30 Mar '23
KEYNOTE TOURAINE TECH 2023 : POURQUOI ?
by Ploum on 2023-03-30
https://ploum.net/2023-03-30-tnt23-pourquoi.html
> Cette conférence a été donnée le 19 janvier 2023 à Tours dans le cadre
Touraine Tech.
> Le texte est ma base de travail et ne reprend pas les nombreuses
improvisations et digressions inhérentes à chaque One Ploum Show.
Vidéo de la conférence (50 minutes)
https://www.orion-hub.fr/w/eGh3n2eNdTtHDB9ohiM5jp
Bonjour. Cela me fait plaisir de vous rencontrer dans cette école
polytechnique de Tours, car je suis moi-même issu d’une école
polytechnique où j’enseigne et travaille. Le terme « Polytechnique » est
magnifique : plusieurs technologies, plusieurs domaines. Chez nous, à
Louvain, nous avons le département de mécanique,le département
d’électricité, de chimie, de construction, quelques autres et enfin le
département d’informatique.
Lorsqu’on a étudié en polytechnique, on devient un ingénieur. Il m’a
fallu des années pour articuler la différence entre un scientifique et
un ingénieur. Mais au fond, c’est très simple : le scientifique cherche
à comprendre, à découvrir les lois de la nature. L’ingénieur cherche à
contourner les lois ainsi découvertes. Le scientifique dit « cette
feuille de papier tombe ! », l’ingénieur la plie en avion et réponds
« pas toujours ». L’ingénieur produit donc des miracles : malgré la
gravité, il fait voler des avions de plusieurs centaines de tonnes. Il
arrive à construire des bâtiments, des ponts qui enjambent des gouffres.
Produire des matériaux capables de résister à une rentrée dans
l’atmosphère à haute vitesse. Ou d’inventer un procédé pour que la bière
fasse psshhh lorsqu’on décapsule la canette. J’ai eu un professeur qui a
fait fortune avec un tel procédé. Les ingénieurs (et pas seulement ceux
qui ont le diplôme, je parle aussi de ceux qui le sont par expérience)
prennent donc des lois immuables de la nature comme la gravité, la
résistance, la mécanique vibratoire, l’électricité et ils assemblent le
tout pour en faire des avions, des ponts, des sous-marins, des
satellites ou des tranches de jambon qui se conservent au frigo.
L’ingénieur est donc un rebelle, il cherche le progrès, à changer le
monde.
À l’opposé, il y’a une catégorie de personnes qui prennent des
inventions humaines et tentent d’en faire des lois naturelles, de se
convaincre qu’on ne peut pas les dépasser. Cela s’appelle la théologie.
C’est exactement l’inverse de l’ingénieur : faire croire que des écrits
produits par des humains morts depuis longtemps ne pourront pas être
dépassés ni améliorés.
Dans les facultés polytechniques, on trouve rarement un département de
théologie.
Par contre, on a désormais immanquablement un département
d’informatique. Et quelles sont les lois de la nature qui y sont
utilisées ? Une seule : faire bouger un électron le plus vite possible.
On y arrive d’ailleurs tellement bien que ce n’est plus vraiment un
problème. On pourrait arguer que certains problèmes algorithmiques
relèvent des lois de la nature, mais rares sont les ingénieurs en
informatique qui s’y confrontent tous les jours.
La réalité est que l’informatique est désormais réduite à prendre le
travail de personnes qu’on ne connait pas et de les instituer en lois
incontournables puis de tenter de construire par-dessus sans jamais, au
grand jamais, tenter de les contourner et les remettre en question.
L’informatique n’est plus de l’ingénierie, c’est devenu de la théologie.
Le travail de l’informaticien est une sorte de puzzle intellectuel
comparable à ce que font les rabbis lorsqu’ils interprètent la Torah.
L’informaticien n’est plus un rebelle progressiste, mais un conservateur
au service de l’immobilisme.
Si vous travaillez dans l’informatique, il y’a de fortes chances que
votre mission réelle puisse se résumer à « afficher sur l’écran d’un
client les chiffres et les lettres qu’il souhaite y voir ». D’accord, il
y’a parfois des images et du son. Mais que ce soit sur Youtube ou
Soundclound, l’interface première pour accéder à une vidéo, une image ou
un son reste le texte. Imaginez Spotify ou Netflix sans aucun texte ?
Inutilisable. Sans image ? Peut-être un poil plus rébarbatif, mais c’est
tout. Une fois maitrisés la compression et le transfert des sons et
images d’un ordinateur à l’autre, le seul travail reste donc le texte.
