement et dont vous connaissez
un peu de sa vie intime
I am alive (2) (szczezuja)
gopher://sdf.org/0/users/szczezuja/phlog/2025-03-30-I-am-alive-2.txt
La fin de la fin…
=================
La fin d’une ère est toujours le début d’une autre. Annoncer la fin,
c’est préparer une renaissance. En apprenant de nos erreurs pour
reconstruire en améliorant le tout.
C’est peut-être ce que j’apprécie tant sur Gemini : l’impression de
découvrir, de suivre des « voix » uniques, humaines. J’ai l’impression
d’être témoin d’une microfaction d’humanité qui se désolidarise du
reste, qui reconstruit autre chose. Qui lit ce que d’autres humains ont
écrit juste parce qu’un autre humain a eu besoin de l’écrire sans
espérer aucune contrepartie.
Splitting the Web (ploum.net)
https://ploum.net/2023-08-01-splitting-the-web.html
Vous vous souvenez des « planet » ? Ce sont des agrégateurs de blogs
regroupant les participants d’un projet en un seul flux. L’idée a été
historiquement lancée par GNOME avec planet.gnome.org (qui existe
toujours) avant de se généraliser.
Et bien bacardi55 lance Planet Gemini FR, un agrégateur des capsules
Gemini francophone.
Annonce: Ouverture du Planet Gemini France (news.planet-gemini.fr)
gemini://news.planet-gemini.fr/2025/03/29/ouverture-du-planet-gemini-france/
C’est génial et parfait pour ceux qui ont envie de découvrir du contenu
sur Gemini.
C’est génial pour ceux qui ont envie de lire d’autres humains qui n’ont
rien à vous vendre. Bref, pour découvrir le fin du fin…
> Toutes les images sont illégament issues l’œuvre d’Hergé, l’étoile
mystérieuse. Y’a pas de raison que les chatbots soient les seuls à
pomper.
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21 Mar '25
DU DÉSIR PROFOND DE SE FAIRE ARNAQUER
by Ploum on 2025-03-21
https://ploum.net/2025-03-21-se-faire-arnaquer.html
Pour suivre les modes et faire comme tout le monde
==================================================
Stefano Marinelli, un administrateur système chevronné, installe
principalement des serveurs sous FreeBSD, OpenBSD ou NetBSD pour ses
clients. Le plus difficile ? Arriver à convaincre un client qui veut
absolument un « cluster de kubernetes tournant sous Linux », mais ne
sait pas de quoi il s’agit que ce n’est pas toujours une bonne idée. Par
contre, s’il migre sans rien dire des machines virtuelles vers des jails
FreeBSD, il reçoit des appels paniqués parce que « tout va désormais
trop vite, ça va nous coûter combien votre mise à jour du matériel ? ».
I Solve Problems (it-notes.dragas.net)
https://it-notes.dragas.net/2024/10/03/i-solve-problems-eurobsdcon/
C’est le gros problème du métier d’ingénieur : l’ingénieur est censé
analyser un problème et proposer des solutions, mais un manager, pour
justifier son boulot, a la plupart du temps déjà décidé de la solution
qu’il veut que l’ingénieur mette en place, même si elle est inadaptée.
Heureusement, les conflits sont de plus en plus rares : toutes les
écoles d’ingénieurs enseignent désormais le management et la plupart des
élèves ingénieurs n’apprennent plus à être critiques dans la résolution
des problèmes. Les universités créent un monde de Julius:
Mon collègue Julius (ploum.net)
https://ploum.net/2024-12-23-julius-fr.html
Ceux qui osent demander « mais pourquoi ? » sont les exceptions, les
rebelles.
Keynote Touraine Tech 2023 : Pourquoi ? (ploum.net)
https://ploum.net/2023-03-30-tnt23-pourquoi.html
Stefano continue avec d’autres anecdotes : comment un projet a capoté
parce que le mauvais code d’un développeur remplissait les disques des
serveurs de Stefano. Plutôt que de résoudre le problème du code, il a
été jugé plus diplomatique d’écouter le développeur et de « passer dans
le cloud ». Les disques ne se sont pas remplis en quelques heures comme
auparavant. Le projet a tourné un mois sur le « cloud » avant que
n’arrive la facture. Et le compte en banque du projet s’est vidé.
I Almost Died for a Full Sentry Database (it-notes.dragas.net)
https://it-notes.dragas.net/2024/12/28/i-almost-died-for-a-full-sentry-data…
Ou comment une infrastructure de soins de santé refuse de mettre à jour
ses serveurs pour investir dans le design d’une infrastructure « cloud »
qui, 5 ans plus tard, est toujours à l’état de design malgré le budget
injecté dans le « cloud consultant ». L’infrastructure se retrouve à
faire tourner… Windows XP et appelle Stefano quand tout plante.
Outdated Infrastructure and the Cloud Illusion (it-notes.dragas.net)
https://it-notes.dragas.net/2024/10/19/outdated-infrastructure-and-the-clou…
L’arnaque du SEO
================
J’ai vécu une anecdote similaire lorsque j’ai mis en place, pour une
petite société, un site web qui comportait une partie CMS, la gestion
des commandes et la génération de factures (j’avais tout fait en
utilisant Django). Un jour, je reçois un coup de téléphone de quelqu’un
que je ne connais pas me demandant les accès au serveur sur lequel est
hébergé ce site. Je refuse, bien évidemment, mais le ton monte. Je
raccroche, persuadé d’avoir affaire à une sorte d’arnaque. Quelques
minutes plus tard, ma cliente m’appelle pour savoir pourquoi je n’ai pas
donné l’accès à la personne qui m’a appelé. J’ai tenté l’approche
raisonnable « Vous voulez vraiment que je donne accès à toute votre
infrastructure à la première personne qui m’appelle et le demande ? »,
sans succès. J’ai finalement accepté de donner l’accès, mais en
expliquant que j’exigeais un ordre écrit de sa part et que je me
dégageais ensuite de toute responsabilité. Là, la cliente a paru
comprendre.
Après moult explications, il s’est avéré qu’elle avait engagé, à mon
insu, un consultant SEO qui voulait rajouter un code Google Analytics
dans son site. Le SEO, Search Engine Optimisation, consiste à tenter de
faire remonter un site web dans les résultats Google.
J’ai expliqué à ma cliente que même avec accès au serveur, le type du
SEO aurait été incapable de modifier le code Django, mais que, pas de
problème, il suffisait de m’envoyer un email avec le code à rajouter
(aujourd’hui encore je me demande ce qu’aurait fait le gars si je lui
avais donné un « accès administrateur » sur le serveur, comme il le
demandait). Quelques jours plus tard, un second email me demande de
modifier le code Google Analytics ajouté. J’obtempère.
Puis, je commence à recevoir des plaintes que je ne fais pas mon
travail, que le code n’est pas le bon. Je le rechange. Le même cinéma se
passe deux ou trois fois et ma cliente s’énerve, me traite
d’incompétent. Il me faut plusieurs jours d’investigations, plusieurs
réunions téléphoniques avec les types du SEO pour réaliser que les
emails proviennent de deux sociétés de SEO différentes (mais avec un nom
de domaine similaire, ça m’était passé au-dessus de la tête en lisant
les emails).
Ma cliente avait en fait engagé deux sociétés différentes de SEO, sans
leur dire et sans me le dire. Les deux sociétés se battaient donc pour
mettre leur code Google Analytics à elles, ne comprenant pas pourquoi je
mettais un « mauvais » code. Le pot au rose a été découvert lors d’une
réunion téléphonique houleuse où j’ai pointé un email reçu la veille et
que mon correspondant prétendait n’avoir jamais envoyé (forcément, il
provenait d’une autre société).
J’ai confronté ma cliente et j’ai réussi à découvrir que, à part fournir
des résumés issus de Google Analytics, ces deux sociétés ne faisaient
rien, mais que chacune avait été payée trois fois le prix que j’avais
demandé pour la réalisation entière du site, de la gestion de commande
et de facturation. C’est d’ailleurs la raison pour laquelle la cliente
me prenait de haut par rapport aux entreprises de SEO : j’étais bon
marché donc j’étais forcément incompétent.
Pour être honnête, l’une des sociétés avait fait son « travail » et
m’avait envoyé un rapport avec des modifications mineures à faire sur le
site pour améliorer le SEO, mais en notant que le site était déjà très
bien, qu’il n’y avait pas grand-chose à faire (essentiellement, ils me
demandaient de rajouter des keywords dans les balises meta, un truc que
je savais comme étant dépassé, déjà à l’époque, mais que j’ai fait sans
discuter).
Furieux, j’ai publié un billet qui a tellement choqué la communauté SEO
que j’ai reçu des dizaines de mails d’insultes voire de menaces
physiques (vous savez, le genre où le mec à découvert des infos
personnelles et tente de vous intimider en vous montrant qu’il sait
faire une recherche Google sur votre nom).
