11 Jun '24
UN NOUVEL ÂGE D’OR DE L’IMAGINAIRE ?
by Ploum on 2024-06-11
https://ploum.net/2024-06-11-un-nouvel-age-d-or.html
Lors d’une conversation avec Lionel, mon éditeur, j’ai un jour dit que
j’aurais aimé vivre lors de « l’âge d’or de la SF », cette fameuse
période des années 50 durant laquelle n’importe quel aspirant auteur
pouvait envoyer ses nouvelles aux fameux magazines pulps et se retrouver
publié entre Poul Anderson et Frederik Pohl tandis qu’Isaac Asimov
passait ses soirées à rigoler avec Lyon Sprague de Camp et Lester del
Rey.
La réponse de Lionel fut immédiate :
— Tu es peut-être en train de vivre ce qui, pour les prochaines
générations, sera perçu comme un âge d’or.
De retour des caves de Pesmes (voir photo) et de son festival « Si
l’imaginaire m’était Comté » où nous avons fêté les 10 ans de la maison
d’édition PVH, je repense à cette réponse. Simple. Évidente. Digne de
l’historien de formation qu’est Lionel.
Et je ne veux qu’agréer à la chance que j’ai de connaître une forme
d’âge d’or. Ou, du moins, de la tentative que nous faisons pour le
créer.
Après 10 ans d’efforts, les livres de PVH sont désormais disponibles
dans toutes les librairies de Suisse, de France et de Belgique. La
qualité et l’attention portée au détail, notamment dans la collection
Ludomire, sont particulièrement appréciées des critiques et des
lecteurs.
Dans cette collection, « L’Héritage des Sombres » de Pascal Lovis est
déjà devenu un best-seller et un classique de la fantasy suisse. La saga
One Minute, de Thierry Crouzet, est un ovni littéraire qui bouleverse
les codes de la SF. « Sortilèges et Syndicats », de Gee, est pressenti
pour participer au prix littéraire Grolandais. Mon propre recueil de
nouvelles « Stagiaire au spatioport Omega 3000 » est, d’après Wikipédia,
le premier livre disposant d’une piste cachée (un truc que les moins de
vingt ans ne peuvent pas comprendre).
La collection Ludomire
https://pvh-editions.com/ludomire
Mais ce n’est pas tout !
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La collection Ludomire est particulière, car elle est, à ma
connaissance, la première collection de littérature de l’imaginaire
entièrement sous licence libre (CC By-SA). Les auteurs qui rejoignent la
collection sont obligés, par contrat, de libérer leur œuvre. À travers
le programme print@home, les lecteurs ont été encouragés à télécharger
et imprimer chez eux des exemplaires de mon roman Printeurs puis de tous
les autres de la collection.
Libération de la collection Ludomire (pvh-editions.com)
https://pvh-editions.com/licence-libre
La licence libre ouvre également des portes vers des pays qui sont peu
ou pas approvisionnés par les circuits de distribution classiques. PVH
travaille notamment avec le Sénégal. Et si, plutôt que de transporter
des tonnes de papiers sur des milliers de kilomètres, on permettait à
chaque pays de faire sa propre impression des œuvres ? La licence libre
le permet !
La liberté facilite la diffusion, l’adaptation et notamment les
traductions. « À l’orée de la ville », le (trop) court roman cyberpunk
d’Allius sera bientôt diffusé en italien !
Mais ce n’est pas tout !
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Libérer les livres, c’est très bien. Les vendre à travers une plateforme
libre, c’est encore mieux. C’est pourquoi PVH a développé sa propre
plateforme de vente sous licence libre : Be-bop.
Be-bop a pour objectif de libérer les commerçants, les créateurs, les
associations des plateformes centralisées comme Patreon, Ulule voire
VISA et Mastercard grâce à la possibilité de payer en espèce, virements
ou bitcoins.
be-BOP, l’outil de monétisation des communautés
https://be-bop.io/
Grâce à l’incroyable énergie de Christophe Gérard, auteur de « La
légende du bretteur qui se battait pour un petit pois », le tout premier
livre publié par PVH, Be-bop est devenu une plateforme multifonction. À
la fois CMS pour réaliser un site de commerce en ligne, mais également
plateforme autohébergée permettant le crowdfunding, les abonnements,
l’achat en direct comme logiciel de caisse, la comptabilité, la
facturation. Be-Bop supporte même la gestion des tables et des tickets
d’un restaurant !
Que vous achetiez les livres sur le site PVH ou dans un salon, vous
passez désormais par Be-Bop et sa licence AGPLv3.
Tout comme la libération de la collection Ludomire, l’objectif de Be-bop
est double : libérer les outils de l’économie de la création et rendre
celle-ci accessible au plus grand nombre. À travers des expériences au
Salvador et au Sénégal, PVH a été confronté au fait que disposer d’un
compte en banque et d’une carte de crédit est loin d’être la norme et ne
devrait en aucun cas être une condition d’accès à la culture. Dans
certaines régions, s’affranchir du système bancaire fait toute la
différence !
Mais ce n’est pas tout !
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Tenter de faire revivre les mondes de l’imaginaire, créer une culture
libre, créer des outils économiques libres. Je ne sais pas si l’histoire
jugera qu’il s’agit d’un nouvel âge d’or au cours duquel Ploum emmenait
Pascal Lovis et Sara Schneider se baigner sous la pluie dans l’Onion (je
vous passe les innombrables jeux de mots de Pascal), où Ploum et Bruno
Leyval rivalisaient à qui ronflerait le plus fort. En fait, je ne sais
pas si l’histoire retiendra quoi que ce soit.
Nos tentatives paraissent parfois dérisoires face aux monstres
commerciaux qui imposent aux libraires la présence de 50 exemplaires de
chaque nouveauté en tête de gondole.
Mais, au moins, nous essayons de proposer une alternative : la liberté
et l’originalité. Et nous continuerons d’essayer, de toutes nos forces.
Mon prochain roman sortira en septembre/octobre aux éditions PVH (mais
pas dans la collection Ludomire, je vous laisse la surprise). C’est un
roman univers et les discussions vont déjà bon train pour l’adapter en
jeu de rôle. Les premiers lecteurs rêvent également de le voir adapté en
bande dessinée (si un dessinateur accroche à l’intrigue).
Mais ce n’est pas tout !
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Car tout ce que nous créons avec PVH n’aurait aucun sens s’il n’y avait
pas vous, les lecteurs. Des lecteurs qui peuvent s’approprier la culture
libre, l’adapter, la partager autour d’eux ou sur des blogs. Des
lecteurs qui viennent discuter lors des salons et des séances de
dédicaces. Comme ce couple dont la fille a été baptisée en l’honneur
d’une héroïne de Sara Schneider. Où ces lecteurs de mon blog, qui
m’avouent préférer les versions epub pirates, ce que j’encourage
fortement ! C’est d’ailleurs le défaut des licences libres : les
versions pirates n’en sont plus vraiment, ce qui enlève un peu le sel du
téléchargement sur libgen.rs.
Et puis il y a les libraires, qui partagent notre passion, qui mettent
en valeur un livre de la collection où nous accueillent pour une
dédicace, qui font vivre la littérature de l’imaginaire malgré son
caractère désormais démodé et peu rentable. Si vous ne piratez pas vos
livres, s’il vous plait, tentez de vous les procurer chez un libraire
indépendant ! Leur apport à la culture est essentiel.
Et puis c’est mieux que tout…
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Je suis baigné dans un maelstrom d’auteurs, d’artistes de tout poil,
d’éditeur, d’intellectuels, de blogueurs que je croise dans les trains,
de programmeurs, de rôlistes, de geeks, de lecteurs de ce blog avec qui
j’échange régulièrement. Je rencontre des personnes de tous les horizons
qui partagent mes passions pour l’imaginaire et la liberté. Qui
partagent souvent mes colères. Qui, parfois, deviennent des amis.
Peut-être que ce n’est pas un nouvel âge d’or. Ce n’est certainement pas
un nouvel âge d’or.
Mais, pour moi, grâce à vous tous, ça y ressemble vachement.
Et c’est peut-être tout ce qui compte…
Alors merci ! Merci d’en faire partie et, chacun·e à votre manière, de
le faire exister.
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LA COMPLEXITÉ DE LA SIMPLICITÉ
by Ploum on 2024-06-05
https://ploum.net/2024-06-05-complexite-simplicite.html
Nous avons oublié comment faire simple
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Le projet Standard Ebooks a pour vocation de prendre les œuvres du
domaine public (genre projet Gutenberg) et d’en faire de beaux, jolis
epubs qui sont un plaisir à lire sur une liseuse. Le projet a un certain
succès : en 2021, 1,4 million de livres ont été téléchargés pour un site
qui accumule 1,2 million de vues par mois (sans compter les appels à
l’API et au flux RSS).
Le tout tourne sans souci sur un petit serveur monocœur doté de 2GB de
RAM.
Le secret ?
Attention, vous n’allez pas en croire vos oreilles…
Roulements de tambour !
Pas d’utilisation de frameworks ni de JavaScript. Voilà. C’est tout.
C’est un site web qui utilise du PHP fait à la main et stocke les
fichiers… sur un disque dur.
How Standard Ebooks serves millions of requests per month with a 2GB
VPS; or, a paean to the classic web (alexcabal.com)
https://alexcabal.com/posts/standard-ebooks-and-classic-web-tech
Nous avons oublié à quel point nos ordinateurs sont des montres de
puissance. Mais nous les mettons à genoux avec des couches de complexité
inutiles. Vous avez besoin d’une base de donnée sur un container
clustérisé ? Non, il y a 99% de chances que des fichiers sur un disque
dur soit la réponse à votre problème. Vous avez besoin d’un framework
javascript ? Non, vous avez besoin de réfléchir au contenu de votre page
web qui, dans 99% des cas, peut être statique avec une jolie CSS si vous
voulez vous démarquer.
La complexité est une arnaque. La complexité vous coûte une fortune.
Votre site corporate doit à présent migrer sur un docker dans Amazon S3
à cause de tous les frameworks qu’il nécessite alors qu’il s’agit
globalement de texte, d’images et de quelques formulaires pour les cas
particuliers.
Vous croyez simplifier et diminuer les coûts en confiant, par exemple,
la gestion de votre trafic web à Cloudfare ? En réalité, vous avez lancé
le compte à rebours d’une bombe qui explosera un jour ou l’autre. Vous
allez devoir payer, passez des nuits blanches.
Cloudflare took down our website after trying to force us to pay 120k$
within 24h (robindev.substack.com)
https://robindev.substack.com/p/cloudflare-took-down-our-website
La technologie n’est jamais une solution à l’incompétence. Au contraire,
elle l’exacerbe.
Pour trouver la solution ultime à tous les problèmes, il existe un
algorithme, celui de Feynman :
1. Écrire le problème
2. Réfléchir
3. Écrire la solution
Cela ressemble à une blague, mais c’est littéralement comme ça que
toutes les bonnes idées sont apparues. Et c’est exactement ça que
personne ne fait et ne veut faire. Parce que les étapes 1. et 2. sont
vues comme inefficaces et qu’il faudrait passer directement à la
troisième.
Feynman's Garden (www.marginalia.nu)
https://www.marginalia.nu/log/a_108_feynman_revisited/
L’élégance du texte brut
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En termes de simplicité, rien ne vaut le texte brut. Le seul format qui
est et restera lisible sur absolument tout ordinateur qui existe. Pour
la pérennité, rien ne vaut le texte brut.
Mais, outre la pérennité, le texte brut offre bien d’autres qualités :
c’est gratuit, indépendant de tout logiciel particulier. Vous pouvez
changer d’éditeur à votre convenance. Et, surtout, c’est incroyablement
puissant.
Vous voulez organiser vos notes et vos données ? Utilisez les
répertoires. Vous voulez chercher ? Pour un informaticien un minimum
compétent, il suffit de faire un petit coup de find ou de grep. Des
opérations complexes ? Sed, uniq, sort voire awk.
Write plain text files (sive.rs)
https://sive.rs/plaintext
Le texte brut et les outils Unix de base, c’est comme la dactylo : ce
sont quelques heures (ou plus) d’apprentissage inconfortable pour une
vie entière à avoir le sentiment que l’ordinateur fait exactement ce
qu’on attend de lui. Mais quelques heures d’apprentissage réel et
concentré,, c’est difficile. C’est un choix. Dans le monde de
l’industrie, l’immense majorité des informaticiens préfèrent une vie
entière d’asservissement à l’ordinateur et aux fournisseurs de logiciels
propriétaires.
Un artisan doit chérir ses outils
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Il n’y a pas que les informaticiens. Pour un écrivain, le traitement de
texte est un instrument. Thierry Crouzet revient sur son parcours
d’écrivain dans ce poignant billet.
> utiliser [MS Word] c’est ne se poser aucune question politique ou
philosophique quant à l’époque, c’est faire comme si rien n’avait
changé, c’est laisser sa conscience en berne, c’est croire que l’outil
n’a aucune importance, c’est être d’une crasse ignorance des dessous du
monde, et se laisser abandonner à de belles histoires qui n’ont aucune
profondeur contemporaine.
L’écriture à l’état brut (tcrouzet.com)
https://tcrouzet.com/2024/05/23/la-guitare-de-lauteur/
Quand j’y repense, mon parcours est un peu similaire. J’ai commencé à
écrire avec Microsoft Works sur Windows 3.1, je suis passé à Wordpad sur
Windows 98 parce qu’il se lançait plus vite que Word et qu’il était plus
simple. Une fois sous Linux, alors que j’utilisais StarOffice pour les
documents "officiels", Gedit pour le python et Vim pour les fichiers de
configuration/les scripts bash, je préférais écrire des nouvelles sous
Abiword. Mais, cherchant encore la simplification, je suis passé à
Pyroom, un éditeur de texte tout simple et plein écran. Mes quelques
années sous Mac m’ont fait tester Ulysses, sur recommandation de
Thierry. De retour sous Linux, j’ai utilisé Zettlr et, très brièvement,
Obsidian.