D’ailleurs, que ce soit dans un éditeur de code, un traitement de texte
ou un client email, force est de constater que nous passons l’essentiel
de notre temps à frapper des touches pour écrire du texte. Et que lire
ou réfléchir est rarement perçu comme un véritable travail. D’ailleurs,
si on s’arrêtait pour réfléchir, on serait probablement effrayé.
Surpris. On ne pourrait s’empêcher d’articuler à voix haute cette phrase
terrible, hantise de tout maniaque de la productivité : « Mais c’est
quoi ce bordel ? » voire, bien pire, ce simple mot, honni, banni du
vocabulaire de l’immense majorité des cerveaux de la startup nation :
« pourquoi ? »
C’est vrai ça, pourquoi ?
Réponse typique : parce que c’est comme ça, parce que tout le monde fait
comme ça, parce qu’on a toujours fait comme ça, parce qu’on te dit de
faire comme ça et tu ne vas pas changer le monde.
Et bien si, justement ! On change le monde. On doit changer le monde. On
ne peut que changer le monde. Alors autant réfléchir dans quel sens on
veut le faire évoluer.
Depuis les années 80, on sait échanger des messages entre ordinateurs
avec l’email, on sait échanger des fichiers avec FTP, on sait discuter
et s’engueuler publiquement sur Usenet. Le seul truc encore difficile
était de savoir où trouver l’information. Qu’à cela ne tienne, en 91, un
Anglais et un Belge travaillant en Suisse dans un bureau situé du côté
français de la frontière inventent… le web ! Ça commence comme une
blague, non ?
Le but du web n’est, à la base, que de permettre d’accéder facilement à
la documentation de la plus grosse machine jamais construite par
l’homme : l’accélérateur de particules du CERN. Avec le web, on peut
cliquer de page en page pour découvrir du contenu en utilisant des
hyperliens. Le web n’a pas inventé la notion d’hyperliens. En fait, le
concept était à l’époque sur toutes les lèvres, il y’avait même une
conférence dédiée au sujet. Tim Berners Lee y a d’ailleurs présenté le
web lors de l’édition de 92. Dans une petite salle au fond du couloir et
dans l’indifférence générale. Personne n’a trouvé ça excitant ou
intéressant.
Une fois qu’on a eu le web, on peut dire qu’on avait résolu l’essentiel
des problèmes techniques permettant l’usage d’Internet. On pouvait
désormais afficher n’importe quel texte sur n’importe quel ordinateur.
Le truc commence à avoir du succès et un jeune Américain très ambitieux
va avoir une idée. Il travaille pour un organisme américain parastatal
et programme un navigateur web : Mosaic. Il décide de quitter son job
pour créer un navigateur web commercial. Afin de rendre le truc cool, il
ajoute une balise image au HTML initial.
Le mec en question s’appelle Marc Andreesen et son navigateur Netscape.
Tim Berners Lee est pas trop chaud pour la balise image. Il propose des
alternatives. Il craint que les pages web deviennent de gros trucs
flashy illisibles. Rétrospectivement, on ne peut pas vraiment lui donner
tort. Mais Marc Andreesen n’en a cure. Il intègre sa propre balise image
à Netscpape et distribue Netscape gratuitement. Il devient millionnaire
et fait la couverture de nombreux magazine.
Attendez une seconde… Il devient millionnaire en payant des gens à
programmer un truc distribué gratuitement ? Tout un concept ! Devenir
millionnaire en dépensant de l’argent, c’est pas mal non ?
Le secret, c’est de dépenser l’argent des autres. On prend l’argent des
investisseurs, on l’utilise pour créer un truc qui ne rapporte rien,
mais qui est très cool (le terme technique est « bullshit ») et on
attend qu’une grosse boîte rachète le tout parce que c’est cool. Marc
Andreesen invente littéralement le concept de web startup qui perd de
l’argent et vaut des milliards. Le concept reste d’ailleurs aujourd’hui
très populaire. Quand on y pense, toute l’économie du web est une
gigantesque pyramide de Ponzi qui attend les prochains pigeons… pardon,
investisseurs. Les cryptomonnaies, à côté, c’est du pipi de chat, du
travail d’amateur.
Mais revenons à nos moutons : on sait désormais tout faire sur Internet.