Toute une communauté s’est prise au jeu de faire en sorte que le premier
résultat Google sur mon nom soit une série d’injures. Flatté par tant
d’attention pour un simple billet de blog sans prétention, j’ai surtout
réalisé, en lisant les forums où ils discutaient mon cas, à que j’avais
affaire à des gens malhonnêtes, peu scrupuleux, bref bêtes et méchants à
un niveau à la limite de la parodie.
Oubliez le référencement de votre site web (ploum.net)
https://ploum.net/arnaque-seo/index.html
Merdification du web avec le SEO
================================
Certains, plus modérés, tentèrent de me convaincre que « not all SEO ».
Réponse : si. C’est le principe même. Tu ne veux juste pas le voir parce
que tu es quelqu’un avec une certaine éthique et que ça rentre en
conflit avec ta source de revenus. Mais c’est gentil à toi de m’écrire
posément sans m’insulter.
Le web est devenu un énorme tas de déchets généré par les SEO.
Solderpunk s’interroge par exemple sur une mystérieuse mesure de la
couverture nuageuse, mais, devant la merdification du web et
l’appropriation technologique du mot "cloud", il s’en remet à poser sa
question à d’autres humains, sur le réseau Gemini. Parce que le web ne
lui permet plus de trouver une réponse ou de la poser à d’autres êtres
humains.
What does "Clouds about .05" mean? (solderpunk)
gemini://zaibatsu.circumlunar.space/~solderpunk/gemlog/what-does-clouds-about-.05-mean.gmi
Le web devait nous connecter, la merdification et l’IA nous force à nous
retirer dans des espaces alternatifs où nous pouvons discuter entre
humains, même pour résoudre les problèmes pour lesquels l’IA et le web
sont censés être les plus utiles : répondre à nos questions techniques
et factuelles. Dénicher des informations rares et difficiles d’accès.
Fermez vos comptes sur les plateformes merdifiées
=================================================
Ce retour aux petites communautés est un mouvement. Thierry Crouzet se
met également à Gemini:
Thierry Crouzet (gemini.tcrouzet.com)
gemini://gemini.tcrouzet.com/
Mais, surtout, il ferme définitivement Facebook, X, Bluesky, Instagram
et bientôt peut-être Whatsapp. Pour ceux qui hésitent à faire de même,
c’est toujours intéressant d’avoir des retours d’expérience.
Mon dernier message, les amis (tcrouzet.com)
https://tcrouzet.com/2025/03/19/quitter-facebook/
Thierry n’est pas le seul, Vigrey ferme également son compte Facebook et
en parle… sur Gemini.
Happy Spring - Finally Rid of Facebook (vigrey.com)
gemini://vigrey.com/journal/happy-spring-finally-rid-of-facebook.gmi
Une chose est certaine : vous n’arriverez pas à migrer tous vos contacs
pour une simple raison. Beaucoup veulent se faire arnaquer. Ils le
demandent. Comme mon entrepreneuse, ils ne veulent pas un discours
rationnel, ils ne veulent pas une solution. À vous de ne pas les laisser
décider de votre futur numérique.
N’attendez pas, changez vos paradigmes ! (ploum.net)
https://ploum.net/2025-03-11-changez-vos-paradigmes.html
Et n’espérez pas que tout le monde soit un jour sur le même réseau
social.
Stop Trying to Make Social Networks Succeed (ploum.net)
https://ploum.net/2023-07-06-stop-trying-to-make-social-networks-succeed.ht…
L’impact global de l’IA sur le web
==================================
L’IA produit essentiellement de la merde et il ne faut jamais lui faire
confiance. Ça, vous le savez déjà.
Une bulle d’intelligence artificielle et de stupidité naturelle
(ploum.net)
https://ploum.net/2024-04-04-la-bulle-ai.html
Mais elle a surtout un impact énorme sur ceux qui ne l’utilisent pas.
Beaucoup parlent des ressources utilisées dans les datacenters, mais
bien plus proches et plus directes, les IA inondent le web de requêtes
pour tenter d’aspirer tout le contenu possible et imaginable.
Il existe un standard bien implanté depuis des décennies qui permet de
mettre un fichier appelé "robots.txt" sur son site web. Ce fichier
contient les règles que doit respecter un robot accédant à votre site.
Cela permet par exemple de dire au robot de Google de ne pas visiter
certaines pages ou pas trop souvent.
Sans surprise, les robots utilisés par l’IA ne respectent pas ses
règles. Pire, ils se camouflent pour avoir l’air d’être de véritables
utilisateurs. Ils sont donc fondamentalement malhonnêtes et savent très
bien ce qu’ils font : ils viennent littéralement copier votre contenu
sans votre accord pour le réutiliser. Mais ils le font des centaines,
des milliers de fois par secondes. Ce qui met à mal toute
l’infrastructure du web.
Drew De Vault parle de son expérience avec l’infrastructure Sourcehut,
sur laquelle est hébergé ce blog.
Please stop externalizing your costs directly into my face
(drewdevault.com)
https://drewdevault.com/2025/03/17/2025-03-17-Stop-externalizing-your-costs…
Tous ces datacenters construits en urgence pour faire de « l’IA » ? Ils
sont utilisés pour mener des attaques DOS (Denial of Service) sur toute
l’infrastructure du web. Dans le but de « pirater » les contenus sans
respecter les licences et le copyright.
Ce n’est pas que je suis un fan du copyright, bien au contraire. C’est
juste que ça fait 30 ans qu’on nous martèle que « la copie c’est le
vol » et qu’Aaron Swartz s’est suicidé, car il risquait 30 de prison
pour avoir automatisé le téléchargement de quelques milliers d’articles
scientifiques qu’il estimait, avec justesse, appartenir au domaine
public.
Les vieux cons (ou L’humaine imperfection de la perfection morale)
(ploum.net)
https://ploum.net/2024-09-23-vieuxcons.html
L’IA consomme des ressources, détruit nos réseaux, met à genoux les
systèmes administrateurs bénévoles des sites communautaires, s’approprie
nos contenus. Et tout cela pour quoi faire ? Pour générer du contenu SEO
qui va remplir encore plus le web. Oui, ça tourne en boucle. Non, ça ne
peut pas bien se terminer.
Drowning in AI Generated Garbage : the silent war we are fighting
(ploum.net)
https://ploum.net/2022-12-05-drowning-in-ai-generated-garbage.html
La mode de l’incompétence
=========================
Le SEO, le cloud et maintenant l’IA sont en cela très similaires : la
mode. Les clients le veulent à tout prix et demandent pour se faire
littéralement arnaquer tout en se vantant de leur incompétence.
Le marketing, une religion malveillante, incompétente et dangereuse
(ploum.net)
https://ploum.net/2024-08-18-religion-marketing.html
Dans un sens, c’est bien fait pour eux : ils le veulent le truc à la
mode sans même savoir pourquoi ils le veulent. Ma cliente voulait du SEO
alors qu’il s’agissait d’un business essentiellement local qui ciblait
une clientèle de niche avec laquelle elle avait des contacts. Les
clients veulent « du cloud » pour ne pas payer un administrateur système
comme Stefano, mais payent dix fois le prix pour un consultant et se
retrouvent à appeler Stefano quand tout va mal. De même, ils veulent
désormais de l’IA sans même savoir pourquoi ils le veulent.
L’IA, c’est en fait la junk food de la pensée : un aspect appétissant,
mais aucune valeur nutritive et, à terme, une perte totale de la culture
du goût, de la saveur.
L’IA, junk food de la pensée (academia.hypotheses.org)
https://academia.hypotheses.org/60133/
Même si j’ai donné tous les codes, tous les accès, même si je l’ai mise
en contact avec d’autres développeurs Django, la société dont je parle
dans ce billet n’a pas survécu longtemps après mon départ. Son capital
initial et, surtout, les aides de l’état à la création d’entreprise
qu’elle percevait ont essentiellement fini dans les poches de deux
entreprises de SEO qui n’ont rien fait d’autre que de créer un compte
Google Analytics. Aujourd’hui, c’est pareil avec le cloud et l’IA : il
s’agit d’exploiter au maximum la crédulité des petits entrepreneurs qui
ont la capacité d’obtenir des subsides de l’état afin de vider leurs
poches. Ainsi que celles de l’état, dans lesquelles les politiciens
piochent avec un enthousiasme démesuré dès qu’on utilise un buzzword à
la mode.
Je pensais, naïvement, offrir un service éthique, je pensais discuter
avec les clients pour répondre à leurs véritables besoins.
Je n’imaginais pas que les clients voulaient à tout prix se faire
arnaquer.
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11 Mar '25
N’ATTENDEZ PAS, CHANGEZ VOS PARADIGMES !
by Ploum on 2025-03-11
https://ploum.net/2025-03-11-changez-vos-paradigmes.html
Il faut se passer de voiture pendant un certain temps pour réellement
comprendre au plus profond de soi que la solution à beaucoup de nos
problèmes sociétaux n’est pas une voiture électrique, mais une ville
cyclable.