À ce moment-là, je me suis rendu compte que j’utilisais Vim depuis 20
ans sans l’avoir jamais vraiment appris. J’ai pris quelques semaines
pour faire ces fameuses « quelques heures d’apprentissage
inconfortable ». Le « Vim pour les humains » de Vincent Jousse sous le
coude, je me suis forcé à mémoriser une commande à la fois. Depuis, je
n’utilise que (Neo)Vim, sans plug-in, sans configuration autre qu’une
adaptation à mon clavier bépo. Tout me semble tellement naturel que je
me déplace, je modifie, je relis avec les commandes Vim sans même y
penser.
Vim pour les humains (vimebook.com)
https://vimebook.com/fr
Mais, en parallèle de ce retour à Vim, je me suis également mis à la
machine à écrire. Les nouvelles les plus récentes de mon recueil
« Stagiaire au spatioport Omega 3000 » ont été tapées à la machine.
Sauriez-vous les détecter ? Car, oui, je pense que l’outil influence
énormément l’écriture, comme l’a analysé Thierry dans son excellent
essai « La mécanique du texte ».
La machine à écrire force à aller à l’essentiel. Sa résistance mécanique
et l’impossibilité d’effacer sont des outils incroyables pour penser là
où les traitements de texte permettent de dégueuler du texte au
kilomètre sans réfléchir puis de tout réarranger à coup de copier-coller
pour que ça se vende. À ce titre, les assistants « intelligents » ne
sont qu’une étape de plus pour produire du texte de merde au kilomètre.
Et comme le dit très bien Thierry, il faut peut-être être geek pour
faire tous ces apprentissages, mais comment ne pas être geek lorsqu’on
travaille toute la journée sur un ordinateur ? Comment respecter un
menuisier qui n’aurait aucun intérêt pour ses outils et utiliserait un
outil multifonction soldé chez Aldi pour tout faire parce que « l’outil
ne l’intéresse pas » ?
Mon prochain roman, qui sortira fin septembre ou début octobre, a été
entièrement écrit sur une Hermes Baby, une machine à écrire
ultraportable des années 1960. Et vous verrez que ce mélange de
mécanique et de voyage se prête particulièrement bien au thème. Mais je
n’ai pas choisi la machine à cause du texte. C’est, au contraire, la
machine qui a choisi le texte.
Écrire dans Vim ou à la machine me parait tellement simple, tellement
évident.
Fuir la complexité ?
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Faut-il fuir la complexité à tout prix ? Ce serait simplifier mon
discours (tentative d’humour volontaire). L’humanité est une
interconnexion incroyablement complexe de très nombreux systèmes
relativement simples. Un écosystème sain est composé de composants
simples, nombreux, différents, mais avec des interconnexions complexes.
C’est pour ça que j’aime tant la philosophie Unix de l’informatique :
une myriade d’outils simples, voire simplissimes, mais dont
l’interconnexion est incroyablement complexe. Ces outils nous forcent à
repousser la limite de notre imagination, de notre créativité.
Nous faisons exactement le contraire : nous avons des interactions
simples, voire simplissimes avec très peu de composants dont la
complexité nous est, à dessein, cachée : les monopoles.
Nous tuons notre imaginaire pour cliquer plus facilement.
Nous réduisons la communication à un message Facebook ou Twitter,
l’achat en ligne à un clic sur Amazon, la recherche à Google, l’email à
Gmail/Outlook, le téléphone à iPhone/Android et le café à Starbucks.
La sémantique est importante. Lorsqu’une marque devient un verbe ou un
nom commun, elle a gagné. Lorsque l’on ne cherche plus, mais on
« google », lorsqu’on ne va plus manger un hamburger, mais un « macdo »,
nous perdons jusqu’à notre vocabulaire, notre capacité de percevoir des
différences, des subtilités, des évolutions.
Pensez-y la prochaine fois que vous utiliserez une marque plutôt que le
concept sous-jacent !
Nous nous faisons non seulement avoir en tant qu’individu, mais nous
détruisons également tous l’écosystème humain autour de nous. Accepter
d’utiliser les systèmes centralisés n’est pas seulement une capitulation
personnelle, c’est un acte destructeur envers la diversité culturelle,
technique, politique et humaine.
We Need To Rewild The Internet (www.noemamag.com
https://www.noemamag.com/we-need-to-rewild-the-internet/
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Contre nos comportements stupides et criminels, l’apprentissage
by Ploum.net (billets en français uniquement) 14 May '24
by Ploum.net (billets en français uniquement) 14 May '24
14 May '24
CONTRE NOS COMPORTEMENTS STUPIDES ET CRIMINELS, L’APPRENTISSAGE
by Ploum on 2024-05-14
https://ploum.net/2024-05-14-stupide-criminel-apprentissage.html
Nos amies les baleines
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Le chant des baleines est-il un langage avec une véritable grammaire et
une signification précise ? Ou bien est-ce un chant « musical »,
émotionnel ? Nous n’en savons encore rien. Et c’est extrêmement
difficile d’apprendre leur langage, car nous n’avons pas de
conversation. Nous ne faisons que les écouter, nous n’avons aucun point
de référence.
Scientists Discover a 'Phonetic Alphabet' Used by Sperm Whales, Moving
One Step Closer to Decoding Their Chatter (www.smithsonianmag.com)
https://www.smithsonianmag.com/smart-news/scientists-discover-a-phonetic-al…
Rappelons que les hiéroglyphes égyptiens étaient indéchiffrables alors
qu’il s’agissait d’une écriture humaine utilisée moins de 2000 ans
auparavant. Nous ne comprenions pas nos propres ancêtres, avec le même
cerveau que nous, le même mode de fonctionnement. Il a fallu, pour les
déchiffrer, trouver un texte pour lequel nous connaissions la
signification (la pierre de Rosette).
Les baleines sont une espèce totalement différente de nous, qui évolue
dans un milieu totalement différent du nôtre et les seules interactions
que nous avons avec elles, c’est pour les massacrer. Nous accomplissons
un génocide, nous exterminons une espèce consciente, intelligente et
communicante sans sourciller. Et sans réelle nécessité autre que notre
petit confort absurde.
Nous sommes littéralement les mauvais extra-terrestres d’Independance
Day ou de Mars Attack. En plus stupide. Car c’est notre propre planète
que nous détruisons.
Parenthèse SF
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Je profite de la référence SF pour présenter un tout nouveau blog de
critiques de Science-Fiction qui me fait l’honneur de parler de mon
recueil « Stagiaire au spatioport Omega 3000 »
Stagiaire au spatioport Omega 3000 (lacorporation.fr)
https://lacorporation.fr/avis/stagiaire-au-spatioport-omega-3000/
Green washing
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Nous sommes tellement stupides que, lorsque nous nous rendons vaguement
compte du mal que nous faisons, nous tentons de nous acheter une
conscience en, surtout, ne changeant rien. J’ai reçu un email qui me
demandait, littéralement, si j’avais des solutions pour rendre le monde
plus écologique, mais sans rien changer.
À ce sujet, Louis Derrac dézingue Écosia, qui le mérite amplement. Le
principe d’Écosia c’est de vous montrer des publicités pour vous faire
consommer, mais de vous dire que c’est vert parce qu’ils plantent des
arbres.
Ecosia Browser, ou quand le greenwashing numérique fume la moquette tout
en plantant des arbres (louisderrac.com)
https://louisderrac.com/2024/04/ecosia-browser-ou-quand-le-greenwashing-num…
Bref, c’est du bullshit à l’état brut. C’est une arnaque jusqu’au plus
profond. Car, comment croyez-vous que l’on plante des arbres de manière
industrielle ? C’est très simple : on rase une forêt, on fait une
plantation d’arbres que l’on coupe régulièrement pour faire du papier et
puis on replante. On génère de cette manière des certificats verts qu’on
peut revendre. C’est une des raisons qui fait les « certificats verts »
sont une catastrophe écologique.
Au départ, je croyais qu’Écosia était simplement un truc un peu benêt,
fait par des gens pas très malins. Je commence à penser qu’ils sont, en
fait, vraiment malhonnêtes et cyniques. Mais également stupide.
Car, comme disait le père Brown, le personnage de G.K. Chesterton :
> Être assez intelligent pour gagner autant d’argent implique d’être
assez stupide pour le vouloir
Un homme s’écrie « Toutes ces entreprises immorales gagnent des
milliards en exploitant, polluant, espionnant… » et deux riches patrons
lui répondent : « Vous pouvez nous réexpliquer comment elles font ? Ça
nous intéresse ! »
https://ploum.net/files/dessins/240512.jpg
D’une manière générale : la publicité est une arnaque. C’est le
principe. Il y a vingt ans, la publicité prétendait blanchir votre linge
sale. Aujourd’hui c’est votre conscience. Mais c’est toujours un
mensonge.
Ce qui me fend le cœur, c’est de voir des personnes hautement impliquées
dans l’écologie et les luttes sociales trouver normal de promouvoir à
tout prix leur compte Facebook où Instagram. Avec un iPhone parce que ça
prend des plus belles photos pour Instagram. Voire dire que
« l’informatique ne les intéresse pas » (alors que c’est la base de
notre société et de ses rapports de force).
C’est pourquoi je suis content de voir que des initiatives existent
désormais pour aider les assocs qui se veulent éthiques à être éthiques
également dans le choix de leurs outils.
Associations : les géants du numérique, c’est pas automatique !
(louisderrac.com)
https://louisderrac.com/2024/03/associations-les-geants-du-numerique-cest-p…
Addiction aux statistiques
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Nous sommes tellement stupides que nous tentons d’optimiser des
métriques absurdes en payant ceux qui fournissent ces métriques. Votre
manager ne veut pas entendre parler de Mastodon, mais veut que vous
intégrez une IA et vous mettiez en avant la page Facebook ?
Parce, comme tout le reste du monde, votre manager est, n’ayons pas peur
du mot, stupide, et accroc aux statistiques absurdes. Car la page
Facebook permet de voir "le nombre de clics journaliers" et le fameux
"reach" de chaque post avec des jolis graphiques et des boutons à
cliquer pour augmenter ces statistiques pour seulement quelques euros.
Mastodon pas. Peertube, non. Alors, difficile de justifier le boulot sur
ces plateformes.
Comment Facebook gagne de l’argent (ploum.net)
https://ploum.net/comment-facebook-gagne-de-largent/index.html
Ce comportement, crétin et stupide, est tellement normalisé que c’est
une des premières critiques que me disent les particuliers qui n’aiment
pas Mastodon et/ou Gemini. Ils n’ont aucun intérêt commercial et
pourtant ils se plaignent « de ne pas avoir de statistiques ».
Vous allez probablement me demander en quoi augmenter des statistiques
en payant le fournisseur de statistique a une quelconque utilité et peut
être considéré comme un succès.
Je suis content que vous posiez la question parce que, justement, les
plus grandes entreprises de la planète basent aujourd’hui tout leur
business modèle sur le fait que personne ne la posera jamais.
Encore et toujours l’IA
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Le crétinisme ambiant devient particulièrement visible lors des bulles
technologiques. Oui, les algorithmes LLMs sont intéressants. Mais non,
vous n’en avez pas besoin. Même les utilisateurs les plus enthousiastes
de Github Copilot commencent à réaliser qu’ils passent plus de temps à
tenter de comprendre ce que le générateur pond plutôt que de l’écrire
eux-mêmes. Et, avec candeur, de penser qu’il « suffirait que ça
s’améliore juste un peu ».
Did Github copilot really increase my productivity? (trace.yshui.dev)
https://trace.yshui.dev/2024-05-copilot.html#did-github-copilot-really-incr…
Viznut, le mec qui a inventé le terme « permacomputing », réfléchit avec
finesse sur ce que nous appelons l’intelligence artificielle.
Machine learning is neither good or evil (viznut.fi)
http://viznut.fi/texts-en/machine_learning_rant.html
Il en sort des conclusions que je partage totalement : oui, la
technologie est fascinante et intéressante. Oui, c’est une pure bulle
qui va exploser. Mais il en rajoute une couche : le concept même de
prompt est absurde et jette à la poubelle 50 ans de recherche et
d’expérience sur la notion d’interface utilisateur. Les ordinateurs qui
répondent à un prompt, ça fonctionne dans Startrek (et Galaxy Quest
quand c’est Sigourney Weaver qui demande) parce qu’il y a un scénario
prédéfini.
Dans la réalité, un humain a besoin de comprendre comment son outil
fonctionne pour affiner les résultats, pour en faire une utilisation
créative. À moins qu’on ne veuille surtout pas d’utilisateurs créatifs
et intelligents comme le suggère la dernière pub d’Apple pour son iPad ?
J’ai, en toute honnêteté, cru qu’il s’agissait d’un spot anti-monopole
et anti-Apple lorsque je l’ai vu pour la première fois (cela en dit long
sur la prétention des mecs qui, à toutes les échelles de ce projet,
n’ont pas réalisé que détruire des instruments de musique des
instruments de musique pouvait être mal perçu)
Crush, la dernière pub d’Apple
https://yt.artemislena.eu/watch?v=ntjkwIXWtrc
La médiocrité de la moyenne statistique
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Dans les IA, le principe statistique impose, et c’est déjà le cas pour
tous les algorithmes de promotions de « contenu », une médiocrité
moyenne obligatoire. Il suffit de surfer sur Facebook ou Twitter pour
comprendre ce que cette médiocrité « moyenne » représente.
Alors, peut-être que beaucoup d’humains n’ont pas envie d’apprendre à
utiliser un outil et qu’ils sont contents avec un « prompt » qui leur
propose des réponses définitives. Peut-être que beaucoup d’humains ne
veulent pas être confrontés à des articles, des histoires ou des œuvres
d’art qui sont particulièrement étranges et dérangeantes. En fait, c’est
une certitude, la majorité des humains veut faire comme la majorité.