Il faut juste se former un minimum. Mais le marketing va s’emparer de
l’histoire pour le complexifier à outrance. Tout en prétendant le rendre
plus simple. D’abord il va y avoir Java. Puis Javascript qui est, de
l’aveu de son créateur, un truc bâclé créé sur un coin de table pour
faire une démo. Le truc est tellement infâme que peu de monde le
comprend. Du coup, on rajoute une surcouche qu’on appelle AJAX. Et comme
Ajax est trop compliqué, on crée des frameworks au-dessus de cela. Et
comme chaque framework est compliqué, on fait des frameworks de
frameworks. La philosophie est simple : chaque fois qu’une andouille
quelconque veut afficher du texte sur l’écran d’un client, elle se rend
compte que c’est compliqué. Alors elle décide d’écrire une abstraction
qui simplifie le tout. Et, évidemment, son abstraction se confronte
rapidement au fait que la réalité est complexe. Soit elle abandonne son
idée, soit elle la complexifie jusqu’au point où une autre andouille la
trouve trop compliquée. Et le cycle recommence.
En prétendant simplifier, nous ne faisons que complexifier. Et il y’a
une raison à cela : la complexité est un argument marketing. Elle donne
une illusion de valeur, de la maitrise d’un savoir obscure accessible
uniquement aux initiés. C’est le principe de l’occultisme et du
mysticisme voire de l’astrologie : prétendre que tout est très compliqué
et qu’il faut être initié. C’est une arnaque vieille comme le monde.
Le problème de la complexité, outre son coût et le fait qu’elle entraine
une dépendance au fournisseur, un vendor lock-in, est qu’elle force à un
simplisme paradoxal. Je m’explique : le problème semble conceptuellement
simple. Simpliste même. Et pourtant incroyablement difficile à
implémenter, nécessitant des experts pour les détails. La réalité c’est
que tout est facile à implémenter dès lors que l’on sait précisément ce
qu’on veut faire. Définir ce qu’on veut est incroyablement complexe.
C’est se demander « pourquoi ? ». Intuitivement, on rêve tous d’une
maison de plain-pied à deux étages. Ou ce groupe de clients qui avaient
bossé à cinq pendant plusieurs semaines pour me fournir des specs très
précises. Une liste de « requirements ». Qui était incohérent entre eux.
Que voulons-nous réellement ? Et surtout, pourquoi le voulons-nous ?
Masquer les choix sous la complexité permet de nier leur existence. De
faire croire qu’il n’y a pas de choix. Et de permettre à d’autres de
faire des choix. Pourquoi avons-nous eu Java et Javascript ? Car
Netscape voulait rendre Microsoft obsolète et devenir calife à la place
du calife. Pas pour être utile à l’utilisateur. Cacher les choix
fondamentaux permet d’étouffer le citoyen sous un sentiment
d’inexorabilité. De le transformer en utilisateur, de lui faire perdre
son statut d’acteur de sa propre vie.
Que voulons-nous faire ? Afficher du texte sur un écran. Pourquoi ?
Chaque mise à jour, chaque nouveauté n’est que l’assertion d’une
autorité arbitraire. On ne rend pas un système plus facile en le
simplifiant. On le rend plus facile en le rendant apprenable. Qui
d’entre vous sait conduire une voiture manuelle ? C’est pourtant hyper
complexe quand on y pense. Et hyper dangereux. Vous risquez votre vie au
moindre écart. Pourtant, vous l’avez appris en quelques semaines,
quelques mois. Et vous vous améliorez d’année en année.
L’informatique est compliquée ? Non, elle est insaisissable. Elle change
tout le temps. Ça va de la mise à jour prétendument de sécurité qui
introduit un nouveau bug à ce fameux nouveau design avec des nouvelles
icônes. Dont vous êtes si fier. Pour l’utilisateur, c’est l’obligation
de réapprendre, de s’adapter sans aucune raison. J’utilise le service
Protonmail pour mes mails et mon calendrier. L’icône du mail était une
enveloppe avec le haut en forme de cadenas. Le calendrier était… une
page de calendrier. Sur mon téléphone eink en noir et blanc, ça passait
nickel. Y’avait qu’une seule couleur de toute façon. Puis est venu un
redesign complet. Pour quelle raison ? Aucune idée. Le mail est
désormais un rectangle dans un dégradé de mauve avec un creux figurant
vaguement une enveloppe. Le calendrier est le même rectangle sans le
creux. Sur mon écran eink, c’est icône sont des pâtés sans aucune
signification.
Les utilisateurs ont vite compris ce que les geeks ne voulaient pas
admettre : votre vie n’est qu’à un upgrade de devenir merdique. Du coup,
le réflexe le plus rationnel est de ne pas faire les mises à jour.
Sérieusement, vous connaissez un seul utilisateur qui se dit « Génial !
Un nouveau design pour cette application que j’utilise depuis des
années ! » ?