Nous ne devons pas chercher des « alternatives équivalentes » à ce que
nous offre le marché, nous devons changer les paradigmes, les
fondements. Si on ne change pas le problème, si on ne revoit pas en
profondeur nos attentes et nos besoins, on obtiendra toujours la même
solution.
Migrer ses contacts vers Signal
===============================
Je reçois beaucoup de messages qui me demandent comment j’ai fait pour
migrer vers Mastodon et vers Signal. Et comment j’ai migré mes contacts
vers Signal.
Il n’y a pas de secret. Une seule stratégie est vraiment efficace pour
que vos contacts s’intéressent aux alternatives éthiques : ne plus être
sur les réseaux propriétaires.
Je sais que c’est difficile, qu’on a l’impression de se couper du monde.
Mais il n’y a pas d’autre solution. Le premier qui part s’exclut, c’est
vrai. Mais le second qui, inspiré, ose suivre le premier entraine un
mouvement inexorable. Car si une personne qui s’exclut est une
« originale » ou une « marginale », deux personnes forment un groupe.
Soudainement, les suiveurs ont peur de rater le coche.
Il faut donc s’armer de courage, communiquer son retrait et être ferme.
Les gens ont besoin de vous comme vous avez besoin d’eux. Ils finiront
par vouloir vous contacter. Oui, vous allez rater des informations le
temps que les gens comprennent que vous n’êtes plus là. Oui, certaines
personnes qui sont sur les deux réseaux vont devoir faire la passerelle
durant un certain temps.
Vous devez également accepter de faire face au dur constat que certains
de vos contacts ne le sont que par facilité, non par envie profonde.
Très peu de gens tiennent véritablement à vous. C’est le lot de
l’humanité. Même une star qui quitte un réseau social n’entraine avec
elle qu’une fraction de ses followers. Et encore, pas de manière
durable. Personne n’est indispensable.
Ne pas vouloir quitter un réseau tant que « tout le monde » n’est pas
sur l’alternative implique le constat effrayant que le plus
réactionnaire, le plus conservateur du groupe dicte ses choix. Son refus
de bouger lui donne un pouvoir hors norme sur vous et sur tous les
autres. Il représente « la majorité » simplement parce que vous, qui
souhaitez bouger, tolérez son côté réactionnaire. Mais si vous dîtes
vouloir bouger, mais que vous ne le faites pas, n’êtes-vous pas vous-
même conservateur ?
Vous voulez vraiment vous passer de Whatsapp et de Messenger ?
N’attendez pas, faites-le ! Supprimez votre compte pendant un mois pour
voir l’impact sur votre vie. Laissez-vous la latitude de recréer le
compte s’il s’avère que cette suppression n’est pas possible pour vous
sur le long terme. Mais, au moins, vous aurez testé le nouveau
paradigme, vous aurez pris conscience de vos besoins réels.
Adopter le Fediverse
====================
Joan Westenberg le dit très bien à propos du Fediverse : le Fediverse
n’est pas le futur, c’est le présent. Son problème n’est pas que c’est
compliqué ou qu’il n’y a personne : c’est simplement que le marketing de
Google/Facebook/Apple nous a formaté le cerveau pour nous faire croire
que les alternatives ne sont pas viables. Le Fediverse regorge d’humains
et de créativité, mais il n’y a pas plus aveugle que celui qui ne veut
pas voir.
The Fediverse Isn’t the Future. It’s the Present We’ve Been Denied.
(www.joanwestenberg.com)
https://www.joanwestenberg.com/the-fediverse-isnt-the-future-its-the-presen…
Après avoir rechigné pendant des années à s’y consacrer pleinement,
Thierry Crouzet arrive à la même conclusion : d’un point de vue réseau
social, le Fediverse est la seule solution viable. Utiliser un réseau
propriétaire est une compromission et une collaboration avec l’idéologie
de ce réseau. Il encourage les acteurs du livre francophone à rejoindre
le Fediverse.
Inquiétude : l’édition francophone trop peu sur Mastodon (tcrouzet.com)
https://tcrouzet.com/2025/02/27/edition-francophone-mastodon/
Je maintiens moi-même une liste d’écrivain·e·s de l’imaginaire en
activité sur le Fediverse. Il y en a encore trop peu.
Écrivain·e·s de l’imaginaire - Mastodon Starter Pack (fedidevs.com)
https://fedidevs.com/s/NDU/
Votre influenceur préféré n’est pas sur le Fediverse ? Mais est-il
indispensable de suivre votre influenceur préféré sur un réseau social ?
Vous n’êtes pas sur X parce que vous voulez suivre cet influenceur. Vous
suivez cet influenceur parce que X vous fait croire que c’est
indispensable pour être un véritable fan ! L’outil ne répond pas à un
besoin, il le crée de toutes pièces.
Le paradoxe de la tolérance
===========================
Vous tolérez de rester sur Facebook/Messenger/Whatsapp par « respect
pour ceux qui n’y sont pas » ? Vous tolérez en fermant votre gueule que
votre tonton Albert raciste et homophobe balance des horreurs au repas
de famille pour « ne pas envenimer la situation » ? D’ailleurs, votre
Tata vous a dit que « ça n’en valait pas la peine, que vous valiez mieux
que ça ». Vous tolérez sans rien dire que les fumeurs vous empestent sur
les quais de gare et les terrasses par « respect pour leur liberté » ?
À un moment, il faut choisir : soit on préfère ne pas faire de vagues,
soit on veut du progrès. Mais les deux sont souvent incompatibles.
Vous voulez vous passer de Facebook/Instagram/X ? Encore une fois,
faites-le ! La plupart de ces réseaux permettent de restaurer un compte
supprimé dans les 15 jours qui suivent sa suppression. Alors, testez !
Deux semaines sans comptes pour voir si vous avez vraiment envie de le
restaurer. C’est à vous de changer votre paradigme !
LinkedIn, le réseau bullshit par excellence
===========================================
On parle beaucoup de X parce que la plateforme devient un acteur majeur
de promotion du fascisme. Mais chaque plateforme porte des valeurs qu’il
est important de cerner pour savoir si elles nous conviennent ou pas.
LinkedIn, par exemple. Qui est indistinguable de la parodie qu’en fait
Babeleur (qui vient justement de quitter ce réseau).
J’ai éclaté de rire plusieurs fois tellement c’est bon. Je me demande si
certains auront la lucidité de s’y reconnaître.
Je suis fier de vous annoncer que je suis fier de vous annoncer
(babeleur.be)
https://babeleur.be/je-suis-fier-de-vous-annoncer-que-je-suis-fier-de-vous-…
Encore une fois, si LinkedIn vous ennuie, si vous détestez ce réseau.
Mais qu’il vous semble indispensable pour ne pas « rater » certaines
opportunités professionnelles. Et bien, testez ! Supprimez-le pendant
deux semaines. Restaurez-le puis resupprimez-le. Juste pour voir ce que
ça fait de ne plus être sur ce réseau. Ce que ça fait de rater ce gros
tas de merde malodorant que vous vous forcez à fouiller journalièrement
pour le cas où il contiendrait une pépite d’or. Peut-être que ce réseau
vous est indispensable, mais la seule manière de le savoir est de tenter
de vous en passer pour de bon.
Peut-être que vous raterez certaines opportunités. Mais je suis
certain : en n’étant pas sur ce réseau, vous en découvrirez d’autres.
De la poésie, de la fiction…
============================
La résistance n’est pas que technique. Elle doit être également
poétique ! Et pour que la poésie opère, il est nécessaire que la
technologie s’efface, se fasse minimaliste et utile au lieu d’être le
centre de l’attention.
Note #1 : un texte brut (notes.brunoleyval.fr)
https://notes.brunoleyval.fr/note-1-un-texte-brut/
On ne peut pas changer le monde. On ne peut que changer ses
comportements. Le monde est façonné par ceux qui changent leurs
comportements. Alors, essayez de changer. Essayez de changer de
paradigme. Pendant une semaine, un mois, une année.
Après, je ne vous cache pas qu’il y a un risque : c’est souvent
difficile de revenir en arrière.
Une fois qu’on a lâché la voiture pour le vélo, impossible de ne pas
rêver. On se met à imaginer des mondes où la voiture aurait totalement
disparu pour laisser la place au vélo…
Plongez dans un univers où le vélo a remplacé la voiture !
https://bikepunk.fr
Dédicaces
=========
D’ailleurs, je dédicacerai Bikepunk (et mes autres livres) à la Foire du
livre de Bruxelles ce samedi 15 mars à partir de 16h30 sur le stand de
la province du Brabant-Wallon.
Le Brabant wallon s’invite à la foire du livre (www.brabantwallon.be)
https://www.brabantwallon.be/actualites/ils-font-le-bw-le-brabant-wallon-si…
calendrier des dédicaces de Ploum
https://mobilizon.fr/@oneploumshow
On se retrouve là-bas pour discuter vélo et changement de paradigme ?