Sans oser se l’avouer, bien sûr, mais quand même.
Moi pas. Et je ne pense pas être le seul.
Alors, par principe, je m’oppose à toute « moyenne statistique de la
création humaine ». Je veux des œuvres qui dérangent, des questions qui
fâchent, lire des textes qui sont détestés, honnis.
Je ne veux pas produire ou consommer du contenu. Je veux créer et
découvrir.
Et si la bulle n’avait pas explosé ?
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Charlie Stross rappelle que l’IA est objectivement une bulle qui ne sert
que les intérêts de Nvidia et qui ne rapporte même pas de quoi payer
l’électricité consommée. Cela lui rappelle la bulle dotcom de 2000. Et
il se prend un délire génial : et si la bulle de 2000 n’avait pas
explosé ? Et si toutes les promesses bullshit s’étaient réalisées ?
The Radiant Future! (Of 1995) (www.antipope.org)
http://www.antipope.org/charlie/blog-static/2024/04/the-radiant-future-of-1…
En remettre une couche ou simplifier ?
======================================
Au final, rajouter une couche de complexité sur un outil est un manque
d’intelligence.
> Plus on a de compétences techniques, plus on peut utiliser des
technologies « basses », et plus on est incompétent, plus on utilise une
technologie haut niveau qui décide à notre place. Donc il faut essayer
d’enseigner la technologie la plus « basse » possible pour permettre aux
enfants d’être en mesure de comprendre ce qu’ils font.
>
> Marcello Vitali-Rosati, auteur de « Éloge du bug »
Éloge du bug, cet outil de résistance précieux face aux géants du
numérique (usbeketrica.com)
https://usbeketrica.com/fr/article/le-bug-un-outil-de-resistance-insoupconn…
Je le vois autour de moi : toute personne qui creuse un peu, qui
réfléchit tente de simplifier ses outils, de revenir à l’essentiel.
Thierry Crouzet a suivi un chemin très similaire au mien pour quitter
Wordpress et revenir au texte brut. Si je ne vous ai pas encore
convaincu, voici une autre version, une autre vision de la même solution
au même problème. Avec un titre parfaitement adapté à la situation.
Libérer l’écriture des pesanteurs (tcrouzet.com)
https://tcrouzet.com/2024/04/30/no-more_wordpress/
J’avoue de mon côté une fascination pour les réseaux dits « off-grid »,
qui ne reposent sur aucune infrastructure publique majeure (comme
Internet repose sur le réseau téléphonique/câbles sous-marins/fibre
optique).
Lark est justement en train de tester Meshtastic.
Exploring Meshtastic (lark.gay)
gemini://lark.gay/posts/exploring-meshtastic.gmi
Meshtastic (meshtastic.org)
https://meshtastic.org/
Productivité
============
Cela fait 35 ans que j’écris sur un ordinateur. Avec le recul, je n’ai
aucun doute sur ce qui a eu le plus d’impact sur ma productivité :
apprendre la dactylographie.
Si je ne dois conseiller qu’un seul apprentissage à ceux qui veulent
augmenter à la fois le plaisir et leur productivité sur un ordinateur,
c’est bien la dactylographie. Et, tant qu’à faire, autant l’apprendre
sur une disposition optimisée comme le bépo.
Le bépo sur le bout des doigts (ploum.net)
https://ploum.net/216-le-bepo-sur-le-bout-des-doigts/index.html
Mon expérience date un peu, mais Mart-e a fait un long compte rendu de
son passage, d’abord au Bépo puis à l’Ergo-L (le passage à l’Ergo-L me
tente bien).
Un clavier à dix doigts (mart-e.be)
https://mart-e.be/2024/05/un-clavier-a-dix-doigts
Si j’écris avec autant de facilité, c’est parce que je maitrise mon
clavier Bépo et mon éditeur, Vim. Je n’utilise rien d’autre, pas même un
plugin. J’écris de petits scripts bash pour accomplir les opérations
répétitives. Et force est de constater que je suis productif pour écrire
du texte et du code.
Aucune innovation ne peut passer outre l’apprentissage. Aucun ordinateur
ne pourra jamais accomplir ce que vous voulez si vous n’avez pas d’abord
appris à savoir ce que vous voulez.
Si vous pensez qu’une intelligence artificielle va augmenter votre
productivité, mais que vous n’êtes pas prêt d’investir quelques heures
pour apprendre la dactylographie, vous êtes, excusez-moi de vous le
dire, un crétin. Vous espérez faire plus en pensant moins. Or le monde a
exactement besoin du contraire : des gens qui pensent plus pour faire
moins.
Notre stupidité est en train de détruire notre monde, de détruire la
vie. Les nouveaux outils ne feront qu’envenimer la situation. Notre
seule arme, l’unique, c’est l’apprentissage et l’éducation.
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Lectures : Soyez un héros, passez en manuel !
by Ploum.net (billets en français uniquement) 26 Apr '24
by Ploum.net (billets en français uniquement) 26 Apr '24
26 Apr '24
LECTURES : SOYEZ UN HÉROS, PASSEZ EN MANUEL !
by Ploum on 2024-04-26
https://ploum.net/2024-04-26-lectures-passez-en-manuel.html
L’abrutissement de l’automatisation
===================================
Une tiktokeuse lance la mise à jour de sa Tesla et se retrouve coincée
dedans pendant 40 minutes.
La Tiktokeuse et la Tesla. Jonas et la baleine Reloaded.
(affordance.framasoft.org)
https://affordance.framasoft.org/2024/04/la-tiktokeuse-et-la-tesla/
Mais, comme le souligne brillamment Olivier Ertzscheid, la subtilité est
qu’elle aurait pu sortir… en ouvrant la porte « manuellement », ce
qu’elle s’est refusée à faire.
D’un autre côté, le simple fait qu’on puisse ouvrir une porte non
manuellement est inquiétant. Parce qu’on perd l’habitude de ce geste
simple est qu’en cas d’urgence, on pourrait tout simplement ne pas y
penser. Comme nous avons perdu la capacité d’imaginer réparer un objet
qui tombe en panne.
Nous sommes devenus cette masse abrutie qui regarde béatement le héros
lorsque, devant la catastrophe imminente, celui-ci annonce, sûr de lui :
« je passe en manuel ! ».
Mort aux notifications
======================
Un autre truc pour lequel on devrait passer en manuel : les
notifications.
Je le dis et le répète : les notifications sont une abomination. Elles
représentent littéralement quelqu’un qui vient vous taper sur l’épaule
pour vous interrompre sans ménagement dans ce que vous faites, quelle
que soit la situation.
La seule personne que j’autorise à faire cela, c’est moi-même. Les
seules notifications que j’accepte sont donc celles de mon agenda. Mon
bureau Regolith n’a même pas de notifications tout court et mon
téléphone est soit en silencieux, soit en mode avion. Seule exception :
lorsque j’attends un coup de fil ou que je veux être joignable pour mon
épouse. Et je peste de ne pas pouvoir activer les notifications
uniquement pour une personne particulière. Pourquoi pensez-vous que
cette fonctionnalité évidente soit si rare, voire inexistante ?
Le simple fait que, par défaut, tous nos appareils soient conçus pour
nous interrompre est la preuve que nous sommes du bétail exploité par
les fabricants. Sur macOS, il est impossible de désactiver de manière
permanente les notifications. J’ai même reçu le témoignage de personnes
qui ne savaient pas qu’il était possible de désactiver les « bip bip »
incessants de leur téléphone (mise à jour d’app, notifications
aléatoires, etc.) Ça les ennuyait, mais elles vivaient avec, croyant que
c’était le prix à payer.
Chaque notification est une source de stress, même si elle ne vient pas
de votre téléphone, même si vous n’êtes pas concerné. Le son des
notifications est pensé et conçu pour mettre votre cerveau en alerte,
pour générer une petite décharge d’adrénaline. Les notifications nous
épuisent littéralement.
Téléphone, mail, notifications… : comment le cerveau réagit-il aux
distractions numériques ? (theconversation.com)
https://theconversation.com/telephone-mail-notifications-comment-le-cerveau…
Je suis devenu un psychopathe antinotifications. Pour tous les numéros
inconnus qui m’ont appelé ou qui m’ont envoyé un SMS publicitaire, je
dépose d’ailleurs une plainte sur le point de contact belge. Je viens de
le faire pour un opticien de ma ville qui m’a annoncé par SMS que les
appareils auditifs étaient en promotion. J’ai donné mon numéro, il y a
plusieurs années, pour qu’ils puissent me prévenir quand mes lunettes
étaient réparées.
pointdecontact.belgique.be
https://pointdecontact.belgique.be/
Je ne suis pas sûr de l’utilité, mais je me dis que, à la longue, si on
est plusieurs dizaines à faire pareil, ça va commencer à ne plus pouvoir
être ignoré.
Et je me désabonne d’absolument tout email qui arrive dans mon inbox
depuis une liste. Si je suis réabonné, je désactive l’alias dans
SimpleLogin.
Désabonnez-moi ! (ploum.net)
https://ploum.net/desabonnez-moi/index.html
L’omniprésence du tracking
==========================
Une bonne manière de visualiser que toute votre activité en ligne est
surveillée et de faire en sorte que votre ordinateur émette une…
notification sous forme de bip sonore à chaque fois qu’il envoie des
données vers un espion identifié. Oui, je me contredis. Mais ici, c’est
juste pour l’expérience !
C’est ce qu’a fait Bert Hubert. Ceci ne prend évidemment pas en compte
les espions non identifiés. Mais c’est déjà impressionnant en soi. Allez
voir la seconde vidéo pour vous donner une idée.
Bert Hubert's Tracker Beeper (berthub.eu)
https://berthub.eu/articles/posts/tracker-beeper/
Abonnez-vous à ma chaîne !
==========================
Tant qu’on y est, pour être notifié chaque fois que je poste un billet,
n’oubliez pas de vous abonner à ma chaîne ! Enfin, ma mailing-liste ;-)
Un prisonnier enchaîné dit à un autre « Abonnez-vous à ma chaîne ! »
https://ploum.net/files/ma_chaine.jpg
Israël et Whatsapp
==================
Loin de passer en manuel, Israël utiliserait "l’intelligence
artificielle" pour déterminer les cibles de ses frappes. Et de forts
soupçons existent sur le fait que cette IA soit alimentée par des
données Whatsapp. C’est entièrement plausible, car, contrairement à
Signal, Whatsapp recueille des myriades d’informations sur vous. Je l’ai
vécu il y a quelques années lorsque j’avais encore des comptes Facebook
et Whatsapp. Un de mes anciens propriétaires, avec qui je n’étais plus
en contact depuis des années, m’a envoyé par erreur un message Whatsapp.
Dans les minutes qui ont suivi ma réponse pour lui signifier son erreur,
Facebook m’a proposé d’être ami avec cette personne (nous n’avions ni
connaissance ni page suivie en commun).
Le simple fait d’être dans un groupe de discussion avec un terroriste,
d’être en contact avec lui voire d’être au même endroit à un moment
donné suffirait à faire de vous une victime d’une frappe. Et tant pis si
le terroriste était dans un appartement deux étages au-dessous du
vôtre : vous partagiez les mêmes coordonnées géographiques !
Meta and Lavender (blog.paulbiggar.com)
https://blog.paulbiggar.com/meta-and-lavender/
Notez que ce n’est pas neuf. Plusieurs exemples existent en Afghanistan
de victimes ayant été ciblées, car ayant, selon des algorithmes
« intelligents », un « comportement suspect ». Je me souviens d’un
médecin pakistanais tué par un drone US. Il était considéré comme
suspect, car passant fréquemment la frontière (il travaillait en
Afghanistan et vivait au Pakistan) et changeant régulièrement de carte
sim (oui, il en avait une pour chaque pays pour des raisons évidentes
d’abonnement).
Ce qui est fascinant c’est à quel point ces outils permettent de diluer
la responsabilité. Les militaires obéissent aux ordres, les
commanditaires disent se fier aux algorithmes, les programmeurs que la
responsabilité incombe aux collecteurs de données et ces derniers
prétendent ne faire que collecter des données, ne rien en inférer ni
décider.
C’est d’ailleurs le véritable marché de l’intelligence artificielle :
diluer la responsabilité. Une voiture tue un piéton ? C’est
« l’algorithme ». Une entreprise balance des tonnes de produits néfastes
dans une rivière ? C’est « une erreur de programmation ».
Être sur Whatsapp est potentiellement mortel. Vos données seront, un
jour, utilisées contre vous. Et certainement par erreur. La question
n’est pas de savoir si vous avez quelque chose à vous reprocher, mais si
un algorithme ne pourrait pas un jour penser que vous êtes
potentiellement dangereux. Et ce, pour chaque algorithme qui existe et
pour chaque jeu de données.
En attendant, utilisez Signal. Signal n’est pas parfait, mais n’a, pour
seules données à votre sujet, que votre numéro de téléphone, la date de
création de votre compte et la date de votre dernière connexion.
Contrairement à Whatsapp, Signal n’a accès ni à vos contacts, ni à votre
localisation, ni à vos groupes, ni à vos habitudes. Signal n’est pas non
plus une entreprise commerciale, mais une fondation (dont une grande
partie du financement vient d’un don… du créateur de Whatsapp, qui a
renié sa création après avoir vu ce que Facebook en faisait).
Pour ceux qui le peuvent, supprimez Whatsapp. Oui, vous allez rater des
choses. Mais vous allez aussi faire évoluer la masse critique vers
Signal. L’effort en vaut la peine.
Signal se merdifie ? Non, c’est Apple !
=======================================
Lors d’un appel vidéo récent sur Signal, j’ai eu la surprise de voir
s’afficher des émojis en forme de pouces levés chaque fois que mon
correspondant agitait les mains. Je me suis immédiatement demandé
comment Signal pouvait ajouter cette fonctionnalité sans intercepter la
vidéo. Après recherche, il s’est avéré que ce n’est pas Signal, mais
bien l’iPhone qui fait ça automatiquement.