Comment l’industrie a-t-elle réagi ? En se posant la question de savoir
pourquoi l’utilisateur ne fait pas ses mises à jour ? Non, en forçant
ces mises à jour. En rendant la vie de l’utilisateur encore plus
misérable à travers des culpabilisations. À travers des notifications
incessantes. En lui prétendant que c’est pour sa sécurité. Vous savez
quoi ? L’utilisateur n’est jamais en danger si son ordinateur n’est que
rarement connecté. La plupart des risques sont liés à la complexité
imposée à l’utilisateur. Si son navigateur se contentait d’afficher le
texte qu’il veut voir, il ne risquerait rien. Il ne serait pas forcé de
racheter un nouvel engin à l’empreinte écologique crapuleuse. Sans
compter que l’immense majorité des menaces, comme les arnaques, ne
peuvent pas être résolues par des mises à jour.
Ma liseuse fonctionne très bien. Elle n’est jamais en ligne. J’y charge
des epubs par USB. L’autre jour, j’ai activé par erreur le wifi. Elle
m’a immédiatement annoncé une mise à jour importante. En consultant le
changelog détaillé, j’ai découvert que cette mise à jour ajoutait une
nouvelle fonctionnalité : des lectures suggérées de la boutique Vivlio
sur la page d’accueil. La mise à jour m’aurait donc permis d’avoir… des
publicités sur mon engin. Des publicités sur cet écran que je prends
avec moi dans mon lit…
Chaque mise à jour rend la vie de l’utilisateur encore plus misérable
dans le seul but de faire bander le responsable marketing qui se paluche
devant le nombre de "clics" (encore du texte affiché sur un écran) ou de
faire mouiller la responsable du rebranding qui trouve trop super de
bosser avec une équipe de designers sous ecstasy.
Las d’être exploités, certains utilisateurs se réfugient dans la théorie
du complot. Vous avez déjà vu 4chan, le site où naissent la plupart de
ces théories ? Du pur HTML sans artifice. D’autres, comme moi, se
réfugient dans d’obscures niches comme Gemini. L’industrie prétend alors
se tourner vers le minimalisme. Comme Medium par exemple ? Vous avez
déjà vu le code source d’une page Medium ? Faites-le et vous supprimerez
immédiatement votre compte si vous en avez un. C’est ce que j’appelle le
"paradoxe Medium" : tout projet minimaliste va soit disparaitre, soit
grandir assez pour voir apparaitre une surcouche alternative permettant
un accès minimaliste… au service minimaliste (scribe.rip pour Medium,
Nitter pour Twitter, Teddit pour Reddit, etc.). D’ailleurs, vous
connaissez beaucoup de monde qui surfe sur le web sans différents
adblocks ? On est désormais habitué à une couche de complexité qui sert
à contourner les couches de complexités que nous avons nous-mêmes
implémentées.
L’industrie du web est une gigantesque pyramide de Ponzi qui tente
d’exploiter jusqu’au trognon des utilisateurs contrôlés, humiliés et
traités de crétins. Mais le web est devenu trop important. Il est devenu
un pilier sociétal. Fuir le bateau n’est pas une option. Nous sommes à
un moment crucial pour l’histoire de l’humanité. Et pour sauver
l’humanité, il faut sauver le web. Revenir aux fondamentaux. Afficher du
texte sur l’écran d’un citoyen.
Concervoir des systèmes qui s’apprennent. Et donc ne changent pas.
Respecter l’humain. Et donc lui donner le texte dont il a besoin sans
l’espionner. Sans l’assommer. Bordel, je veux juste commander un
hamburger, pas installer votre app moisie.
L’année passée, je ne suis posé la question pour mon propre blog. Il m’a
fallu beaucoup de temps pour arriver à une simple conclusion. Pour
répondre à la question « pourquoi ? ». Et la réponse était : pour être
lu ! J’ai réécrit tout mon blog sous forme de pages statiques que je
génère avec mon propre script Python. C’est très simple en fait
lorsqu’on sait ce qu’on veut. La page d’accueil de mon blog, sous
Wordpress, faisait presque 1 Mo. Elle fait désormais 5 ko. J’ai retiré
toutes les images qui n’aident pas à la lecture. Je pense que les
réseaux sociaux sont un obstacle à la lecture. Ils nous déconcentrent,
nous manipulent. Du coup, j’ai supprimé tous mes comptes exceptés
Mastodon.
Est-ce que tenter d’augmenter le nombre de followers sur un réseau
m’aide à être lu ? Non. Ce nombre n’aide rien. Il est de toute façon
faux, fictif. Supprimés les concours de followers. En tout et pour tout,
en plus du HTML, j’ai ajouté 40 lignes de CSS. Pas une de plus. Chacune
n’a été ajoutée que si elle pouvait aider la lecture de mes écrits sans
a priori esthétique.