Photo par Avishek Pradhan
https://unsplash.com/fr/photos/un-vieux-velo-rouille-assis-au-milieu-dune-f…
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De la soumission au technofascisme religieux
by Ploum.net (billets en français uniquement) 19 Feb '25
by Ploum.net (billets en français uniquement) 19 Feb '25
19 Feb '25
DE LA SOUMISSION AU TECHNOFASCISME RELIGIEUX
by Ploum on 2025-02-19
https://ploum.net/2025-02-19-technofascisme-religieux.html
Les générateurs de code stupide
===============================
Sur Mastodon, David Chisnall fait le point sur une année d’utilisation
de GitHub Copilot pour coder. Et le résultat est clair : si, au début,
il a l’impression de gagner du temps en devant moins taper sur son
ordinateur, ce temps est très largement perdu par les heures voire les
jours nécessaires à déboguer des bugs subtils qui ne seraient jamais
arrivés s’il avait écrit le code lui-même en premier lieu ou, au pire,
qu’il aurait pu détecter beaucoup plus vite.
Thread Mastodon de David Chisnall
https://mamot.fr/@david_chisnall@infosec.exchange/113690087179982501
Il réalise alors que la difficulté et le temps passé sur le code n’est
pas d’écrire le code, c’est de savoir quoi et comment l’écrire. S’il
faut relire le code généré par l’IA pour le comprendre, c’est plus
compliqué pour le programmeur que de tout écrire soi-même.
« Oui, mais pour générer le code pas très intelligent »
Là, je rejoins David à 100% : si votre projet nécessite d’écrire du code
bête qui a déjà été écrit mille fois ailleurs, c’est que vous avez un
problème. Et le résoudre en le faisant écrire par une IA est à peu près
la pire des choses à faire.
Comme je le dis en conférence : ChatGPT apparait utile pour ceux qui ne
savent pas taper sur un clavier. Vous voulez être productif ? Apprenez
la dactylographie !
les bulles (conférence à Rennes Breizhcamp 2024)
https://ploum.net/Comprendre
Là où ChatGPT est très fort, par contre, c’est de faire semblant
d’écrire du code. En proposant des tableaux d’avancement de son travail,
en prétendant que tout est bientôt prêt et sera sur WeTransfer. C’est
évidemment bidon : ChatGPT a appris à arnaquer !
Julien Paster raconte sur X comment son kiné s’est fait arnaqué par
ChatGPT (xcancel.com)
https://xcancel.com/JulienPasteur1/status/1891896422397563217?mx=2
Bref, ChatGPT est devenu le parfait Julius.
Mon collègue Julius (ploum.net)
https://ploum.net/2024-12-23-julius-fr.html
Ed Zitron enfonce encore plus le clou à ce sujet : les ChatGPTs et
consorts sont des « succès » parce que toute la presse ne fait qu’en
parler en termes élogieux, que ce soit par bêtise ou par corruption.
Mais, en réalité, le nombre d’utilisateurs payants est incroyablement
faible et, comme Trump, Sam Altman s’adresse à nous en considérant que
nous sommes des débiles qui avalons les plus gros mensonges sans
broncher. Et les médias et les CEOs applaudissent…
The Generative AI Con (www.wheresyoured.at)
https://www.wheresyoured.at/longcon/
Débiles, nous le sommes peut-être complètement. Plusieurs dizaines
d’articles scientifiques mentionnent désormais la « miscroscopie
électronique végétative ». Ce terme ne veut rien dire. Quelle est son
origine ?
Il vient tout simplement d’un article de 1959 publié sur deux colonnes,
mais qui est entré dans le corpus comme une seule colonne !
As a nonsense phrase of shady provenance makes the rounds, Elsevier
defends its use (retractionwatch.com)
https://retractionwatch.com/2025/02/10/vegetative-electron-microscopy-finge…
Ce que cette anecdote nous apprend c’est que, premièrement, les
générateurs de conneries sont encore plus mauvais qu’on ne l’imagine,
mais, surtout, que notre monde est déjà rempli de cette merde ! Les LLMs
ne font qu’appliquer au contenu en ligne ce que l’industrie a fait pour
le reste : les outils, les vêtements, la bouffe. Produire le plus
possible en baissant la qualité autant que possible. Puis en l’abaissant
encore plus.
Condorcet, les réseaux sociaux et les producteurs de merde (ploum.net)
https://ploum.net/condorcet-les-reseaux-sociaux-et-les-producteurs-de-merde…
La suppression des filtres
==========================
L’imprimerie fait passer la communication de "One to one" à "One to
many", ce qui rend obsolète l’Église catholique, l’outil utilisé en
occident pour que les puissants imposent leur discours à la population.
La première conséquence de l’imprimerie sera d’ailleurs le
protestantisme qui revendique explicitement la capacité pour chacun
d’interpréter la parole de Dieu et donc de créer son propre discours à
diffuser, le "One to many".
Comme le souligne Victor Hugo dans Notre-Dame de Paris, « la presse
tuera l’église ».
Lectures 4 : un tournant civilisationnel (voir la section
"L’imprimerie")
https://ploum.net/lectures-4-un-tournant-civilisationnel/index.html
Conséquences directes de l’imprimerie : la Renaissance puis les
Lumières. Toute personne qui réfléchit peut diffuser ses idées et
s’inspirer de celles qui sont diffusées. Chaque humain ne doit plus
réinventer la roue, il peut se baser sur l’existant. L’éducation prend
le pas sur l’obéissance.
Après quelques siècles de « One to many » apparait l’étape suivante :
Internet. Du « One to many » on passe au « Many to many ». Il n’y a plus
aucune limite pour diffuser ses idées : tout le monde peut le faire
envers tout le monde.
Il faudra la construire sans eux… (ploum.net)
https://ploum.net/il-faudra-la-construire-sans-eux/index.html
Une conséquence logique qui m’avait échappé à l’époque du billet
précédent, c’est que si tout le monde veut parler, plus personne
n’écoute. Comme beaucoup, j’ai cru que le « many to many » serait
incroyablement positif. La triste réalité est que l’immense majorité
d’entre nous n’avons pas grand-chose à dire, mais que nous voulons quand
même nous faire entendre. Alors nous crions. Nous générons du bruit.
Nous étouffons ce qui est malgré tout intéressant.
L’investissement nécessaire pour imprimer un livre ainsi que le faible
retour direct constitue un filtre. Ne vont publier un livre que ceux qui
veulent vraiment le faire.
La pérennité de l’objet livre et la relative lenteur de sa transmission
implique également un second filtre : les livres les moins intéressants
seront vite oubliés. C’est d’ailleurs pourquoi nous idéalisons parfois
le passé, tant en termes de littérature que de cinématographie ou de
musique : parce que ne nous sont parvenus que les meilleurs, parce que
nous avons oublié les sombres merdes qui firent un flop ou eurent un
succès éphémère.
Bien que très imparfait et filtrant probablement de très bonnes choses
que nous avons malheureusement perdues, la barrière à l’entrée et la
dilution temporelle nous permettaient de ne pas sombrer dans la
cacophonie.
L’échec de la démocratisation de la parole
==========================================
Internet, en permettant le « many to many » sans aucune limite a rendu
ces deux filtres inopérants. Tout le monde peut poster pour un coût nul.
Pire : les mécanismes d’addiction des plateformes ont rendu plus facile
de poster que de ne pas poster. Le support numérique rend également
floue la frontière temporelle : un contenu est soit parfaitement
conservé, soit disparait totalement. Cela entraine que de vieux contenus
réapparaissent comme s’ils étaient neufs et personne ne s’en rend
compte. Le filtre temporel a totalement disparu.
De possible, le « many to many » s’est transformé en obligation. Pour
exister, nous devons être vus, entendus. Nous devons avoir une audience.
Prendre des selfies et les partager. Recevoir des likes qui nous sont
vendus bien cher.
Le « many to many » s’est donc révélé une catastrophe, peut-être pas
dans son principe, mais dans sa mise en œuvre. Au lieu d’une seconde
renaissance, nous entrons en décadence, dans un second moyen-âge. La
frustration de pouvoir s’exprimer, mais de ne pas être entendu est
grande.
Olivier Ertzscheid va même plus loin : pour lui, ChatGPT permet
justement d’avoir l’impression d’être écouté alors que personne ne nous
écoute plus. Du « many to many », nous sommes passés au « many to
nobody ».
Google, Wikipédia et ChatGPT. Les trois cavaliers de l’apocalypse (qui
ne vient pas). (affordance.framasoft.org)
https://affordance.framasoft.org/2025/02/google-wikipedia-et-chatgpt-les-tr…
Utiliser ChatGPT pour obtenir des infos se transforme en utiliser
ChatGPT pour obtenir confirmation à ses propres croyances, comme le
relève le journaliste politique Nils Wilcke.