Facetime "Reaction" Video Effects (hearts, thumbs up bubbles, etc)
injected into Signal video (github.com)
https://github.com/signalapp/Signal-Desktop/issues/6700
Résultat : ce truc, dont je n’ose imaginer le coût de développement et
l’impact sur la batterie, apparaissait tout le temps et nous a fait
perdre 15 minutes de discussion avant de commencer à nous énerver
sérieusement. Ce n’est même plus possible de discuter sérieusement sans
être distrait. C’est un peu comme les notifications : ces produits ne
sont pas pensés pour nous permettre d’être productif ou épanoui, mais,
par défaut, pour nous distraire. Dans tous les sens du terme. Pour nous
empêcher de penser.
N’attendez pas, agissez !
=========================
Distraction, espionnage permanent, ciblage publicitaire ou par drone
tueur : cette merdification n’est pas seulement prévisible, elle est
inévitable. Oui, votre activité sur Whatsapp et partout ailleurs va un
jour se retourner contre vous. Aux États-Unis, les données de votre
voiture servent déjà à augmenter le tarif de votre assurance.
Quand votre voiture vous espionne… et vous le fait payer (sebas22)
https://linuxfr.org/users/sebas22/journaux/quand-votre-voiture-vous-espionn…
Vous pouvez supprimer sans crainte vos comptes Reddit, Twitter, LinkedIn
et bien d’autres. En les supprimant définitivement, par opposition à une
simple « désactivation », vous forcez l’effacement d’une partie de vos
données. Cette suppression peut avoir des effets bénéfiques insoupçonnés
sur votre santé mentale.
Chapitre 10 : la suppression des comptes en ligne (ploum.net)
https://ploum.net/chapitre-10-la-suppression-des-comptes-en-ligne/index.html
De toute façon, de plus en plus de comptes sur ces plateformes sont des
bots qui servent à faire de la pub. Si un compte interagit avec vous en
vous parlant d’un service en ligne, c’est probablement un bot. Pardon,
une « intelligence artificielle ».
AI Is Poisoning Reddit to Promote Products and Game Google With
'Parasite SEO' (www.404media.co)
https://www.404media.co/ai-is-poisoning-reddit-to-promote-products-and-game…
Passez en manuel : supprimer vos réseaux sociaux propriétaires et venez
tester Mastodon !
Supprimer un compte fait peur. On va perdre plein de données. Mais, en
fait, vous les perdrez un jour ou l’autre, quand vous vous y attendrez
le moins. Pour une raison débile. Parce qu’un algorithme aura déterminé
que vous avez « enfreint les conditions d’utilisation ».
Et si vos comptes disparaissaient demain ? (ploum.net)
https://ploum.net/et-si-vos-comptes-disparaissaient-demain/index.html
Et oui, vous allez un jour perdre votre accès à toutes les vidéos que
vous avez mises sur YouTube.
YouTube qui est tellement incontournable qu’il ne peut que se merdifier.
Et il le fait. YouTube suivrait-il la voie de Twitter ? Oui, même si
c’est moins spectaculaire, moins Elonesque.
Si vous avez des vidéos, postez-les sur un compte Peertube. Si vous avez
une chaîne, faites-en une copie sur Peertube et parlez-en. Normalisez le
fait d’être un vidéaste sur Peertube.
JoinPeerTube (joinpeertube.org)
https://joinpeertube.org/
Si vous avez des données que vous souhaitez conserver sur Twitter,
Facebook, Instagram, LinkedIn et YouTube, faites-en une copie, car vous
allez les perdre comme j’ai perdu tout ce que j’avais posté sur Google+.
Ce n’est pas une prédiction, mais une certitude. Ce n’est qu’une
question de temps.
Alors, soyez le héros, passez en manuel : sauvegardez vos données et
supprimez vos comptes propriétaires !
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Lectures : Réseaux de domestication et complexification artificielle de la communication
by Ploum.net (billets en français uniquement) 17 Apr '24
by Ploum.net (billets en français uniquement) 17 Apr '24
17 Apr '24
LECTURES : RÉSEAUX DE DOMESTICATION ET COMPLEXIFICATION ARTIFICIELLE DE
LA COMMUNICATION
by Ploum on 2024-04-17
https://ploum.net/2024-04-17-lectures-domestication-complexification-commun…
Réseaux sociaux
===============
Petit rappel pour toutes les personnes qui mettent en évidence un peu
partout leurs profils X/Twitter et LinkedIn. Ces réseaux sont fermés.
Toute personne qui n’a pas de compte ne pourra pas accéder à votre
profil. Et si elle en a un, mais que, pour une raison ou une autre, elle
n’est pas connectée.
Facebook et Instagram ont fait pareil dans le passé, mais permettent,
pour le moment, d’avoir accès à certaines informations restreintes sur
votre profil (à condition d’arriver à passer tous les bandeaux tentant
de vous forcer à vous connecter et de vous fourguer des cookies).
C’est spécialement inquiétant pour tous ces professionnels qui tentent à
tout prix de mettre en avant leur profil LinkedIn. Ou tous ces candidats
aux prochaines élections.
Vous croyez vous promouvoir grâce à ces réseaux ?
C’est tout le contraire. Vous faites la promotion de ces produits. Et
vous perdez certainement beaucoup de personnes en cours de route (car,
non, tout le monde n’a pas un compte et ceux qui en ont ne sont pas
nécessairement connectés dessus sur tous les appareils qu’ils
utilisent). Ces réseaux sont un mensonge !
Le mensonge des réseaux sociaux (ploum.net)
https://ploum.net/le-mensonge-des-reseaux-sociaux/index.html
Comme le dit très bien Seirdy, le but de ces réseaux est de domestiquer
les utilisateurs (ici, il parle de Whatsapp, mais c’est pareil)
WhatsApp and the domestication of users (seirdy.one)
https://seirdy.one/posts/2021/01/27/whatsapp-and-the-domestication-of-users/
Si vous cherchez une certaine visibilité, la moindre des choses est une
page web minimale accessible à tou·te·s. Ou, à défaut, un compte
Mastodon. Car, contrairement à tous les réseaux propriétaires susnommés,
on peut parcourir un profil Mastodon sans avoir de compte (ni même sans
n’avoir jamais entendu parler de Mastodon).
ChatGPT et Ploum.net
====================
Un page perso, c’est un truc dont le sociologue des médias Grégoire Lits
comprend très bien l’importance.Inspiré par mon blog, mais ne sachant
pas coder en python, Grégoire Lits a demandé à ChatGPT de lui fournir le
code.
Sur le code qui génère ce site / Est-il encore utile d'apprendre à coder
? (gregoirelits.eu)
https://gregoirelits.eu/fr/2024-04-16-Apprendre-a-coder.html
L’expérience est très intéressante et me renforce dans ma conviction que
les IA sont des outils qui ont leur utilité, mais ne sont pas
"révolutionnaires". Parce que tout ce que Grégoire a fait, il aurait pu
le faire sans ChatGPT, mais en utilisant des forums et des manuels. Il
aurait peut-être pris plus de temps pour sa solution initiale (je dis
"peut-être" car il déclare avoir passé "4h" dessus, mais je sais
d’expérience que le temps de travail effectif peut changer d’un ordre de
grandeur selon la manière dont on le mesure et que Grégoire maitrisait
déjà beaucoup de choses).
L’effort se mesure également sur le long terme : j’ai personnellement
passé beaucoup du temps au début à produire ce qui génère ce blog (en
fait majoritairement pour la production d’emails), mais, désormais,
lorsque je dois modifier quelque chose, cela me prend littéralement
quelques minutes. Et je ne dois pas faire de mises à jour, m’adapter à
une quelconque mise à jour sous-jacente. J’ai déjà rentabilisé au
centuple le temps passé par rapport à un Wordpress.
La fin d’un blog et la dernière version de ploum.net (ploum.net)
https://ploum.net/2022-12-04-fin-du-blog-et-derniere-version.html
Grégoire est très conscient de ce qu’il fait et ce qui rend sa démarche
hyper intéressante c’est qu’il ne l’a pas vu comme une manière d’être
productif, mais une manière de se former. Il utilise ChatGPT pour
apprendre à ne plus dépendre de ChatGPT. C’est pour moi un excellent
usage de ce genre d’outils.
Cela semble plus rapide et personnalisé que l’utilisation des forums
comme je le faisais il y a 25 ans. Par contre, on perd le côté humain
d’apprendre à se connaitre l’un l’autre, de découvrir des trucs inédits
par sérendipité et de se rencontrer pour discuter en vrai. Mais on va
dire qu’on avait déjà perdu ce côté "communautaire" lorsque les forums
ont été remplacés par des géants comme StackOverFlow.
La question primordiale c’est que, comme Grégoire l’indique, il ne
comprend pas le code qui fait tourner son site. Ce code pourrait
potentiellement effectuer des actions inutiles, voire nocives. Ce n’est
pas nouveau : copier/coller du code de StackOverFlow comporte les mêmes
risques.
Et c’est là tout le paradoxe des AIs : auditer du code est beaucoup
beaucoup plus difficile que d’en écrire du neuf. C’était moins fatigant
pour moi de construire un générateur de site statique à partir de rien
que d’apprendre à utiliser un existant !
Fatigue attentionnelle
======================
C’est ce qu’on appelle « la fatigue attentionelle ». Un humain peut être
concentré sur sa tâche pendant des heures s’il fait quelque chose. Mais
s’il doit uniquement être attentif sans rien faire, son esprit va très
vite s’endormir. C’est l’équivalent de compter les moutons pour
s’endormir.
D’ailleurs, nous le savons tous. Préférez-vous être dans un taxi
traditionnel, avec un chauffeur qui conduit ou bien un taxi entièrement
automatique, mais, comme il n’est pas entièrement sûr, il y a quand même
un chauffeur qui ne fait rien, qui se contente de surveiller le pilote
automatique du coin de l’œil tout en jouant avec son smartphone ?
C’est une critique de l’intelligence artificielle dont on ne parle pas
assez : si ce qui est produit automatiquement par un algorithme doit
être vérifié par un humain, cela coûte très souvent plus cher que de le
faire produire par un humain directement. Les IA des fameux magasins
physiques Amazon qui permettaient de détecter tout ce que vous mettiez
dans votre sac pour vous permettre de sortir sans passer par une caisse
étaient en fait… des centaines de travailleurs en Inde scrutant les
caméras de surveillance. La blague à la mode est de dire que « IA » est
l’acronyme de « Indiens Absents ».
Pareil pour ce service expérimental de taxis sans-conducteur aux États-
Unis. Les voitures étaient, en cas d’urgence, pilotées à distance. Les
calculs ont montré qu’au total, la firme employait en moyenne 1,6
chauffeur par voiture. L’IA ne détruit pas l’emploi : elle ne fait que
les rendre encore plus merdiques.
Inclassable
===========
Car, surtout sur le Web, il a toujours fallu faire attention à ce qu’on
lisait. Les blagues potaches étaient la norme, parfois avec un très haut
degré de réalisme. Je ne résiste pas à vous partager cette récente
trouvaille : le fromage à base de lait de baleine.
Deep Sea Dairy (www.deepseadairy.com)
https://www.deepseadairy.com/products.html
C’est particulièrement réaliste et bien foutu. Qu’en pense Paul Watson ?
Le prix de notre inculture
==========================
Depuis quelques années, mon objectif n’est pas de découvrir de nouveaux
outils informatiques, mais, au contraire, d’en utiliser le moins
possible, mais de les utiliser à fond. Avec Neovim comme éditeur, les
outils Unix, Pandoc et des scripts Python ou Bash et Git comme
gestionnaire, je fais absolument tout ce dont j’ai besoin d’une manière
incroyablement efficace. Durant les examens de mes étudiants, je me suis
surpris à faire un simple fichier markdown avec mes remarques et à
calculer simplement les moyennes en passant le fichier à travers
quelques pipes Unix. Bref, à faire de l’Excel sans même y penser.
Peut-être que mes besoins sont minimes ? Pas nécessairement. Adam Drake
a démontré qu’utiliser de relativement simples pipelines Unix pouvait
être 100x plus rapide pour faire du traitement massif de données que
d’utiliser les outils dédiés.
Command-line Tools can be 235x Faster than your Hadoop Cluster
(adamdrake.com)
https://adamdrake.com/command-line-tools-can-be-235x-faster-than-your-hadoo…
C’est comme les AI : toutes les solutions que l’on nous vend ne
permettent rien de révolutionnaire. Elles font juste pire que les
anciennes solutions tout en se prétendant plus faciles à court terme (ce
qui n’est même pas toujours vrai).
Ce que nous achetons très cher, c’est essentiellement notre inculture
informatique.
Plutôt que de sauter de pages web en pages web à la recherche de la
dernière nouveauté révolutionnaire, on devrait passer plus de temps à
s’asseoir pour lire un livre dont la qualité est validée par 10, 20 ou
100 ans d’existence. Oui, même en informatique, on apprend plus en
lisant des livres qui ont 20 ans qu’en testant toutes les nouveautés à
la mode.
Fatigue oculaire
================
D’ailleurs, le livre nous reposerait les yeux. On savait déjà que les
réseaux sociaux bouffent votre temps, vous font détruire la planète à
cause de la publicité, vous rendent dépressifs. Mais, en plus, ils sont
mauvais pour les yeux. Surtout quand il faut scroller.
Continuous Social Media Scrolling Negatively Impacts Eye Movement
(www.optometryadvisor.com)
https://www.optometryadvisor.com/home/meetings/aaopt-2021/social-media-scro…
J’avoue que je ne supporte pas le scroll. J’ai un téléphone eink et, si
je dois lire un site dessus, j’utilise le navigateur einkbro qui permet
de naviguer page par page. C’est marrant parce que, au départ, cette
fonctionnalité sert à contourner les déficiences techniques de la
technologie eink qui est trop lente pour permettre le scroll. Mais, en
réalité, c’est bien plus agréable.