On pourrait croire que ça fait un blog un peu rétro, genre brutaliste.
Pourtant, dès les premiers jours, j’ai reçu plusieurs demandes pour mon
« template ». Y’a 40 lignes de CSS dont la moitié servent juste au menu
au-dessus de chaque page !
Je me suis aussi cassé la tête sur l’idée d’une pagination pour naviguer
entre les articles, sur un moteur de recherche. Mais j’affiche désormais
simplement la liste de tous mes billets sur une page. Aussi simple que
cela. Ne me dites pas que ça ne « scale pas » : y’en a presque 900 ! Le
moteur de recherche ? Un simple ctrl+f dans votre navigateur. Encore un
truc apprenable qui est ignoré, car la complexité le rend inutilisable
sur la plupart des sites « modernes ».
La conséquence la plus étonnante de tout cela, c’est le nombre de
lecteurs qui me contactent à propos d’anciens billets. C’est simple,
rapide et ça charge instantanément même sur les mauvaises connexions. Du
coup les gens me lisent. C’est tellement inhabituel de ne pas devoir
attendre, de ne pas devoir se casser la tête.
J’ai un très bon laptop et pourtant, sur le web, chaque page met
quelques fractions de seconde à s’afficher. À chaque page, mes bloqueurs
empêchent des centaines de requêtes, évident des mégaoctets entiers de
téléchargement. Et les responsables de cet état de fait sont dans cette
salle. Ils l’ont implémenté sans demander « pourquoi ? ».
Alors je vous le demande. Non plus comme un confrère ingénieur, mais
comme un citoyen du web qui en a assez de devoir considérer son propre
navigateur comme un territoire hostile. Apprenez à demander
« pourquoi ? ». Puis à répondre « non ». Plutôt que de réfléchir sur le
prochain framework JavaScript ou l’utilitaire de tracking de
statistiques et le surdimensionnement du data center pour héberger un
elasticsearch clustérisé à redondance asynchrone dans des containers
virtualisés à travers un cloud propriétaire à charge répartie monitoré
depuis une app custom nodejs qui achète automatiquement des certificats
d’offset CO2 pour obtenir le label de datacenter durable, le tout à
travers des transactions byzantines sur une blockchain permissioned qui
trade de manière décentralisée sur le marché parallèle.
Bon, en fait, les blockchains permissioned, c’est une arnaque
sémantique. Cela veut juste dire « base de données centralisée ». Les
offsets carbone sont une vasque escroquerie. Ce sont les indulgences de
notre siècle enrobées d’un capitalisme foncièrement malhonnête (si vous
achetez des offsets carbone, vous pouvez arrêter, vous êtes en train
d’enrichir des escrocs tout en encourageant un système qui a démontré
faire pire que mieux). Et votre application distribuée va de toute façon
se casser un jour la gueule le jour où une mise à jour sera faite dans
un obscur repository github dont vous ignorez l’existence, entrainant
une réaction en chaine démontrant que votre app sans single point of
failure n’était pas sans single point of failure que ça finalement.
Je sais, le client est roi. Il faut payer les factures. À partir d’un
certain montant, on obéit. Et à partir d’un autre, on prétend aimer ça :
« Oh oui, c’est génial, nous rêvons de développer un showroom virtuel
pour vos nouveaux SUVs. Un véritable challenge ! Un peu comme ce système
de ciblage publicitaire pour adolescents que nous avons développé pour
Philipp Morris, n’est-ce pas Brenda ? »
L’important n’est pas de devenir parfait ni puriste. Nous sommes tous
pleins de contradictions. L’important est d’arrêter de se mentir, de
justifier l’injustifiable. De savoir pourquoi on fait les choses. Mettre
le nez de vos commanditaires dans leur propre caca en leur posant la
question : « pourquoi ? ». Et, sur le web, de revenir à l’essentiel :
afficher du texte.
Cette réflexion m’a amené à écrire avec… une machine mécanique. À
publier en utilisant une technologie complètement libre, sans monopole,
sans app store et avec une empreinte écologique non négligeable, mais
bien moindre que l’informatique : le livre. Un livre qui sera toujours
lisible, échangeable, copiable quand toutes les lignes de code que nous
avons produit collectivement auront depuis longtemps été oubliées.
Écrire à la machine et lire des livres papier sont des actes rebelles.