Pouet de Nils Wilcke sur Mastodon
https://mamot.fr/@paul_denton@mastodon.social/114013674404801094
J’en ai marre de le répéter, mais ChatGPT et consorts sont des
générateurs de conneries explicitement conçus pour vous dire ce que vous
avez envie d’entendre. Que « ChatGPT a dit que » puisse être un argument
politique sur un plateau télévisé sans que personne ne bronche est
l’illustration d’un crétinisme total généralisé.
Le Techno-Fascisme religieux
============================
La « Many to nobody » est en soi un retour à l’ordre ancien. Plus
personne n’écoute la populace. Seuls les grands seigneurs disposent de
l’outil pour imposer leur vue. L’Église catholique a été remplacée par
la presse et les médias, eux-mêmes remplacés par les réseaux sociaux et
ChatGPT. ChatGPT qui n’est finalement qu’une instance automatisée d’un
prêtre qui vous écoute en confession avant de vous dire ce qui est bien
et ce qui est mal, basé sur les ordres qu’il reçoit d’en haut.
Dans un très bon billet sur le réseau Gemini, small patata réalise que
l’incohérence du fascisme n’est pas un bug, c’est son mode de
fonctionnement, son essence. Une incohérence aléatoire et permanente qui
permet aux esprits faibles de voir ce qu’ils ont envie de voir par
paréidolie et qui brise les esprits les plus forts. En brisant toute
logique et cohérence, le fascisme permet aux abrutis de s’affranchir de
l’intelligence et de prendre le contrôle sur les esprits rationnels. Le
légendaire pigeon qui chie sur l’échiquier et renverse les pièces avant
de déclarer victoire.
Poison as Praxis (gemini.patatas.ca)
gemini://gemini.patatas.ca/posts/poison-as-praxis.gmi
L’incohérence de ChatGPT n’est pas un bug qui sera résolu ! C’est au
contraire ce qui lui permet d’avoir du succès avec les esprits faibles
qui, en suivant des formations de « prompt engineering », ont
l’impression de reprendre un peu de contrôle sur leur vie et d’acquérir
un peu de pouvoir sur la réalité. C’est l’essence de toutes les
arnaques : prétendre aux personnes en situation de faiblesse
intellectuelle qu’ils vont miraculeusement retrouver du pouvoir.
Small patata fait le lien avec les surréalistes qui tentèrent de lutter
artistiquement contre le fascisme et voit dans le surréalisme une
manière beaucoup plus efficace de lutter contre les générateurs de
conneries.
Il faut dire que face à un générateur mondial de conneries, fasciste,
centralisé, ultra capitaliste et bénéficiant d’une adulation religieuse,
je ne vois pas d’autre échappatoire que le surréalisme.
Brandissons ce qui nous reste d’humanité ! Aux âmes citoyens !
> Image reprise du gemlog de small patatas: Le triomphe du surréalisme,
Max Ernst (1937)
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LE SUCCÈS EXISTE-T-IL ?
by Ploum on 2025-02-18
https://ploum.net/2025-02-18-le-succes.html
La notion de succès d’un blog
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Un blogueur que j’aime beaucoup, Gee, revient sur ses 10 ans de
blogging. Cela me fascine de voir l’envers du décor des autres
créateurs. Gee pense avoir fait l’erreur de ne pas profiter de la vague
d’enthousiasme qu’à connu son Geektionnerd et de ne pas en avoir profité
pour faire plus de promo.
[GB10ans] 0. Auteur en burnout (grisebouille.net)
https://grisebouille.net/gb10ans-0-auteur-en-burnout/
Je ne suis pas d’accord avec Gee : il a très bien fait de continuer sa
vie sans se préoccuper du succès. Les vagues d’enthousiasme vont et
viennent, elles sont très brèves. Le public passe très vite à autre
chose. Partir en quête du buzz permanent est la recette absolue pour se
perdre. C’est un métier à part entière : le marketing. Trop d’artistes
et de créateurs se sont détournés vers le marketing, espérant obtenir
une fraction du succès obtenu par des gens sans talents autre que le
marketing.
Mais vous oubliez que la perception du succès elle-même fait partie du
plan marketing. Vous pensez qu’un tel a du succès ? Vous n’en savez
rien. Vous ne savez même pas définir « succès ». C’est une intuition
confuse. Faire croire qu’on a du succès fait partie du mensonge !
Pour beaucoup de gens de mon entourage éloigné, je suis soudainement
devenu un écrivain à succès parce que… je suis passé à la télé à une
heure de grande écoute. Pour ces gens-là qui me connaissent, je suis
passé de « type qui écrit de vagues livres dont personne n’a entendu
parler » à « véritable écrivain connu qui passe à la télé ». Pour ceux,
et ils sont nombreux, qui ont délégué à la télévision le pouvoir
d’ordonner les individus au rang de « célébrité », j’ai du succès. Pour
eux, je ne peux rien rêver de plus si ce n’est, peut-être, passer
régulièrement à la télé et devenir une « vedette ».
Dans ma vie quotidienne et aux yeux de toutes les (trop rares) personnes
qui n’idolâtre pas inconsciemment la télévision, ces passages à la télé
n’ont strictement rien changé. J’ai certainement vendu quelques
centaines de livres en plus. Mais ai-je du « succès » pour autant ?
Il y a quelques mois, j’étais invité comme expert pour le tournage d’une
émission télé sur l’importance de protéger ses données personnelles en
ligne. Lors d’une pause, j’ai demandé au présentateur ce qu’il faisait
d’autre dans la vie. Il m’a regardé, étonné, et m’a répondu : « Je
présente le JT ». Ça ne devait plus lui arriver très souvent de ne pas
être reconnu. La moitié de la Belgique doit savoir qui il est. Nous
avons rigolé et j’ai expliqué que je n’avais pas la télévision.
Question : cette personne a-t-elle du « succès » ?
Le succès est éphémère
======================
À 12 ans, en vacances avec mes parents, je trouve un livre abandonné sur
une table de la réception de l’hôtel. « Tantzor » de Paul-Loup Sulitzer.
Je le dévore et je ne suis visiblement pas le seul. Paul-Loup Sulitzer
est l’écrivain à la mode du moment. Selon Wikipédia, il a vendu près de
40 millions de livres dans 40 langues, dont son roman le plus connu :
« Money ». Il vit alors une vie de milliardaire flamboyant.
Trente ans plus tard, ruiné, il publie la suite de Money: « Money 2 ».
Il s’en écoulera moins de 1.300 exemplaires. Adoré, adulé, moqué,
parodié des centaines de fois, Sulitzer est tout simplement tombé dans
l’oubli le plus total.
Si le « succès » reste une notion floue et abstraite, une chose est
certaine : il doit s’entretenir en permanence. Il n’est jamais
véritablement acquis. Si on peut encore comprendre la notion de « faire
fortune » comme « avoir plus d’argent que l’on ne peut en dépenser » (et
donc ne plus avoir besoin d’en gagner), le succès lui ne se mesure pas.
Il ne se gère pas de manière rationnelle.
Quels indicateurs ?
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Dans son billet, Gee s’étonne également d’avoir reçu beaucoup moins de
propositions pour le concours des 5 ans du blog que pour celui du
premier anniversaire. Malgré une audience supposée supérieure.
De nouveau, le succès est une affaire de perception. Quel succès
voulons-nous ? Des interactions intéressantes ? Des interactions
nombreuses (ce qui est contradictoire avec la précédente) ? Des ventes ?
Du chiffre d’affaires ? Des chiffres sur un compteur de visite comme les
sites web du siècle précédent ?
Il n’y a pas une définition de succès. En fait, je ne connais personne,
moi le premier, qui soit satisfait de son succès. Nous sommes, par
essence humaine, éternellement insatisfaits. Nous sommes jaloux de ce
que nous croyons voir chez d’autres (« Il passe à la télé ! ») et déçus
de nos propres réussites (« Je suis passé à la télé, mais en fait, ça
n’a rien changé à ma vie »).
Écrire dans le vide
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C’est peut-être pour cela que j’aime tant le réseau Gemini. C’est le
réseau anti-succès par essence. En publiant sur Gemini, on a réellement
l’impression que personne ne va nous lire, ce qui est donne une réelle
liberté.
Certains de mes posts de blog font le buzz sur le web. Je n’ai pas de
statistiques, mais je vois qu’ils tournent sur Mastodon, qu’ils font la
première page sur Hacker News. Mais si je n’allais pas sur Hacker News
ni sur Mastodon, je ne le saurais pas. J’aurais tout autant l’impression
d’ếcrire dans le vide que sur Gemini.
À l’opposé, certains de mes billets ne semblent pas attirer les "likes",
"partages", "votes" et autres "commentaires". Pourtant, je reçois de
nombreux emails à leur sujet. De gens qui veulent creuser le sujet,
réfléchir avec moi. Ou me remercier pour cette réflexion. C’est
particulièrement le cas avec le réseau Gemini qui semble attirer des
personnes qui sont dans l’échange direct. Moi-même il m’arrive souvent
de dégainer mon client mail pour répondre spontanément à un billet
personnel lu sur Gemini. La réaction la plus fréquente à ces messages
est : « Wow, je ne pensais pas que quelqu’un me lisait ! ».