Einkbro on F-Droid
https://f-droid.org/packages/info.plateaukao.einkbro/
Et sur mon laptop, je n’arrive plus à lire quoi que ce soit en dehors
de… less. Une commande Unix qui a presque mon âge (et qui est toujours
développée). Comment lire le web dans less ? Tout simplement avec
Offpunk, qui m’affiche un texte bien centré. Quand j’arrive au bout de
l’écran, j’appuie sur la barre espace pour passer à la page suivante.
Offpunk, An offline first command-line browser for the smolnet
https://sr.ht/~lioploum/offpunk/
Le truc qui est intéressant avec Offpunk, c’est de constater que la
majorité du code sert à tenter de retrouver le texte original que
l’auteur a produit avant que cela ne soit transformé en une bouillie
vaguement apparentée à du HTML. Offpunk est donc une sorte d’anti-
logiciel, de démerdificitateur du web.
C’est le même principe que le mode "lecture" de votre navigateur ou
votre bloqueur de pub : essayer de retrouver l’information originale au
milieu de toute la merde rajoutée par les intermédiaires.
Cette expérience me rend particulièrement dubitatif au sujet de
l’utilité des générateurs de texte "intelligents": les deux cas d’usage
les plus cités sont, premièrement, la génération d’un texte sur un sujet
à partir d’une très courte description (un « prompt ») et, deuxièmement,
la faculté de résumer un texte trop long pour en tirer l’information
essentielle.
Vous voyez où je veux en venir…
Le Web, à la base, c’est « Produire du texte -> Protocole HTTP -> Lire
le texte ».
C’est ensuite devenu : « Produire du texte -> Merdifier avec du JS et
des pubs -> protocole HTTP -> démerdifier avec adblocks et mode lecture
-> lire le texte ».
Désormais, on est entré dans la phase « Avoir une idée de texte -> IA
pour générer du contenu -> merdifier avec du JS et des pubs -> protocole
HTTP -> démerdifier avec adblocks et mode lecture -> IA pour résumé et
trouver l’idée originale -> espérer que le résultat est l’intention
initiale de l’auteur ».
C’est peut-être pour cela que j’aime tant bloguer et lire des blogs
depuis 20 ans. J’ai l’impression d’échanger des idées directement
d’humain à humain, sans intermédiaire. Merci à vous pour cet échange
permanent et tellement enrichissant !
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Lectures : de la distraction à la destruction (de la planète)
by Ploum.net (billets en français uniquement) 11 Apr '24
by Ploum.net (billets en français uniquement) 11 Apr '24
11 Apr '24
LECTURES : DE LA DISTRACTION À LA DESTRUCTION (DE LA PLANÈTE)
by Ploum on 2024-04-11
https://ploum.net/2024-04-11-lectures-distraction-destruction.html
Art, amusement et distraction
=============================
C’est marrant, je me demandais pourquoi j’entendais du Michael Jackson
partout, depuis les magasins de ma ville aux vestiaires de la piscine.
La réponse est simple : Sony vient d’acquérir tout le catalogue pour 1,2
milliard de dollars. Un artiste mort, c’est quand même plus rentable
qu’un jeune. En France, on fait pareil avec Johnny Hallyday. Comme quoi,
quand ça l’arrange, l’industrie est capable de faire du recyclage.
J’ai appris cela dans cet excellent article de Ted Gioia (The Honest
Broker) qui revient sur la différence entre l’art et l’amusement
(l’entertainment) et sur le fait que si l’art est menacé par
l’entertainment, ce dernier est lui-même menacé par le business de… la
distraction.
The State of the Culture, 2024 (www.honest-broker.com)
https://www.honest-broker.com/p/the-state-of-the-culture-2024
Les gens ne paient plus pour l’art, car ils préfèrent l’amusement
facile. Mais ils n’ont plus le temps pour l’amusement facile, remplacé
par de la distraction distillée, de manière infinie, par touches de
quelques secondes. Avec le sentiment de « C’est juste quelques secondes,
j’arrête quand je veux » et, au bout de la journée, des heures perdues à
ne strictement rien faire. Je comparais d’ailleurs cette propension à
celle de s’empiffrer de sucre industriel.
Pour une alimentation intellectuelle saine et variée (ploum.net)
https://ploum.net/pour-une-alimentation-intellectuelle-saine-et-variee/inde…
Et, comme le sucre, l’énorme problème de la distraction, c’est qu’elle
est addictive.
Pour les créateurs et les artistes, il est impossible de lutter. C’est
un fait. Mais il est très difficile de l’accepter. De ne pas sombrer
dans la mouvance en tentant de créer des contenus de plus en plus
courts, formatés sur ce qui est à la mode. L’artiste lui-même devient
addict à son compteur de likes, aux statistiques de son site web. Il est
distrait et crée lui-même de la distraction.
Ces 20 années de blog m’ont appris que je finissais toujours par
regretter d’avoir cédé aux appels de la mode, des nouvelles tendances,
des plateformes propriétaire, de l’autopromotion.
Cela me demande une certaine discipline de ne pas me demander pourquoi
mon compteur de followers Mastodon a soudainement fait un bond ou un
creux. De ne pas tenter de discuter ou, pire, de faire une blague
pathétique de type « J’espère te revoir bientôt » quand quelqu’un
m’écrit pour me dire qu’il n’arrive pas à se désabonner de ma mailing-
liste.
Je suis addict à la reconnaissance. J’adore recevoir vos emails,
dédicacer des livres. Mais, et cela me sauve peut-être, je ne supporte
pas la « fausse reconnaissance ». Je veux être reconnu pour mon travail,
pas pour avoir fait des cumulets à la télévision (je parle
d’expérience). Il m’a fallu 20 ans pour comprendre que la meilleure
façon d’être reconnu pour mon travail était… de travailler et non
chercher la reconnaissance.
Vingt ans que j’écris publiquement. Vings années qui ont été nécessaires
pour préparer les vingt prochaines, pour me permettre de découvrir ce
que j’ai besoin écrire plutôt que de tenter de deviner ce qu’un
hypothétique public « veut ». Vingt ans pour apprendre que voir se
construire son œuvre sur le long terme m’apporte plus de dopamine que
tous les likes instantanés.
Chapitre 8 : l’artiste déconnecté (ploum.net)
https://ploum.net/chapitre-8-lartiste-deconnecte/index.html
Dédicaces et rencontres
=======================
Puisse qu’on parle dédicaces, justement. Je serai à Paris ce samedi 13
avril. D’abord au Festival du livre de Paris de 13h30 à 15h sur le stand
« Livre Suisse » (B21).
Ploum au Festival du Livre de Paris (www.festivaldulivredeparis.fr)
https://www.festivaldulivredeparis.fr/fr/dedicaces/view/4679/stagiaire-au-s…
Et puis, à partir de 16h, avec Gee à la librairie « À Livr’Ouvert »,
boulevard Voltaire.
Samedi 13 avril - Présentation des éditions PVH avec Gee et Ploum
(www.alivrouvert.fr)
https://www.alivrouvert.fr/rencontres/2024/0413-pvh/
Mon éditeur, PVH, offre l’apéro avec des spécialités de Neuchâtel ! Je
dédicacerai des exemplaires de Printeurs et de Stagiaire au spatioport
Omega 3000. En attendant le prochain, prévu cette année…
Physique quantique et Relativité
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Dans Printeurs, j’imaginais un système de communications instantanées
traversant les cages de Faraday grâce au « quantum entanglement ». Du
nom de cette propriété quantique qui fait que deux particules quantiques
sont liées et partagent le même état, même à distance.
Pas de bol, ce n’est théoriquement pas possible.
The Real Reasons Quantum Entanglement Doesn't Allow Faster-Than-Light
Communication (www.forbes.com)
https://www.forbes.com/sites/chadorzel/2016/05/04/the-real-reasons-quantum-…
En fait, aller plus vite que la lumière remet en cause le principe même
de causalité. Ce qui est un petit peu ennuyant.
What Does a Faster-Than-Light Object Look Like? (scienceblogs.com)
http://scienceblogs.com/principles/2015/01/09/what-does-a-faster-than-light…
Mais Printeurs reste très bien, lisez-le ! SyFantasy en dit que c’est
« Un brin plus violent et anticapitaliste que le Neuromancien de
Gibson ». J’en suis très fier.
Printeurs : Neuromancien en impression 3D chez PVH Editions
(syfantasy.fr)
https://syfantasy.fr/critiques/printeurs/
Parodie
=======
En parlant de Suisse et de PVH, Julien Hirt débarque dans la collection
Ludomire et devient, par la même occasion, mon collègue. Je viens de
dévorer son « Carcinopolis » et j’ai adoré cette ambiance sombre,
presque lovercraftienne, d’une ville dont les bâtiments sont des
cellules cancéreuses. Julien semble détester la cigarette presque autant
que moi.
Carcinopolis chez pvh-editions (commandez-le chez votre libraire !)
https://pvh-editions.com/shop/collection-ludomire/294-carcinopolis.html
Julien tient également un blog où il analyse les ressorts de la théorie
du récit, un sujet qui me passionne. Bon, sinon, il a aussi pondu un
excellent foutage de gueule des récits de Fantasy.
Les 10 pires clichés de la fantasy (julienhirtauteur.com)
https://julienhirtauteur.com/2017/08/31/les-10-pires-cliches-de-la-fantasy/
J’ai éclaté de rire avec le coup de l’épée du destin achetée en solde
chez Décathlon. Ça m’a rappelé que j’avais fait un truc similaire sur
les chasses au trésor. Il y a… 17 ans. Cela ne nous rajeunit pas !
Les 10 commandements de la chasse au trésor (ploum.net)
https://ploum.net/131-les-10-commandements-de-la-chasse-au-tresor/index.html
L’emprisonnement Discord
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Pour une raison que je n’explique pas, tout le monde semble préférer des
salons de discussions propriétaires. Alors que les solutions libres
existent, certaines depuis des décennies : IRC, MUC XMPP ou, plus
récent, Matrix, Slack reste la norme en entreprise et Discord pour tout
le reste, y compris les projets Open Source.
Pourtant, ce sont de belles saloperies. Slack permet à votre employeur
d’avoir accès à tout votre historique de conversation, même privé.
Discord, dans ses conditions d’utilisation, stipule que vous abandonnez
tout droit de poursuivre Discord en justice en cas de conflit.
Légalement, ils sont obligés de vous laisser le choix de refuser cette
clause, ce qui doit être fait par email. À chaque fois que les
conditions d’utilisation sont modifiées par Discord.
Thrisha Lynn reminds everyone to opt-out from section 16 of Discord’s
TOS
https://mastodon.sandwich.net/@trishalynn/112175832960647843
Et si vous mettiez un peu de pression dans vos communautés Discord/Slack
pour migrer vers une alternative libre et décentralisée ? Par exemple
Matrix ! Où l’email… J’adore l’email !
Email, mon amour ! (ploum.net)
https://ploum.net/email-mon-amour/index.html
L’email et le texte
===================
Un email, c’est la plupart du temps un simple texte. Alors, pourquoi se
casser la tête à en faire du HTML ? Pire : les mails en HTML sont
dangereux, car ils peuvent se modifier lorsque vous les faites suivre.
Kobold letters - Lutra Security (lutrasecurity.com)
https://lutrasecurity.com/en/articles/kobold-letters/
Utilisez le texte brut dans vos emails !
Use plaintext email (useplaintext.email)
https://useplaintext.email/
Pour ceux qui, comme moi, n’aiment pas les mails HTML, je rappelle que
vous pouvez recevoir mes billets en texte brut en vous abonnant sur la
mailing-liste dédiée :
Billets Ploum.net en français (txt only, no html)
https://lists.sr.ht/~lioploum/fr
English posts on Ploum.net (txt only, no html)
https://lists.sr.ht/~lioploum/en
C’est également top pour votre vie privée et pour mon addiction à la
reconnaissance, car je n’ai aucune visibilité sur les abonnés (pas même
le nombre). Mais, en toute honnêteté, j’ai l’impression que les amateurs
d’emails en texte brut sont également les personnes les plus
susceptibles de préférer le RSS voire même Gemini. Allez savoir
pourquoi…
Les mensonges d’Apple
=====================
Le principe de la publicité, c’est de mentir. Lorsqu’Apple prétend
protéger votre vie privée, c’est faux. Oh, bien sûr, ils ont décidé de
partager moins d’infos avec Meta. Mais ils se font payer l’équivalent
d’un Twitter chaque année pour envoyer vos données vers Google. Et puis,
bien entendu, ils exploitent eux-mêmes vos données.
Ce n’est pas moi qui le dis, mais une étude qui a tenté de mesurer
l’impact des paramètres de protection de vie privée sur les produits
Apple.
Keeping your data from Apple is harder than expected (www.aalto.fi)
https://www.aalto.fi/en/news/keeping-your-data-from-apple-is-harder-than-ex…
L’humain est paradoxal. Il veut faire comme tout le monde, faire partie
du groupe. Mais il veut également avoir une identité propre, être
différent. C’est un paradoxe typique de l’adolescence, mais,
visiblement, tout le monde n’en sort pas.
Le génie d’Apple est d’avoir réussi à convaincre plusieurs milliards de
clients (qui a dit « pigeons » ?) qu’Apple était un truc de rebelle, un
truc unique, différent. Mais que tout le monde l’utilisait. Donc qu’en
utilisant Apple, on était un rebelle comme les autres.
Si ça parait complètement stupide, c’est parce que ça l’est. C’est le
principe d’une religion : convaincre les gens d’un truc tellement
stupide qu’ils n’oseront jamais s’avouer s’être fait avoir et
s’enfonceront. J’appelle cela « Le coût de la conviction ».