Mais j’aime trop l’informatique pour m’en passer. Je veux qu’elle
redevienne rebelle. Qu’elle redemande « pourquoi ? ». Je vous demande de
m’aider. Je vous confie cette mission : l’informatique doit cesser
d’être une religion prônant l’obéissance, la soumission, l’humiliation,
la consommation. Elle doit redevenir une science. Un art.
Une liberté…
Photo par Adrien Gacon sur le Flickr Touraine Tech
https://www.flickr.com/photos/164202300@N04/52732219488/in/album-7217772030…
Vidéo originale sur Youtube
https://www.youtube.com/watch?v=mXuPJtV07vE
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Dédicaces à la foire du livre de Bruxelles ce samedi 1ᵉʳ avril
by Ploum.net (billets en français uniquement) 27 Mar '23
by Ploum.net (billets en français uniquement) 27 Mar '23
27 Mar '23
DÉDICACES À LA FOIRE DU LIVRE DE BRUXELLES CE SAMEDI 1ᵉʳ AVRIL
by Ploum on 2023-03-27
https://ploum.net/2023-03-27-foire-du-livre-bruxelles.html
Ce samedi 1ᵉʳ avril, je dédicacerai mon roman et mon recueil de
nouvelles à la foire du livre de Bruxelles.
Bon, dit comme ça, c’est pas très rigolo comme poisson d’avril, mais là
où c’est plus marrant c’est que je serai sur le stand du Livre Suisse
(stand 334). Ben oui, un Belge qui fait semblant d’être suisse pour
pouvoir dédicacer à Bruxelles, c’est le genre de brol typique de mon
pays. Bon, après, je vais sans doute être démasqué quand je sortirai ma
tablette de « vrai » chocolat (belge !)
Y a des blagues, comme disait Coluche, où c’est plus rigolo quand c’est
un Suisse…
Bref, rendez-vous de 13h30 à 15h et de 17h à 18h30 au stand 334 (Livre
Suisse) dans la Gare Maritime. C’est toujours un plaisir pour moi de
rencontrer des lecteurs qui me suivent parfois depuis des années. Ça va
être tout bon !
Ploum dans le programme de la Foire du Livre de Bruxelles
https://flb.be/les-rencontres/?pagination=1&program_search=ploum&search_typ…
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De l’importance de comprendre ce qu’est une licence
by Ploum.net (billets en français uniquement) 13 Mar '23
by Ploum.net (billets en français uniquement) 13 Mar '23
13 Mar '23
DE L’IMPORTANCE DE COMPRENDRE CE QU’EST UNE LICENCE
by Ploum on 2023-03-14
https://ploum.net/2023-03-14-importance-des-licences.html
On entend souvent que les programmes informatiques ou les œuvres en
ligne sont publiées sous une licence. Qu’est-ce que cela signifie ? Et
en quoi est-ce important ?
Pour simplifier, dans nos sociétés, tout échange se fait suivant un
contrat. Ce contrat peut être implicite, mais il existe. Si j’achète une
pomme au marché, le contrat implicite est qu’après avoir payé, je reçois
ma pomme et je peux en faire ce que je veux.
Pour les biens matériels dits « rivaux », le contrat de vente implique
souvent un transfert de la propriété du bien. Mais il y’a parfois
d’autres clauses au contrat. Comme les garanties.
Là où les choses se corsent, c’est lorsque le bien échangé est dit
« non-rival ». C’est-à-dire que le bien peut être copié ou acheté
plusieurs fois sans impact pour les acheteurs. Dans le cas qui nous
concerne, on parle typiquement d’un logiciel ou d’une œuvre numérique
(film, livre, musique …). Il est évident que l’achat numérique ne nous
donne aucune propriété sur l’œuvre.
Il faut signaler que, pendant longtemps, la non-rivalité des biens comme
les musiques, les livres ou les films a été camouflée par le fait que le
support, lui, était un bien rival. Si j’achète un livre papier, j’en
suis propriétaire. Mais je n’ai pas pour autant les droits sur le
contenu ! Les supports numériques et Internet ont dissipé cette
confusion entre l’œuvre et le support.
Pour réguler tout cela, l’achat d’une œuvre numérique ou d’un programme
informatique est, comme tout achat, soumis à un contrat, contrat qui
stipule les droits et les obligations exactes que l’acheteur va
recevoir. La licence n’est jamais qu’un contrat type, une sorte de
modèle de contrat standard. Ce contrat, et une bonne partie de notre
société, se base sur la présupposition que, tout comme un bien rival, un
bien non-rival se doit d’avoir un propriétaire. C’est bien entendu
arbitraire et je vous invite à questionner ce principe un peu trop
souvent admis comme une loi naturelle.