Je vous pose la question : quel type de billet a, selon vous, le plus de
« succès » ?
Est-ce que la notion de succès a réellement un sens ? Peut-on avoir
assez de succès ?
Pour donner un peu de succès financier à Gee
https://ptilouk.net/#soutien
Sortilèges & Sindycats, le roman de Gee qui mériterait plus de succès !
https://pvh-editions.com/product/sortileges-and-syndicats-une-fantastique-l…
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11 Feb '25
À LA RECHERCHE DE LA DÉCONNEXION PARFAITE
by Ploum on 2025-02-11
https://ploum.net/2025-02-11-deconnexion_parfaite.html
Une rétrospective de ma quête de concentration
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Une première déconnexion
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À la fin de l’année 2018, épuisé par la promotion de la compagne Ulule
de mon livre « Les aventures d’Aristide, le lapin cosmonaute » et
prenant conscience de mon addiction aux réseaux sociaux, je décide de me
« déconnecter ».
Un bien grand mot pour m’interdire pendant 3 mois l’utilisation des
réseaux sociaux et des sites d’actualité.
En partance pour ma déconnexion… (ploum.net)
https://ploum.net/en-partance-pour-ma-deconnexion/index.html
Je suis déconnecté ! (ploum.net)
https://ploum.net/je-suis-deconnecte/index.html
Le premier effet va se faire sentir très vite avec la désinstallation de
l’app que j’utilise le plus à l’époque : Pocket.
Le jour où j’ai désinstallé mon app préférée ! (ploum.net)
https://ploum.net/le-jour-ou-jai-desinstalle-mon-app-preferee/index.html
L’expérience est avant tout une prise de conscience. Je découvre que,
dès que je m’ennuie, j’ouvre machinalement un navigateur web sans même y
réfléchir. C’est littéralement un réflexe.
1 mois de déconnexion, premier bilan (ploum.net)
https://ploum.net/1-mois-de-deconnexion-premier-bilan/index.html
Je commence à percevoir la différence entre l’information et le
« bruit ». L’hyperconnexion est, comme le tabac, une assuétude et une
pollution. Une notion qui deviendra essentielle dans ma réflexion.
Le silence au milieu du bruit (ploum.net)
https://ploum.net/le-silence-au-milieu-du-bruit/index.html
L’humeur d’un déconnecté (ploum.net)
https://ploum.net/lhumeur-dun-deconnecte/index.html
Si je tente de subir moins de bruit, mon épouse me fait remarquer que je
tente toujours d’en générer en postant sur des réseaux que je ne lis
plus. Je suis incohérent.
De la pollution mentale et de la quête d’égo (ploum.net)
https://ploum.net/de-la-pollution-mentale-et-de-la-quete-dego/index.html
Comme souvent dans ce genre d’expérience, on en sort sans aucune envie
de se « reconnecter ». Mais je vais, bien entendu, très vite reprendre
mes anciennes habitudes.
3 mois de déconnexion : bilan final (ploum.net)
https://ploum.net/3-mois-de-deconnexion-bilan-final/index.html
Le problème de l’hyperconnexion est désormais clair dans ma tête. Je
suis addict et cette addiction m’est néfaste à tous les points de vue.
Sous les réseaux sociaux, un monde post-déconnexion (ploum.net)
https://ploum.net/sous-les-reseaux-sociaux-un-monde-post-deconnexion/index.…
La période technosolutionniste
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Face à la réalisation de l’ampleur du problème, mon premier réflexe est
de trouver une solution technique, technologique. Beaucoup de personnes
sont dans le même cas et, si cette étape est loin de suffire, elle est
indispensable : faire du tri dans les outils numériques que nous
utilisons. Je me rends compte que l’univers Apple, que je fréquente à
l’époque, ayant reçu un MacBook de mon employeur, est à la fois
contraire à mes valeurs et complètement incompatible avec une forme de
sobriété numérique, car poussant à la consommation. Cette dichotomie
entre ma philosophie et mon vécu entraine une tension que je tente
d’évacuer par la surconnexion. Il est temps pour moi de revenir
entièrement sous Linux.
À la poursuite du minimalisme numérique (ploum.net)
https://ploum.net/a-la-poursuite-du-minimalisme-numerique/index.html
Linux et minimalisme numérique (ploum.net)
https://ploum.net/linux-et-minimalisme-numerique/index.html
J’achète également un téléphone qui est tellement merdique et bugué que
je n’ai jamais envie de l’utiliser (non, ne l’achetez pas).
Se passer d’écran avec un téléphone e-ink (ploum.net)
https://ploum.net/se-passer-decran-avec-un-telephone-e-ink/index.html
Concrètement, cette première déconnexion a également été l’opportunité
de terminer mon feuilleton « Printeurs » ainsi que d’écrire quelques
nouvelles. Celui-ci intéresse un éditeur et je publie mon premier roman
en 2020.
Printeurs, le premier roman imprimé en 3D (ploum.net)
https://ploum.net/printeurs-le-premier-roman-imprime-en-3d/index.html
Une autre action concrète que j’entreprends est de supprimer au maximum
de comptes en ligne. Je ne le sais pas encore, mais je vais en découvrir
et en supprimer près de 500 et cela va me prendre près de trois ans.
Pour la plupart, j’ai oublié qu’ils existent, mais pour certains,
l’étape est significative.
Je ne suis plus à vendre sur Linkedin (ploum.net)
https://ploum.net/je-ne-suis-plus-a-vendre-sur-linkedin/index.html
En parallèle, je découvre le protocole minimaliste Gemini. Suite à
l’utilisation de ce protocole, une idée commence à me trotter dans la
tête : travailler complètement déconnecté. J’ai en effet découvert que
bloquer certains sites n’est pas suffisant : je trouve automatiquement
des alternatives sur lesquelles procrastiner, alternatives qui sont même
parfois moins intéressantes. J’ai donc envie d’explorer une déconnexion
totale. Je commence à rédiger mon journal personnel à la machine à
écrire.
Gemini, le protocole du slow web (ploum.net)
https://ploum.net/gemini-le-protocole-du-slow-web/index.html
The Offline-First Quest (ploum.net)
https://ploum.net/2021-01-10.html
Offline-First, Typewriters, Emails and Gemini (ploum.net)
https://ploum.net/2021-01-12.html
Looking for offline-first tools (ploum.net)
https://ploum.net/2021-09-24.html
Seconde déconnexion : une tentative d’année déconnectée
=======================================================
Le 1er janvier 2022, trois ans après la fin de ma première déconnexion,
je me lance dans une tentative d’année complètement déconnectée. L’idée
est de n’utiliser mon ordinateur que déconnecté dans mon bureau, de le
synchroniser une fois par jour. Le tout est rendu possible par un
logiciel que j’ai développé dans les derniers mois de 2021 : Offpunk.
Offpunk, an offline-first browser
https://offpunk.net
Évidemment, la connexion est nécessaire pour certaines actions que je me
propose de chronométrer et d’enregistrer. J’écris, en direct, le compte-
rendu de cette déconnexion et, contre toute attente, ces écrits semblent
passionner les lecteurs.
1er janvier 2022, quelques minutes après minuit (ploum.net)
https://ploum.net/1er-janvier-2022-quelques-minutes-apres-minuit/index.html
3 janvier 2022, qu’est-ce qu’une déconnexion ? (ploum.net)
https://ploum.net/3-janvier-2022-quest-ce-quune-deconnexion/index.html
Chapitre 3 : Le manque (ploum.net)
https://ploum.net/chapitre-3-le-manque/index.html
Chapitre 4 : les messageries instantanées (ploum.net)
https://ploum.net/chapitre-4-les-messageries-instantanees/index.html
Chapitre 5 : le plaisir coupable de l’exploration (ploum.net)
https://ploum.net/chapitre-5-le-plaisir-coupable-de-lexploration/index.html
Chapitre 6 : la machine à cliquer se rebelle contre le superorganisme
(ploum.net)
https://ploum.net/chapitre-6-la-machine-a-cliquer-se-rebelle-contre-le-supe…
Chapitre 7 : l’hystérie médiatique (ploum.net)
https://ploum.net/chapitre-7-lhysterie-mediatique/index.html
Chapitre 8 : l’artiste déconnecté (ploum.net)
https://ploum.net/chapitre-8-lartiste-deconnecte/index.html
Mieux préparée et beaucoup plus ambitieuse (trop ?), cette déconnexion
est finalement un échec après moins de 6 mois.
Chapitre 9 : l’échec (ploum.net)
https://ploum.net/chapitre-9-lechec/index.html
La leçon est dure : il n’est quasiment pas possible de se déconnecter de
manière structurelle dans la société actuelle. Nous sommes tout le temps
sollicités pour accomplir des actions en ligne, actions qui nécessitent
du temps, mais pas toujours de la concentration. Tout est désormais
optimisé pour que nous soyons en ligne.