Le coût de la conviction (ploum.net)
https://ploum.net/le-cout-de-la-conviction/index.html
Étant donné son budget, Apple peut payer d’excellents ingénieurs qui
produisent parfois d’excellentes choses, il faut le reconnaitre. Dans
d’autres cas, on sent que c’est le département marketing qui a pris le
dessus.
Pendant quelques années, j’ai utilisé un mac pour mon travail. Je me
suis prêté honnêtement au jeu, je me suis immergé dans le système MacOS.
C’est certes très joli. Quand je suis revenu sous Debian et Ubuntu, j’ai
réalisé à quel point j’avais inconsciemment accepté de me compliquer la
vie ou d’acheter un petit logiciel pour faire des trucs qui prennent une
ligne de commande sous Linux. Mais, je le répète, c’était joli. Les
produits Apple sont littéralement pensés pour faire cool dans une
publicité.
Censure
=======
Cette allégeance à Apple, Google, Discord et d’autres est ce que Yanis
Varoufakis appelle le capitalisme féodal. En tant que paysan, on prête
allégeance à un seigneur (voire plusieurs). On promet d’obéir à leurs
lois et, en échange, ils nous protègent et nous permettent d’utiliser
leurs services. C’est bien, non ? Et puis, ils font ça pour notre bien.
Ceux qui disent que, par exemple, Facebook va censurer ce qui ne lui
plait pas sont des conspirationnistes qui exagèrent.
Sauf que non. Facebook censure désormais les médias qui critiquent Méta.
Ils ont également censuré tout ce qui parle de Mastodon. Ah oui, au
fait, ils censurent également ce qui parle du réchauffement climatique
parce que c’est sujet à « controverse ».
Facebook is Censoring Stories about Climate Change and Illegal Raid in
Marion, Kansas (changelog.complete.org)
https://changelog.complete.org/archives/10657-facebook-is-censoring-stories…
Au fait, on dit « réchauffement climatique », pas « changement
climatique ». Le mot « global warming » était la norme jusqu’à ce que
l’industrie du pétrole paie des spécialistes en propagande pour trouver
une alternative qui serait moins effrayante. Ils ont pondu « climate
change » qui donne l’impression que ce n’est pas dramatique et que c’est
un processus naturel. Ils ont ensuite lobbyé de manière intense pour que
le mot « global warming » disparaisse du discours officiel.
Ils ont réussi.
Un peu comme ont réussi ceux qui, malgré les avertissements de Richard
Stallman, ont imposé qu’on dise « open source » au lieu de « logiciel
libre ».
Ce que l’écologie peut apprendre du logiciel libre (ploum.net)
https://ploum.net/2023-10-09-ecologie-et-opensource.html
Les intérêts financiers tuent la planète à coup de modifications de
notre vocabulaire.
L’obsolescence programmée d’Android
===================================
À lire sur ce sujet, une longue discussion avec Agnès Crepet,
responsable longévité chez Fairphone. Je préviens les puristes, tout est
en franglais (ce qui est compréhensible vu qu’elle bosse en anglais aux
Pays-Bas), mais Walid a fait un travail de dingue pour retranscrire en
expliquant les mots problématiques, c’est super intéressant et cela
explique beaucoup des difficultés de Fairphone. Un truc m’a frappé : la
principale source d’obsolescence d’un Fairphone est la non-mise à jour
des firmwares propriétaires par les fabricants.
Comme c’est propriétaire, on ne peut rien faire. Mais comme on met à
jour la version d’Android, l’ancien firmware ne fonctionne plus ou n’est
plus considéré comme sécurisé par le noyau.
Agnes Crepet - Head of software longevity & IT chez FAIRPHONE
(www.projets-libres.org)
https://www.projets-libres.org/agnes-crepet-head-of-software-longevity-it-c…
Un exemple de plus pour démontrer en quoi le code propriétaire est
fondamentalement néfaste.
Je n’avais jamais compris pourquoi les fabricants de matériel voulaient
garder secrets leurs micrologiciels. Ils ne gagnent de toute façon pas
d’argent sur le code, non ?
Mais si le code est open source, le matériel dure plus longtemps. Et
donc on en vend moins. Le code propriétaire est donc une merdification
volontaire pour polluer plus. Soyez écolos, exigez du logiciel libre !
Le texte est également l’occasion de prendre un fameux coup de vieux.
Agnès est en effet une co-fondatrice de la (très chouette) conférence
Mix-IT, à Lyon. Elle m’avait invité à donner la keynote d’ouverture lors
de l’édition de… 2014. Putain, 10 ans !
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Une bulle d’intelligence artificielle et de stupidité naturelle
by Ploum.net (billets en français uniquement) 04 Apr '24
by Ploum.net (billets en français uniquement) 04 Apr '24
04 Apr '24
UNE BULLE D’INTELLIGENCE ARTIFICIELLE ET DE STUPIDITÉ NATURELLE
by Ploum on 2024-04-04
https://ploum.net/2024-04-04-la-bulle-ai.html
La technologie derrière ChatGPT, Dall-E et autres n’est pas
révolutionnaire, elle est spectaculaire. C’est très différent. Et, comme
souvent, le spectaculaire attire une attention démesurée du grand public
par rapport aux capacités réelles de la technologie. C’est ce qu’on
appelle « une bulle ».
Et une bulle, ça finit toujours par imploser.
Mais en vrai, c’est quoi l’intelligence artificielle ?
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Rappelons qu’un logiciel est un ensemble d’instructions données à un
ordinateur par un programmeur pour donner un résultat (un « output »)
basé sur des paramètres modifiables (« l’input »). Un programme
« classique » est donc un programme qui donnera toujours un résultat
prévisible. Je vous expliquais d’ailleurs cela en détail dans un article
précédent.
L’histoire d’un bit (ploum.net)
https://ploum.net/lhistoire-dun-bit/index.html
Ce que nous appelons « intelligence artificielle » est un ensemble de
techniques, parfois très diverses, pour qu’un logiciel puisse être
« entrainé ». Au lieu de définir exactement comment va fonctionner le
logiciel, on va lui fournir des « données d’apprentissage » pour qu’il
en tire une forme de moyenne statistique. Exemple : lui montrer des
photos de terroristes et des photos de gens innocents pour, ensuite,
tenter de voir s’il détecte des terroristes inconnus parmi une foule sur
laquelle on n’a aucune information.
Mais qui est responsable si le programme développé de cette manière
désigne un innocent comme terroriste et entraine son élimination par un
drone ? Le programmeur qui a développé l’algorithme ? Il n’avait pas
conscience du cadre d’utilisation, il a juste fait un logiciel pour
différencier deux types de personnes sur base de photos. Celui qui a
sélectionné les données et qui a « oublié » d’inclure des barbus parmi
les innocents ? Celui qui, à la base de tout ça, a imaginé qu’un
terroriste était reconnaissable à son visage ?
La fameuse intelligence artificielle, ce n’est que ça : des algorithmes
statistiques sont très utiles dans certains cas très spécifiques à
condition d’être très surveillés. Mais qui diluent toute responsabilité
en cas d’erreur.
Un algo de type ChatGPT ne fait pas autre chose : pour simplifier à
outrance, il prend à chaque fois le texte de la conversation et tente de
prédire quel mot a la plus grande probabilité de suivre. Il prend
littéralement tous les mots de son dictionnaire, les rajoute à la fin de
la phrase et évalue un score pour le texte résultant basé sur la moyenne
statistique calculée durant son apprentissage.
Si je lui demande :
> Ploum: Quelle est la couleur d’un schtroumpf ?
Il va voir que, dans toutes ses données d’apprentissage, la suite de mot
« Quelle est la couleur de X ? La couleur de X est » est plus probable
que « Quelle est la couleur de X ? Banane volante à pistons ». Du coup,
il répond :
> IA: La couleur de…
Ben oui, parce que ça fonctionne aussi pour la couleur d’un marsupilami
ou de n’importe quoi d’autre. C’est une des raisons qui fait que ChatGPT
ne vous répond pas platement « bleu » comme n’importe quel humain le
fait. Parce que dans ses données d’apprentissage apparait régulièrement
qu’une réponse commence souvent en reformulant sa question.
> IA: La couleur d’un schtroumpf est…
Cette reformulation reprend des parties de la phrase. Ce n’est pas du
tout évident, mais cela donne l’impression que ChatGPT comprend ce qu’il
dit. C’est faux. C’est simplement le plus probable parmi les milliards
de possibilités de la langue française (ou de la langue schtroumpf).
> IA: La couleur d’un schtroumpf est bleue
Parce que, dans tous les textes du corpus où apparait le mot
« schtroumpf », c’est le mot « bleu » qui revient le plus souvent et qui
est souvent associé avec le mot « couleur ».
Évidemment, ce qui est le plus probable n’est pas toujours ce qui a le
plus de sens. Les personnages générés par Dall-E ont, par exemple,
souvent bien plus de doigts que nécessaire. Pour une raison toute
simple : sur une image, la probabilité est très grande que ce qui est à
côté d’un doigt soit un autre doigt. En fait, si vous me montriez une
partie de photo représentant un doigt en me demandant de parier sur ce
qu’il y a juste à côté, j’aurais tout intérêt à répondre : « un autre
doigt ! ». Ce n’est pas une hallucination, c’est un résultat entièrement
logique, statistique !
Quelques exemples de poignées de mains générées par AI. Les doigts sont
innombrables.
https://ploum.net/files/ai_fingers.jpg
Des résultats techniques spectaculaires…
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Nonobstant ce que nous appelons des « hallucinations » (un mot choisi à
dessein pour anthropomorphiser et rendre encore plus attirantes et
mystiques les IA), les résultats sont très impressionnants,
spectaculaires, imprévus. C’est un véritable show qui nous est offert
dont les hallucinations font intégralement partie.
À la base de tous les ChatGPT et consorts, on trouve une nouvelle
méthode de programmation appelée « Transformers » (oui, comme les robots
de mon enfance) inventée par 8 types chez Google (qui sont, depuis, tous
partis pour fonder leur startup AI sauf un qui a fondé une startup
blockchain).
[1706.03762] Attention Is All You Need (arxiv.org)
https://arxiv.org/abs/1706.03762
Le papier décrivant la méthode est devenu un « landmark paper ». Pour
les spécialistes, il est bouleversant, car il introduit de nouvelles
techniques, de nouvelles perspectives. Mais, pour le grand public, il
n’est finalement qu’une énième optimisation (impressionnante, je le
répète) de méthodes de machine learning qui existent et s’améliorent
depuis 40 ans. La grosse révolution, outre une amélioration
significative des performances générales, c’est d’avoir permis une mise
en parallèle des calculs. Du coup, plutôt que de devoir sans cesse
optimiser des algorithmes ou créer des superordinateurs, on peut se
contenter de mettre beaucoup d’ordinateurs en parallèle. Beaucoup comme
dans « beaucoup beaucoup beaucoup ». Et donc multiplier les performances
des algorithmes existants. Ce qui est très cool mais, selon ma
définition, pas vraiment « révolutionnaire ».
8 Google Employees Invented Modern AI. Here’s the Inside Story
(www.wired.com), visited on Mon Apr 1 20:51:01 2024
https://www.wired.com/story/eight-google-employees-invented-modern-ai-trans…
Ces améliorations de performances ont permis d’entrainer les algorithmes
sur des quantités astronomiques de données. De l’ordre de « tout ce qui
nous tombe sous la main ». Et de créer des produits attractifs pour le
grand public (ChatGPT, Dall-E, …) alors qu’à la base, l’algorithme
visait surtout à automatiser les traductions.
Un enthousiasme naïf qui l’est encore plus !
============================================
Si ces nouvelles techniques sont spectaculaires, la vitesse avec
laquelle les investisseurs et les entreprises se sont engouffrées dans
le buzz l’est encore plus. Comme le dit très bien Cory Doctorow, de
nombreuses boites AI se sont créées avec des technologies incapables de
remplacer un travailleur humain, mais avec une équipe marketing capable
de convaincre votre patron que c’est bien le cas.
Et chaque patron découvrant ChatGPT se sent soudain dans l’urgence
d’investir dans l’AI, de peur que le concurrent le fasse avant lui.
C’est parfois très con un CEO. Surtout quand ça a peur de rater le
coche.
Petit aparté : si vous apprenez l’existence d’une technologie à travers
la presse généraliste, c’est trop tard. C’est que vous êtes le dernier
couillon à en ignorer l’existence. Et c’est vous qui allez constituer la
dernière couche de la pyramide de ponzi qu’est la bulle spéculative sur
ce sujet. Bref, vous êtes le pigeon. Face à un enthousiasme exubérant
dans un domaine qui n’est pas le vôtre et sur lequel vous arrivez sur le
tard, il n’y a qu’une chose à faire : rien. Attendre que tout se tasse
et tirer les leçons des échecs ou réussites des uns ou des autres.
Se jeter dans la bulle AI, c’est un peu comme aller voir Titanic en
pariant qu’il ne va pas couler à la fin. D’ailleurs, ils sont déjà en
train de se casser la gueule : les fournisseurs d’AI ont dépensé 50
milliards de dollars pour des pelles, pardon des puces Nvidia et ont
fait… trois milliards de chiffre d’affaires. L’action Nvidia, elle, a vu
sa valeur multipliée par 9 en 15 mois. Comme dit le proverbe « Pour
s’enrichir durant une ruée vers l’or, vendez des pelles ! »
Tous les CEO qui ont investi dans l’AI commencent à se rendre compte que
c’est, en fait, très compliqué ce machin, qu’il y a peu de résultats,
qu’on ne peut pas faire confiance dans ces résultats et qu’ils ne
dorment plus la nuit par peur que des données privées soient exposées
par les AI ou qu’ils soient attaqués pour non-respect du copyright.
When Will the GenAI Bubble Burst? (garymarcus.substack.com)
https://garymarcus.substack.com/p/when-will-the-genai-bubble-burst/
D’ailleurs, je vous alertais déjà l’année passée sur la problématique
d’utiliser des datas privées pour entrainer une IA et sur le fait que, à
un moment ou un autre, un petit malin arriverait à les faire ressortir.