Il est important de signaler que chaque transaction vient avec son
propre contrat. Il est possible de donner des droits à un acheteur et
pas à un autre. C’est d’ailleurs ce principe qui permet la pratique de «
double licence » (ou dual-licensing).
Droits et obligations définis par la licence
============================================
Dans notre société, toute œuvre est, par défaut, sous la licence du
copyright. C’est-à-dire que l’acheteur ne peut rien faire d’autre que
consulter l’œuvre et l’utiliser à des fins personnelles. Tout autre
utilisation, partage, modification est bannie par défaut.
À l’opposé, il existe le domaine public. Les œuvres dans le domaine
public ne sont associées à aucun droit particulier : chacun peut les
utiliser, modifier et redistribuer à sa guise.
L’une des escroqueries intellectuelles majeures des absolutistes du
copyright est d’avoir réussi à nous faire croire qu’il n’y avait pas
d’alternatives entre ces deux extrêmes. Tout comme on est soit
propriétaire de la pomme, soit on n’en est pas propriétaire, la fiction
veut qu’on soit soit propriétaire d’une œuvre (détenteur du copyright),
soit rien du tout, juste bon à regarder. C’est bien entendu faux.
Si la licence est un mur d’obligations auxquelles doit se soumettre
l’acheteur, il est possible de n’en prendre que certaines briques. Par
exemple, on peut donner tous les droits à l’utilisateur sauf celui de
s’approprier la paternité d’une œuvre. Les licences BSD, MIT ou Creative
Commons By, par exemple, requièrent de citer l’auteur original. Mais on
peut toujours modifier et redistribuer.
La licence CC By-ND, elle, oblige à citer l’auteur, mais ne permet pas
de modifications. On peut redistribuer une telle œuvre.
Un point important c’est que lorsqu’on redistribue une œuvre existante,
on peut modifier la licence, mais seulement si on rajoute des
contraintes, des briques. J’ai donc le droit de prendre une œuvre sous
licence CC By, de la modifier puis de la redistribuer sous CC By-ND. Par
contre, je ne peux évidemment pas retirer des briques et faire
l’inverse. Dans toute redistribution, la nouvelle licence doit être soit
équivalente, soit plus restrictive.
Le problème de cette approche, c’est que tout va finir par se
restreindre vu qu’on ne peut que restreindre les droits des utilisateurs
! C’est d’ailleurs ce qui se passe dans des grandes entreprises comme
Google, Facebook ou Apple qui utilisent des milliers de programmes open
source gratuits et les transforment en programmes propriétaires. Un
véritable pillage du patrimoine open source !
Le copyleft ou interdiction de rajouter des briques
===================================================
C’est là que l’idée de Richard Stallman tient du génie : en inventant la
licence GPL, Richard Stallman a en effet inventé la brique
« interdiction de rajouter d’autres briques ». Vous pouvez modifier et
redistribuer un logiciel sous licence GPL. Mais la modification doit
être également sous GPL.
C’est également l’idée de la clause Share-Alike des Creative Commons.
Une œuvre publiée sous licence CC By-SA (comme le sont mes livres aux
éditions PVH) peut être modifiée, redistribuée et même revendue. À
condition d’être toujours sous une licence CC By-SA ou équivalente.
Par ironie, on désigne par « copyleft » les licences qui empêchent de
rajouter des briques et donc de privatiser des ressources. Elles ont
souvent été présentées comme « contaminantes » voire comme des
« cancers » par Microsoft, Apple, Google ou Facebook. Ces entreprises se
présentent désormais comme des grands défenseurs de l’open source. Mais
elles luttent de toutes leurs forces contre le copyleft et contre
l’adoption de ces licences dans le monde de l’open source. L’idée est de
prétendre aux développeurs open source que si leur logiciel peut être
privatisé, alors elles, grands princes, pourront l’utiliser et,
éventuellement, très éventuellement, engager le développeur ou lui payer
quelques cacahouètes.
La réalité est bien sûr aussi évidente qu’elle en a l’air : tant
qu’elles peuvent ajouter des briques privatrices aux licences, ces
monopoles peuvent continuer l’exploitation du bien commun que
représentent les logiciels open source. Elles peuvent bénéficier d’une
impressionnante quantité de travail gratuit ou très bon marché.
Le fait que ces monopoles morbides puissent continuer cette exploitation
et soient même acclamés par les développeurs exploités illustre
l’importance fondamentale de comprendre ce qu’est réellement une licence
et des implications du choix d’une licence plutôt qu’une autre.