Ma déconnexion est un échec. Le livre de cette déconnexion est inachevé.
Un autre manuscrit sur lequel je travaille durant cette déconnexion est
dans un état inutilisable. Cependant, j’ai profité de ce temps pour
écrire quelques nouvelles et finaliser mon recueil « Stagiaire au
spatioport Omega 3000 et autres joyeusetés que nous réserve le futur ».
…et autres joyeusetés que nous réserve le futur (ploum.net)
https://ploum.net/et-autres-joyeusetes-que-nous-reserve-le-futur/index.html
Conséquence directe de cette déconnexion, mon compte Whatsapp disparait.
Mon compte Twitter suit bientôt également.
Le suicide de mon compte WhatsApp (ploum.net)
https://ploum.net/le-suicide-de-mon-compte-whatsapp/index.html
Chapitre 10 : la suppression des comptes en ligne (ploum.net)
https://ploum.net/chapitre-10-la-suppression-des-comptes-en-ligne/index.html
Pourquoi j’ai supprimé mon compte Twitter (et pourquoi vous pouvez
probablement en faire autant sans hésiter) (ploum.net)
https://ploum.net/2023-10-29-le-droit-de-supprimer-twitter.html
J’ai également pris conscience que mon blog Wordpress n’est plus du tout
en phase avec ma philosophie. En parallèle de mon travail sur Offpunk,
je réécris complètement mon blog pour en faire un outil « offline ».
La fin d’un blog et la dernière version de ploum.net (ploum.net)
https://ploum.net/2022-12-04-fin-du-blog-et-derniere-version.html
Le second retour à la normalité
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Début 2023, je m’isole pour commencer l’écriture de Bikepunk qui
paraitra en 2024. J’alterne entre les périodes de déconnexion totale et
des périodes d’hyperconnexion.
Bikepunk, les chroniques du flash
https://bikepunk.fr
Le seul réseau social où j’ai gardé un compte, Mastodon, commence à
attirer l’attention. J’y suis très présent et, philosophiquement, je ne
peux que soutenir et encourager toutes les personnes cherchant à quitter
X et Meta. Je retombe dans l’hyperconnexion. Une hyperconnexion éthique,
mais une hyperconnexion tout de même.
Pendant deux ans, j’utilise l’extension Firefox LeechBlock qui permet de
n’autoriser qu’un temps limité par jour sur certains sites web. Cela
fonctionne pas trop mal pendant un temps jusqu’au moment où j’acquiers
le réflexe de désactiver le plugin sans même y penser.
Comme tous les trois ans, il est temps pour moi de lancer un nouveau
cycle et de m’interroger sur mes usages.
Un de mes apprentissages principaux est que toute modification de mon
comportement mental doit s’accompagner chez moi par une modification
physique. Mon esprit suit les réflexes de mon corps. Je tape encore
parfois machinalement dans la barre d’adresse Firefox les premières
lettres de sites procrastinatoires sur lesquels je n’ai plus été depuis
dix ans !
Le second apprentissage est que la radicalité implique une rechute plus
forte. La connexion est nécessaire tous les jours, de manière
imprévisible. Je ne souhaite pas m’isoler, mais concevoir une manière de
fonctionner durable. Créer de nouveaux réflexes.
Une troisième déconnexion
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Pour ma « déconnexion 2025 », j’ai donc pris une grande décision : j’ai
acheté un fauteuil pour remplacer ma chaise de bureau. Pendant toutes
mes études et mes premières années professionnelles, je n’avais que des
chaises de récupération. Au printemps 2008, disposant d’un salaire
stable et d’un appartement, j’achète une chaise de bureau neuve : le
premier prix de chez Ikea. Cette chaise, rafistolée avec des coussins
défoncés dont mes beaux-parents ne voulaient plus, était encore celle
que j’utilisais jusqu’il y a quelques jours. Ce nouveau fauteuil est
donc un très grand changement pour moi.
Et je me suis promis de ne l’utiliser qu’en étant déconnecté.
Pour ce faire, je désactive le wifi dans le Bios de mon ordinateur. J’ai
également organisé un « bureau debout » dans un coin de la pièce, bureau
debout où arrive un câble RJ-45. Si je veux me connecter, je dois donc
physiquement me lever et brancher un câble. Tout ce que je dois faire en
ligne s’effectue désormais en étant debout. Lorsque je suis assis (ou
vautré, pour être plus exact), je suis déconnecté.
J’ai également pris d’autres petites mesures. En premier lieu, mes todos
ne sont plus stockés sur mon ordinateur, mais sur des fiches sur un
tableau de liège. Un comble pour qui se rappelle que j’ai passé
plusieurs années à développer le logiciel « Getting Things GNOME ».
Je revois aussi la gestion de mon email. J’adore recevoir des emails et
de mes lecteurs et j’ai beaucoup de mal à ne pas y répondre. Puis à
répondre à la réponse de ma réponse. Avec le succès de Bikepunk, mon
courrier s’est étoffé et je me retrouve parfois à la fin de la journée
en réalisant que j’ai… « répondu à mes emails ». Des discussions certes
enrichissantes, mais chronophages. Dans bien des cas, je répète dans
plusieurs mails ce qui pourrait être un billet de blog. Considérez que
j’ai lu votre mail, mais que ma réponse alimentera mes prochains billets
de blogs. Certains billets futurs traiteront de thèmes que je n’aborde
pas d’habitude, mais pour lesquels je reçois énormément de questions.
Sur Mastodon, que je ne consulte plus que debout, j’ai pris la décision
de mettre tous les comptes que je suis dans une liste, liste que j’ai
configurée pour qu’elle ne s’affiche pas dans ma timeline. Quand je
consulte Mastodon, je ne vois donc que mes posts à moi et je dois
accomplir une action en plus si je veux voir ce qui se dit (ce que je ne
fais plus tous les jours). Comme avant, les notifications sont
régulièrement « vidées ».
Si vous voulez suivre ce blog, privilégiez le flux RSS ou bien mes deux
newsletters:
Newsletter avec mes billets francophones
https://listes.ploum.net/mailman3/lists/fr.listes.ploum.net/
Newsletter avec mes billets en anglais
https://listes.ploum.net/mailman3/lists/en.listes.ploum.net/
À la recherche de l’ennui.
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Déconnexion est un bien grand mot pour simplement dire que je ne serai
plus connecté 100% du temps. Mais telle est l’époque où nous vivons. Cal
Newport parle de l’incroyable productivité de l’écrivain Brandon
Sanderson qui a créé une entreprise de 70 personnes uniquement dédiée à
une seule activité : le laisser écrire le plus possible !
Let Brandon Cook (calnewport.com)
https://calnewport.com/let-brandon-cook/
Si l’exemple est extrême, Cal s’étonne de ce qu’on ne voit pas plus de
structures qui cherchent à favoriser la concentration et la créativité.
Dans un âge où l’hyperdistraction permanente est la norme, il est
nécessaire de se battre et de développer les outils pour se concentrer.
Et s’ennuyer. Surtout s’ennuyer. Car pour réfléchir et créer, l’ennui
est primordial.
D’ailleurs, si je ne m’étais pas ennuyé, je n’aurais jamais écrit ce
billet ! Nous dresserons le bilan dans 3 ans pour ma quatrième
déconnexion…
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De la décadence technologique et des luddites technophiles
by Ploum.net (billets en français uniquement) 06 Feb '25
by Ploum.net (billets en français uniquement) 06 Feb '25
06 Feb '25
DE LA DÉCADENCE TECHNOLOGIQUE ET DES LUDDITES TECHNOPHILES
by Ploum on 2025-02-06
https://ploum.net/2025-02-06-decadence-technologique.html
La valeur de texte brut
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Thierry s’essaie à publier son blog sur le réseau Gemini, mais a du mal
avec le format minimaliste. Qui est justement pour moi la meilleure
partie du protocole Gemini.
La low-tech peut-elle coexister avec la high-tech ? (tcrouzet.com)
https://tcrouzet.com/2025/01/29/low-tech/
Le format Gemini impose, comme dans un livre, du texte pur. Il est
possible d’ajouter un titre, des sous-titres, des liens, des citations,
mais avec une particularité importante : cela doit concerner toute la
ligne, pas une simple partie de texte. Les liens doivent donc être sur
leur propre ligne plutôt que de se perdre et foisonner dans le texte.
Comme ils interrompent la lecture entre deux paragraphes, ils doivent
être explicités et justifiés plutôt que d’être cachés au petit bonheur
du clic.
Il est également impossible de mettre de l’italique ou du gras dans son
texte. Ce qui est une excellente chose. Comme le rappelle Neal
Stephenson dans son « In the beginning was the command line », les
mélanges gras/italiques aléatoires n’ont rien à faire dans un texte.