Ou, du moins, à faire croire qu’il les a ressorties, même si ce sont des
hallucinations.
Modern AI and the end of privacy (ploum.net)
https://ploum.net/2023-02-15-ai-and-privacy.html
La fin du film est encore plus prévisible qu’un Marvel du mois d’août :
les boites IA commencent à couler.
Stability AI reportedly ran out of cash to pay its AWS bills • The
Register (sebsauvage.net)
https://sebsauvage.net/links/?Vwkq4g
La décadence et la chute
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La technologie a beau être géniale, elle nécessite énormément
d’électricité et coute un pognon de dingue. Et puis il faut l’entrainer
sur le plus de données possible. C’est-à-dire sur tout ce qui a jamais
été posté sur Internet auquel on a accès. Sauf que, ben… ce n’est pas
suffisant. Surtout que les gens ne postent plus sur Internet, mais sur
des plateformes privées avec lesquelles il faut signer des contrats pour
avoir accès aux données.
Feeding the Machine (winter)
gemini://rawtext.club/~winter/gemlog/2024/4-02.gmi
Pour résumer, on assiste, comme d’habitude, à une belle bulle, une
parfaite ruée vers l’or. Avec des vendeurs de pelles (Nvidia) et des
vendeurs de mines (Reddit, Facebook et tous ceux qui ont les données).
Les mineurs vont, pour la plupart, faire faillite. Toute bulle finit par
imploser. La seule question est de savoir si ce que la bulle laissera
comme débris sera utile (comme l’ont été les infrastructures réseau
financées pendant la bulle du web en 2000) ou s’il ne restera que ruines
et destruction (comme la bulle des subprimes en 2008).
Ces dernières sont les pires bulles : elles détruisent activement une
infrastructure existante. Exactement ce que la bulle AI est en train de
faire avec le web en le merdifiant au-delà de tout espoir de sauver quoi
que ce soit. Et en pourrissant toutes les données avec lesquelles
s’entraineront les prochaines générations AI.
La bulle actuelle est peut-être en train d’utiliser la connaissance
accumulée pendant des décennies pour la diluer irrémédiablement dans sa
propre merde, détruisant, en quelques mois, le travail de milliers de
chercheurs pour les décennies à venir. Car, dans dix ans, comment
pourra-t-on créer des jeux de données importants dont on soit sûrs
qu’ils ne contiennent pas de données générées par d’autres algorithmes ?
Drowning in AI Generated Garbage : the silent war we are fighting
(ploum.net)
https://ploum.net/2022-12-05-drowning-in-ai-generated-garbage.html
Finalement, l’AI ne fait que répéter, en vitesse accélérée, ce que le
consuméro-capitalisme inspiré d’Ayn Rand applique à toute la planète
depuis Tatcher et Reagan : promettre un futur incroyable en détruisant
le présent pour en revendre les décombres dix fois le prix, ne léguant
finalement que des cadavres, des ruines fumantes, des déserts de déchets
et un air irrespirable.
Je me pose cette simple question : et maintenant ?
On a ChatGPT, on a Dall-E. On ne peut pas leur donner plus de données
d’apprentissage. On ne peut pas leur donner plus d’électricité ni plus
d’ordinateurs. Les augmentations de performance purement algorithmique
sont incroyablement rares, difficiles et imprévisibles. Du coup, on fait
quoi avec nos bots de discussion qui spamment tous le web ? On rend les
codeurs plus rapides avec Github Copilot ? Super, on va pondre encore
plus de code que personne ne comprend, dont personne n’a la
responsabilité. Mais pourquoi ?
Keynote Touraine Tech 2023 : Pourquoi ? (ploum.net)
https://ploum.net/2023-03-30-tnt23-pourquoi.html
Beaucoup pensent que ChatGPT est l’aube d’une révolution, d’un nouveau
paradigme. Je pense, au contraire, qu’il représente la fin,
l’aboutissement technologique à la fois des techniques algorithmiques,
mais également de la parallélisation et de la mise en réseau globale des
connaissances humaines.
Nous avons trop souvent tendance à confondre l’aube avec le crépuscule.
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CHANGEMENTS DE PARADIGMES
by Ploum on 2024-04-02
https://ploum.net/2024-04-02-paradigmes.html
Lorsque je lisais, dans les années 1990, des Spirou et Fantasio se
passant dans les années 50 ou 60, le monde me semblait très proche du
mien. Certes, les voitures avaient des formes différentes, les
téléphones avaient des cadrans rotatifs à la place des touches, il y
avait des pompistes pour servir l’essence et des juke-box à la place des
chaines hifis. Mais, globalement, tout était reconnaissable.
Lorsque mon aînée a dû passer un test de vue, vers 5-6 ans,
l’ophtalmologue lui a demandé de reconnaître des images stylisées sur
une vieille diapositive.
— Une maison !
Il s’approche alors de nous et nous dit qu’elle a un gros problème de
vue. Mon épouse et moi nous écrions en même temps : « Mais c’est un
téléphone à cadran ! Un objet qu’elle n’a jamais vu de sa vie et dont
elle n’a même pas entendu parler ! »
En 2007 est apparu le smartphone, qui succédait au GSM lui-même
popularisé fin des années 90, début des années 2000. Un GSM qui, jusque
là, à cause de son coût et de son manque de réseau, ne remplaçait jamais
totalement le téléphone fixe. Je me souviens d’un camp scout où les
chefs disposaient d’un GSM en cas d’urgence. Ledit appareil ne
fonctionnait qu’en haut de la colline… à côté de la cabine téléphonique.
Le changement de paradigme des téléphones mobiles est radical,
effrayant. Nous sommes en permanence connectés. Nous « chattons »
partout et tout le temps, un truc à peine imaginable avant les années
2000.
Je me souviens d’avoir lu, vers cette époque, un article expliquant que
certains nerds de San Francisco discutaient via Internet avec leurs
propres colocataires qui étaient dans la chambre d’à côté. C’était
hallucinant, incompréhensible. C’est aujourd’hui la norme.
Le monde de Spirou et Fantasio semble incroyable à mes enfants : pas
d’ordinateur, pas d’Internet, pas de téléphone mobile, pas de GPS. Pas
moyen de se contacter instantanément ni de savoir où on est ! La plupart
des auteurs de fiction modernes en sont réduits à utiliser des
subterfuges narratifs pour contourner l’hyperconnexion : il n’y a
justement pas de réseau dans la maison hantée, les randonneurs dans la
forêt ont justement laissé leur GSM tomber dans la rivière. Parfois, ils
utilisent cette psychose qui affecte désormais l’immense majorité de
l’humanité : « Mon Dieu, je n’ai presque plus de batterie ! »
Nous avons vécu, ces 20 dernières années, une révolution comparable à
l’électrification des ménages. Il est encore trop tôt pour en tirer les
impacts réels à long terme.
Mais une chose est sûre : ces impacts seront plus importants que tout ce
que nous pouvons imaginer.
Pourtant, la frénésie médiatique autour des blockchains puis de l’IA me
fait dire que cela sent la fin de la période « folle », de ce temps
d’exubérance, d’enthousiasme où l’on découvre chaque jour de nouvelles
applications à ce nouveau paradigme. Un peu comme l’enthousiasme pour la
voiture qui a eu lieu entre 1920 et 1960, nous promettant les voitures
volantes et, à la place, remplaçant les trains par des autoroutes. Le
paradigme une fois installé, le marketing a tenté, avec un succès
certain, de maintenir l’enthousiasme sur des détails : le look de la
voiture, le confort, l’ordinateur de bord, la frime ou, plus récemment
avec les voitures électriques, l’aspect pseudoécologique. Mais toujours
avec un paradigme bien installé.
Ce nouveau paradigme de l’ubiquité d’Internet, nous allons désormais en
découvrir le prix à payer, ses inconvénients, les changements qu’il va
avoir sur l’espèce toute entière. En bien comme en mal.
Inutile de lutter : comme pour l’électrification, il n’y aura pas de
marche arrière. Ce n’est d’ailleurs certainement pas souhaitable.
Il est sans doute fini le temps de l’innovation à tout prix comme outil
marketing, de la quête de nouvelles manières d’utiliser Internet afin de
faire le buzz. La révolution est là, elle a eu lieu. Elle a été
tellement rapide qu’elle a laissé de côté beaucoup d’enjeux à long
terme, qu’elle a donné un pouvoir démesuré à quelques psychopathes qui
comptent bien l’exploiter. Il est temps de consolider, d’observer et
d’analyser ce que nous avons fait, de développer plus « sagement » en
réfléchissant aux impacts de ce que nous faisons.
L’ubiquité de l’électricité, l’ubiquité de la voiture, l’ubiquité
d’Internet : des changements de paradigme fondamentaux.
Quel sera le suivant ? C’est la question à plusieurs centaines de
milliards. Personnellement, je ne peux que croiser les doigts pour que
ce soit remettre en cause l’ubiquité de la voiture.
> Adapté de mon journal du 29 mars 2024
Image issue de Camille Flammarion et coloriée par Heikenwaelder Hugo
https://commons.wikimedia.org/wiki/File:Universum.jpg
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Lectures : de la bouffitude du Web et de l’absurde quête d’une norme sociale
by Ploum.net (billets en français uniquement) 29 Mar '24
by Ploum.net (billets en français uniquement) 29 Mar '24
29 Mar '24
LECTURES : DE LA BOUFFITUDE DU WEB ET DE L’ABSURDE QUÊTE D’UNE NORME
SOCIALE
by Ploum on 2024-03-29
https://ploum.net/2024-03-29-lectures-bouffitude-web-norme-sociale.html
La quête absurde de norme sociale
=================================
Alexander Plaum appelle les diffuseurs européens à rejoindre Mastodon.
Public Broadcasters of Europe, Let's All Join Mastodon! (www.ebu.ch)
https://www.ebu.ch/news/2024/03/public-broadcasters-of-europe-lets-all-join…
Une fois de plus, l’article commence par énoncer ce qu’est la
"fédération". Je trouve ça déprimant, car, fondamentalement, c’est le
fonctionnement même d’Internet et de l’email. Le fait que l’on pense
nécessaire de l’expliciter à chaque fois que l’on parle de Mastodon est
effrayant : cela prouve que tous ceux qui viennent de comprendre comment
fonctionne Mastodon n’avaient, en fait, jamais compris comment
fonctionnait Internet et pensent que c’est un truc nouveau. Les
plateformes centralisées nous ont infligé un dommage intellectuel
peut⁻être irréparable en nous privant de tout modèle mental.
La conclusion est également déprimante : il ne comprend pas pourquoi
personne ne s’intéresse à Mastodon alors que tous ceux qui y vont disent
que ça fonctionne, qu’ils ont plein d’interactions.
Ce qui me fascine, c’est le concept de "normalité". Je constate que
beaucoup de personnes autour de moi refusent d’utiliser Signal, Mastodon
ou même autre chose que Google, car elles veulent activement être
"normales". Elles refusent de dévier de ce qu’elles imaginent être "la
norme".
Or, la norme est par définition la moyenne des comportements avec
lesquels vous interagissez. Elle est autocentrée. La norme est donc
différente pour chaque individu. Il n’existe aucune normalisation
sociale universelle. Les personnes qui cherchent à se normaliser se
basent donc sur une norme purement imaginaire. Il en va de même des
rebelles réactionnaires qui rejettent par principe ce qu’ils pensent
être la norme (alors que ce rejet est, parfois, la norme elle-même).
Une fois qu’on a compris l’absurdité du concept de norme sociale, on
peut commencer à s’affranchir des influences exogènes et se poser des
questions personnelles : qu’est-ce qui est juste pour moi ? Qu’est-ce
qui respecte mes valeurs humaines ?
C’est peut-être pour cela que vous voyez dans ces billets autant de
liens vers des articles publiés sur Gemini. Par essence, les personnes
qui postent sur Gemini ne cherchent pas à se normaliser. Elles ne
cherchent pas d’audience (vu qu’elle est à peu près inexistante sur
Gemini). Ce manque d’audience libère également de la pression sociale :
votre employeur ou votre famille a peu de chances de trouver vos écrits
sur Gemini et encore moins de les associer à votre identité si vous
utilisez un pseudonyme. Ce n’est certainement pas un hasard si le
fondateur de Gemini, Solderpunk, est lui-même pseudoanonyme. La
dynamique de ce réseau fait que ce que je lis sur Gemini est
essentiellement libre, spontané, naïf.
Bref, humain.
Rappelez-vous cela la prochaine fois que l’on vous obligera à mettre
votre nom réel sur une plateforme en justifiant que cela rend les débats
plus civils. En fait, l’expérience prouve que c’est exactement le
contraire : avec notre vrai nom, nous sommes forcés d’obéir à une norme
imaginaire sans possibilité d’abandonner nos anciennes idées périmées.
Vous êtes surveillance
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Piqûre de rappel régulière : votre nom véritable permet d’accentuer le
ciblage dont vous êtes l’objet. Car oui, vous êtes sous surveillance
permanente et, oui, ça peut avoir un impact. Une auteurice de romance
utilisant Google Drive pour écrire ses textes a vu son compte Google
suspendu pour avoir écrit des textes sexuellement explicites. Dans son
Google Drive.
Partage sur Mastodon d’un post Instagram décrivant la suspension d’un
compte Google
https://fandom.ink/@Rozzychan/112161902225538242
Je l’ai déjà dit et je le redis : vos comptes peuvent être suspendus
sans aucun avertissement, sans aucun recours et sans même une raison
valable. C’est arrivé à un de mes amis chercheur à l’université qui a
tout perdu, même l’accès à ses apps et n’a pu récupérer son compte que
parce qu’il connaissait quelqu’un travaillant chez Google. Il n’a jamais
eu d’explication.
Et si vos comptes disparaissaient demain ?
https://ploum.net/et-si-vos-comptes-disparaissaient-demain/index.html
Et même si vos comptes ne sont pas suspendus, chez les GAFAM, leur
contenu est en permanence analysé par des algorithmes qui tentent de
vous classifier comme pédophile, terroriste, pirate de contenu voire,
linuxien ou écologiste.
Et c’est bien pire que ce que vous pensez. Dernier exemple en date :
Facebook partage avec Netflix et Spotify les messages privés des ses
utilisateurs pour les aider à mieux cerner les tendances.
Facebook let Netflix see user DMs, quit streaming to keep Netflix happy:
Lawsuit (sebsauvage.net)
https://sebsauvage.net/links/?LZ9hxA
La pourriture volontaire du marketing
=====================================
Sur le Web traditionnel, « normal », j’entends régulièrement des
personnes pester contre les lois européennes qui nous pourrissent la vie
avec les popups nous forçant à accepter les cookies. Les commerçants se
plaignent également de devoir complexifier leur site web.
Rappelons une chose : le RGPD n’exige en aucun cas de vous ennuyer avec
les cookies. En fait, l’immense majorité des bandeaux qui vous embêtent
sont illégaux selon le RGPD.
There is no EU cookie banner law (www.bitecode.dev)
https://www.bitecode.dev/p/there-is-no-eu-cookie-banner-law
Sur Ploum.net, vous n’avez rien à accepter et pourtant je respecte le
RGPD. Tout simplement parce que je n’utilise pas ni ne revends pas vos
données. Et même si je le faisais, je pourrais simplement utiliser la
fonctionnalité « Do Not Track » de votre navigateur.
Les bandeaux d’acceptation de cookies que vous voyez ont tous été conçus
par une poignée d’entreprises qui ont, volontairement et consciemment,
décidé de vous rendre la vie la plus merdique possible afin de vous
faire croire que le RGPD était une mauvaise idée. C’est une
manipulation mensongère consciente, assumée et parfaitement illégale.
De la légalité des bannières de consentement IAB
(www.pixeldetracking.com)
https://www.pixeldetracking.com/fr/le-consentement-en-pratique
Vous sous-estimez à quel point les gens qui travaillent dans le
marketing sont de dangereux psychopathes connards et menteurs qui n’ont
qu’un seul objectif : vous pourrir la vie pour une poignée d’euros. En
fait, c’est la définition même de leur métier.
Simplifier son usage du téléphone
=================================
Un autre exemple de la merdification que nous acceptons dans nos vies :
Corscada a enlevé Facebook Messenger et Instagram de son téléphone. Son
autonomie est immédiatement passée de 5-8h à 24h. L’utilisation de ces
plateformes à un coût énorme. Non seulement sur votre attention, sur
votre temps de vie disponible, mais également sur votre mode de vie :
lorsqu’on est addict à son téléphone et qu’on doit le charger toutes les
5h, on ne vit pas la même vie que si on le charge tous les deux jours.
Sans compter qu’on sera plus susceptible d’acheter un nouveau téléphone
lorsque l’ancien sera « mort » (bah oui, la batterie ne tient plus que
3-4h, il me faut un nouveau).
Accidentally optimising for battery life (corscada.uk)
gemini://corscada.uk/dump/2024-03-19-optimising-for-battery-life.gmi
Booteille a poussé l’expérimentation encore plus loin en passant 3 ans
sans téléphone. Mais, pour être honnête, il n’avait ni femme ni enfant.
C’est d’ailleurs à cause de ses sentiments pour une fille qui ne
répondait pas à ses emails qu’il a fini par craquer et en reprendre un.
3 ans sans téléphone portable, mon expérience (blog.dreads-unlock.fr)
https://blog.dreads-unlock.fr/3-ans-sans-telephone-portable-mon-experience/
La « bouffitude » du web
========================
L’impact du web moderne n’est pas tellement sur la taille des sites web,
qui n’a finalement été « que » multipliée par 1000. Mais surtout sur la
puissance des processeurs nécessaires à faire le rendu. Dans cet
exemple, Dan Luu montre qu’il n’est pas capable d’utiliser un forum
Discourse (pourtant pas le site le plus lourd) avec un processeur qui
n’est « que » 100.000x plus rapide que son vieux 286. Vieux 286 qui lui
permettait exactement le même usage que Discourse à travers les BBS sur
une connexion de 1200 bauds.
How web bloat impacts users with slow devices (danluu.com)
https://danluu.com/slow-device/
Il faut donc des appareils un million de fois plus puissant que ceux
d’il y a 40 ans pour accomplir… la même chose ! Nous sommes en train de
recréer artificiellement une fracture numérique en excluant celleux qui
n’ont pas la possibilité ou la volonté de mettre à jour leurs appareils
tous les 4-5 ans. Et cela, sans raison… Dan Luu note que la plupart des
appareils qui n’arrivent pas à afficher des pages web « modernes » sont
capables de faire tourner des jeux 3D comme PUBG à 40FPS. Des jeux
inimaginables il y a 30 ans peuvent tourner sur le processeur. Mais des
pages web pas tellement différentes de celles d’il y a 30 ans ne passent
plus.
Le reste de l’article plonge dans les détails et explore les délices des
arguments des développeurs qui considèrent qu’on tend vers une puissance
CPU infinie et qu’il faut donc optimiser pour la bande passante, pas le
CPU. Ce que je trouve fascinant avec cette approche, c’est de considérer
que puisqu’il existe des CPUs puissants, il faut absolument les faire
travailler ! Et tout le monde peut se les payer. Du moins, les gens qui
comptent. Voilà…
Offline Fur Sock
================
Vous savez que je pratique la démarche exactement opposée en développant
un navigateur web minimaliste en ligne de commande et fonctionnant
déconnecté.
Offpunk, un navigateur déconnecté pour le smolnet
https://sr.ht/~lioploum/offpunk/
À propos d’offline, Solderpunk, le créateur du protocole Gemini, annonce
la création d’un challenge consistant à développer en un mois une petite
application offline permettant de se passer d’une interaction en ligne.
Announcing OFFLFIRSOCH 2024 (solderpunk)
gemini://zaibatsu.circumlunar.space/~solderpunk/gemlog/announcing-offlfirsoch-2024.gmi
Quand on y pense, c’est particulièrement absurde que, pour calculer une
température en Farenheit ou la valeur en euro d’un prix en dollar, nous
chargions une page web bourrée de traqueurs, que nous lancions des
centaines de requêtes qui seront interprétées par des algorithmes
"intelligents" hyper consommateurs de ressource dans d’immenses data
centers. Tout ça pour faire une satanée multiplication que n’importe
quel ingénieur de plus de soixante ans fait de manière bien plus rapide
avec sa règle à calcul !
Du coup, grâce à Solderpunk, j’ai découvert l’application en ligne de
commande "units" qui est parfaite et hyper intuitive à utiliser (un
petit "sudo units_cur" est cependant nécessaire pour mettre à jour les
taux de change).
Être moins en ligne est également incroyablement positif pour la
programmation. Je pense que lorsqu’on cherche "comment résoudre un
problème" et qu’on trouve plein de solutions à tester, on n’apprend
rien. On ne fait que répéter aveuglément. Le problème de base en
informatique est de ne pas avoir un modèle intellectuel sous-jacent. Or,
ce modèle se crée et s’affine par l’apprentissage. En appliquant
aveuglément des solutions, nous n’apprenons pas. Nous n’améliorons pas
notre modèle mental.
En étant déconnecté, je me suis surpris à lire les pages de manuel des
applications que j’utilise, forçant la construction d’un modèle mental.
Dans certains cas, j’ai même été jusqu’à lire le code source afin de
comprendre exactement ce que je devais faire. Cette étape a été une
révélation : soudainement, au lieu d’appliquer des paramètres aléatoires
en tentant de "deviner" ou retenir par cœur, je me suis surpris à
comprendre exactement ce que le code faisait et donc comment il fallait
utiliser l’application, gagnant du temps sur le moyen et le long terme.
Mais il est tellement difficile d’accepter de sacrifier un peu de temps
sur le court terme. Il est tellement rare dans notre société de ne pas
chercher une solution "rapide", mais, au contraire, d’investir sur le
long terme dans la compréhension et la maitrise des outils que nous
utilisons.
D’ailleurs, ce n’est peut-être pas un problème confiné à l’informatique…
À demain !
==========
Bon, ce n’est pas tout, mais on se voit samedi à Trolls & Légendes sur
le stand PVH ?
Ploum - Trolls & Légendes (trollsetlegendes.be)
https://trollsetlegendes.be/ploum/
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Se rencontrer prochainement à Mons ou à Paris
by Ploum.net (billets en français uniquement) 25 Mar '24
by Ploum.net (billets en français uniquement) 25 Mar '24
25 Mar '24
SE RENCONTRER PROCHAINEMENT À MONS OU À PARIS
by Ploum on 2024-03-25
https://ploum.net/2024-03-25-rencontres-paris-avril.html
> En bref : je serai à Trolls & Légendes le samedi 30 mars et au
Festival du livre de Paris le samedi 13 avril. Avant une soirée ouverte
à tou·te·s le même jour à la librairie « À Livr’Ouvert ».
Ces derniers temps, j’ai l’énorme chance de recevoir pas mal de mails de
votre part, dont beaucoup pour me remercier ou m’encourager. Lorsque le
message ne le demande pas, je n’y réponds pas. À la fois par besoin de
gérer mon temps, mais aussi, en toute honnêteté, parce que c’est un peu
absurde de surcharger le réseau avec des « Merci pour votre merci ».
Mais que les choses soient claires : je lis (et relis parfois plusieurs
fois) chacun de vos messages. Ils m’encouragent et me font chaud au
cœur. Que soient ici mille fois remerciés ceux qui prennent le temps de
me contacter ! Et je lis tous les liens que vous me recommandez, je suis
très intéressé par vos propres écrits.
Mais ce qui est vraiment chouette, c’est de se rencontrer en chair et en
os lorsque l’occasion s’y prête. Et, justement, c’est le cas !
Trolls & Légendes, Mons, samedi 30 mars
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Le samedi 30 mars, je serai au festival Trolls & Légendes à Mons.
Rendez-vous sur le stand des éditions PVH.
Ploum - Trolls & Légendes (trollsetlegendes.be)
https://trollsetlegendes.be/ploum/
Je ne serai présent que le samedi. Je le précise, car, l’année passée,
certains ont demandé après moi le dimanche. Et ça me fait mal au cœur de
se rater. Cette année, je prends mes boules quies. Parce qu’une journée
complète à se taper des reprises d’Iron Maiden au biniou dans un hangar
qui résonne, ça laisse des séquelles.
Paris, samedi 13 avril
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Le samedi 13 avril à Paris sera pour moi une grosse journée. Tout
d’abord, le matin, je vais souhaiter un joyeux anniversaire à ma maman
(rappelez-le-moi si j’oublie !).
Ensuite, je serai au Festival du livre de Paris de 13h30 à 15h sur le
stand « Livre Suisse » (B21).
Ploum au Festival du Livre de Paris (www.festivaldulivredeparis.fr)
https://www.festivaldulivredeparis.fr/fr/dedicaces/view/4679/stagiaire-au-s…
Si vous êtes dans le coin, venez faire un coucou parce que quand je vois
la liste des auteurs présents, j’ai vraiment l’impression d’être le
petit belge bouseux qui débarque de sa cambrousse. En plus, je serai sur
un stand suisse (parce qu’y’a des blagues, c’est plus rigolo quand c’est
un Belge. Si ! Si on est suisse…).
À 15h, je m’éclipse pour me rendre dans le 11e arrondissement, en
compagnie de Gee (mais si, celui de Grisebouille et de Superflu Riteurnz
himself!), à la librairie « À Livr’Ouvert » tenue par Bookynette, la
présidente de l’April (rien que ça).
Samedi 13 avril - Présentation des éditions PVH avec Gee et Ploum
(www.alivrouvert.fr)
https://www.alivrouvert.fr/rencontres/2024/0413-pvh/
Au menu, une rencontre en toute décontraction avec deux auteurs
profondément geeks et libristes ainsi qu’une présentation de la
philosophie de l’édition libre et de la maison d’édition PVH par son
fondateur, Lionel Jeannerat qui, cerise sur le gâteau, offre un apéro
typiquement suisse ! À ne pas manquer si vous êtes sur Paname ce jour-
là, ça va vraiment être très cool !
Les rencontres, comme mes écrits, sont libres
=============================================
Je le précise parce qu’on me l’a déjà demandé : l’achat de livres est
entièrement facultatif (sauf quand mon éditeur surveille, bien entendu).
Vous êtes les bienvenus pour discuter et échanger sans aucune obligation
d’achat. Oui, vous avez le droit d’apprécier mon blog et de ne pas être
intéressé par des romans de SF (ou de préférer les pirater sur libgen).
D’ailleurs, entre nous, ça me fait très plaisir de rencontrer des
lecteurs de mon blog. Il y a des moments où, sur un stand de dédicace,
on se sent parfois seul. Sauf si, bien sûr, on s’appelle Henri
Lœvenbruck et qu’on a en permanence trois cents lecteurs qui font la
queue en hurlant votre prénom. Ce n’est heureusement pas mon cas,
n’hésitez pas à venir faire un coucou, à me conseiller vos lectures ou
vos BDs préférées.
Cette année, je fais l’impasse sur les Imaginales et ne serai finalement
pas à Ouest Hurlant, mon prochain roman n’étant disponible qu’en
octobre. Il est très différent de Printeurs et je pense qu’il va vous
plaire. Je suis impatient de vous le partager. Si vous êtes libraire ou
organisateur d’une conf ou d’un festival, n’hésitez pas à me contacter
ou à contacter mon éditeur. Ce sera un plaisir de voyager en
francophonie pour vous le présenter.
Au plaisir de vous rencontrer !
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