Prenez un livre et tentez de trouver du texte en gras dans le corps du
texte. Il n’y en a pas et pour une bonne raison : cela ne veut rien
dire, cela perturbe la lecture. Mais lorsque Microsoft Word est apparu,
il a rendu plus facile de mettre en gras que de faire des titres
corrects. Tout comme le clavier azerty a soudainement fait croire qu’il
ne fallait pas mettre d’accent sur les majuscules, l’outil technologique
a appauvri notre rapport au texte.
Car le besoin d’attirer l’attention au milieu d’un texte est un aveu
d’insécurité de l’auteur. Le texte doit exister par lui-même. C’est au
lecteur de choisir ce qu’il veut mettre en avant en surlignant, pas à
l’auteur. Orner un texte d’artifices inutiles pour tenter de combler les
vides porte un nom : la décadence.
Le gras, le word art, le Comic San MS, les powerpoints envoyés par mail,
tous sont des textes décadents qui tentent de camoufler la vacuité ou
l’inanité du contenu.
La décadence inexorable de la tech
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Le texte n’est qu’un exemple parmi tant d’autres.
Thierry se pose également beaucoup de questions sur les notions low-tech
et high-tech, notamment dans le médical. Mais le terme « low-tech » est
selon moi trompeur. Je suis un luddite technophile. Contrairement à ce
que la légende prétend, les luddites n’étaient pas du tout opposés à la
technologie. Ils étaient opposés à la propriété technologique par la
classe bourgeoise, ce qui transformait les artisans spécialisés en
interchangeables esclaves des machines. Les luddites n’ont pas tenté de
détruire des métiers à tisser technologiques, mais des machines que
leurs patrons utilisaient pour les exploiter.
Le retour de la vengeance des luddites technophiles (ploum.net)
https://ploum.net/2024-08-26-luddites-technophiles.html
De la même manière, je ne suis pas opposé aux réseaux sociaux
centralisés ni aux chatbots parce que c’est « high tech », mais parce
que ce sont des technologies qui sont activement utilisées pour nous
appauvrir, tant intellectuellement que financièrement. C’est même leur
seul objectif avoué.
Que l’IA soit utilisée pour détecter plus précocement des cancers, je
trouve l’idée formidable. Mais je sais également qu’elle est impossible
dans le contexte actuel. Pas d’un point de vue technique. Mais parce
que, bien utilisée, elle coûtera plus cher que pas d’IA du tout. En
effet, l’IA peut aider en détectant des cancers que le médecin a ratés.
Il faut donc un double diagnostic, tant du médecin que de l’IA et se
poser des questions lorsque les deux sont en désaccord. Il faut payer le
coût de l’IA en plus du surplus du travail du médecin, car il devra
faire plus d’heures vu qu’il devra revoir les diagnostics « divergents »
pour trouver son erreur ou celle de l’IA. L’IA est un outil qui peut
être utile si on accepte qu’il coûte beaucoup plus cher.
Ça, c’est la théorie.
En pratique, une telle technologie est vendue sous prétexte de « faire
des économies ». Elle va forcément induire un relâchement attentionnel
des médecins et, pour justifier les coûts, une diminution du temps
consacré à chaque diagnostic humain. Perdant de l’expérience et de
l’habitude, le diagnostic des médecins va devenir de moins en moins sûr
et, par effet ricochet, les nouveaux médecins vont être de moins en
moins bien formés. Les cancers indétectés par l’IA ne le seront plus par
les humains. L’IA étant entrainée sur les diagnostics réalisés par des
humains, elle va également devenir de moins en moins compétente et
s’autovalider. Au final, nul besoin d’être grand clerc pour voir que si
la technologie est intéressante, son utilisation dans notre contexte
socio-économique ne peut que se révéler catastrophique et n’est
intéressante que pour les vendeurs d’IA.
Le mensonge high tech
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Les partisans du « low tech » ont l’intuition que la « high tech »
cherche à les exploiter. Ils ont raison sur le fond, pas sur la cause.
Ce n’est pas la technologie le nœud du problème, mais sa décadence.
La course à la technologie est une bulle bâtie sur un mensonge. L’idée
n’est pas de construire quelque chose de durable, mais de faire croire
qu’on va le construire pour attirer des investisseurs. Les entreprises
du NASDAQ sont devenues une énorme pyramide de Ponzi. Elles tentent de
se soutenir l’une l’autre à coup de millions, mais perdent toutes
énormément d’argent, ce qu’elles arrivent à cacher grâce au cours de la
bourse.
Godot Isn't Making it (www.wheresyoured.at)
https://www.wheresyoured.at/godot-isnt-making-it/
D’ailleurs, des recherches sérieuses confirment mon intuition : au plus
on comprend ce qu’il y a derrière « l’intelligence artificielle », au
moins on en veut. L’IA est littéralement un piège à ignorants. Et les
producteurs l’ont très bien compris : ils ne veulent pas que l’on
comprenne ce qu’ils font.
Knowing less about AI makes people more open to having it in their lives
- new research (theconversation.com)
https://theconversation.com/knowing-less-about-ai-makes-people-more-open-to…
Ed Zitron continue sur sa lancée avec l’inattendue arrivée de DeepSeek,
le ChatGPT chinois qui est simplement 30 fois moins cher. À la question
« Pourquoi OpenAI et les autres n’ont pas réussi à faire moins cher »,
il propose la réponse rétrospectivement évidente : « Parce que ces
entreprises n’avaient aucun intérêt à faire moins cher. Au plus elles
perdent de l’argent, au plus elles justifient que ce qu’elles font est
cher, au plus elles attirent les investisseurs et effraient de
potentiels compétiteurs ». En bref : parce qu’elles sont complètement
décadentes !
Deep Impact (www.wheresyoured.at)
https://www.wheresyoured.at/deep-impact/
Cory Doctorow parle souvent de merdification, je propose plutôt de
parler de « décadence technologique ». Nous produisons la technologie la
plus chère, la plus complexe et la moins écologique possible par simple
réflexe. Comme pour les orgies romaines, la complexité et le coût ne
sont plus des obstacles, mais les objectifs premiers que nous cherchons
à atteindre.
Ceci explique aussi pourquoi la technologie se retourne complètement
contre ses utilisateurs. Dernièrement, une dame d’un certain âge voulait
me montrer sur son téléphone un post vu sur son compte Facebook. La
moitié de son gigantesque écran de téléphone était littéralement une
publicité fixe pour une voiture. Dans la seconde moitié de l’écran, la
dame scrollait et alternait entre d’autres pubs pour des voitures et ce
qui était probablement du contenu. Son téléphone était doté d’un écran
gigantesque, mais seule une fraction de celui-ci était au service de
l’utilisateur. Et encore, pas complètement.
La bagnole est en soi le parfait exemple de décadence : d’outil, elle
est devenue un symbole qui doit être le plus gros, le plus lourd, le
plus voyant possible. Ce qui entraine une complexité infernale tant en
termes d’espace public que d’espace privé. Les maisons des dernières
décennies sont, pour la plupart, bâties comme des pièces autour d’un
garage. Les villes comme des bâtiments autour de nœuds routiers. La
voiture est devenue le véritable citoyen des villes, les humains n’en
sont que les servants. Le Web suit la même trajectoire avec les robots
remplaçant les voitures.
La frénésie envers l’intelligence artificielle est l’archétype de cette
décadence. Car si les nouveaux outils ont clairement une utilité et
peuvent clairement aider dans certains contextes, nous sommes dans une
situation inverse : trouver un problème auquel appliquer l’outil .
Retour au concept d’utilité
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C’est également la raison pour laquelle Gemini me passionne tellement.
C’est l’outil le plus direct pour transmettre le texte de mon cerveau à
celui d’un lecteur. En ouvrant la porte au gras, à l’italique puis aux
images et au JavaScript, le Web est devenu une jungle décadente. Les
auteurs y publient puis, sans se soucier d’être lus, consultent
avidement les statistiques de clics et de likes. Le texte est de plus en
plus optimisé pour ces statistiques. Avant d’être automatisés par des
robots, robots qui pour s’entrainer vont consulter les textes en ligne
et générer automatiquement des clics.
La boucle de la décadence technologique est bouclée : les contenus sont
lus et générés par les mêmes machines. Les bourgeois capitalistes
propriétaires ont réussi à automatiser totalement tant leurs ouvriers
(les créateurs de contenus) que leurs clients (ceux qui font du clic).
Je ne veux pas servir les propriétaires de plateforme. Je ne veux pas
consommer ce fade et inhumain contenu automatisé. Je tente de comprendre
les conséquences de mes usages technologiques pour en tirer le maximum
d’utilité avec le moins de conséquences négatives possible.
Face à la décadence technologique, je suis devenu un luddite
technophile.
Photo by Anne Fehres and Luke Conroy & AI4Media CC-BY 4.0
https://betterimagesofai.org/images?artist=AnneFehresandLukeConroy&title=Hu…
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