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UNE BOUCLE D’INSPIRATION
by Ploum on 2023-02-20
https://ploum.net/2023-02-20-boucle-inspiration.html
Parodie d’une expérience biologique improbable, les tasses s’empilaient
dans un coin du bureau, chacune contenant un sachet de thé ayant atteint
un degré différent de décomposition, de moisissure.
D’une gorgée sèche, l’auteur aspira le restant de la tasse encore tiède
qu’il tenait à la main avant de l’empiler machinalement sur les cadavres
de ses prédécesseuses. Nerveusement, il jouait avec une mèche de sa
barbe, tentant d’ignorer l’écran de son ordinateur sur lequel
clignotaient des messages.
« Rappel : on a besoin du texte de ta nouvelle pour aujourd’hui »
« Urgent : nouvelle aujourd’hui chez imprimeur »
« Urgent : appel téléphonique maintenant ? »
Il se retourna avec sa chaise de bureau et regarda par la fenêtre. Le
fil était donc cassé ? Lui qui, depuis l’adolescence, croyait disposer
d’un vivier infini d’histoires était pour la première fois de sa vie
paralysé par la page blanche. Il n’y arrivait plus.
Un léger grattement se fit entendre à la porte. Il grogna.
— Quoi ?
— Tu n’irais pas prendre un peu l’air mon chéri ? Tu as une mine
épouvantable.
— Je travaille, je dois terminer cette nouvelle.
— Et ça avance ?
Il détourna son regard en haussant les épaules
— Je suis juste calé sur le dernier passage. J’ai bientôt fini.
Elle n’insista pas et se retira en fermant la porte. L’auteur regarda sa
montre. Pour remplir son obligation, il devait désormais produire une
page par quart d’heure. Dans peu de temps, ce serait une page toutes les
dix minutes.
Il y a à peine une grosse semaine, il se sentait à l’aise avec
l’échéance. « Une page par jour, c’est faisable ! » avait-il pensé.
Mais rien. Le vide. Il avait passé ces dernières semaines obnubilé par
les œuvres produites par des algorithmes, jouant avec les demandes,
partageant et admirant les résultats les plus absurdes sur les réseaux
sociaux.
Il avait d’ailleurs fait le vœu de ne jamais s’aider de tels outils.
Après tout, il était écrivain. Il était un artisan fier de son travail.
Par contre, il pourrait… Mais oui !
Lançant son navigateur, il se rendit sur la page de son générateur
d’images préféré et se mit à taper.
« Je suis écrivain de science-fiction. Voici en lien mon recueil de
nouvelles précédent. Génère l’illustration d’une de mes nouvelles
inédites. »
Il attendit quelques secondes.
Une image s’afficha. Celle d’un homme au visage passablement banal assis
devant un laptop. Il tenait une tasse de thé et, en y prêtant attention,
sa main droite avait au moins sept doigts. Son dos était légèrement
tordu selon une courbe peu réaliste. L’écran de l’ordinateur était
étrangement pentagonal.
L’auteur soupira. Ce n’est pas ce qu’il avait espéré. Son téléphone
sonna. Il le mit en mode avion. Sa femme vint frapper à la porte de son
bureau.
— C’est ton éditeur qui demande pourquoi tu ne réponds pas, dit-elle en
tenant son propre téléphone contre son oreille.
— Dis-lui que je le rappelle dans une heure !
Elle transmit puis, masquant le haut-parleur.
— Il te donne une demi-heure.
— D’accord !
Une demi-heure. Trois minutes par page. Lui qui s’estimait productif
lorsqu’il écrivait une page complète par jour.
Il soupira. Il s’était juré de ne pas… Non ! Ce n’était pas possible !
Mais il n’avait pas le choix.
Nouvel onglet dans le navigateur. Ses doigts tremblants se mirent à
taper sur son clavier. L’adresse du site s’auto-compléta un peu trop
facilement, comme lorsqu’un barman vous appelle par votre prénom et vous
demande « comme d’habitude ? » avec l’objectif d’être sympathique mais
ne faisant que souligner la trop grande fréquence avec laquelle vous
fréquentez son établissement.
— Génère-moi une nouvelle inédite dans le genre de celle de mon recueil
principal.
— Bonjour. Je suis un assistant AI. Il s’agit d’une requête explicite de
création artistique. Je suis disposé à générer cette nouvelle mais
celle-ci sera alors soumise au droit d’auteur et mes créateurs devront
être notifiés. Dois-je continuer ?
— Non.
L’auteur se mit à réfléchir. Il glissa-déposa l’image précédemment
générée vers la page du navigateur.
— Sur cette image, un écrivain est en train de taper une nouvelle.
— Oui, c’est à cela que ressemble l’image. C’est une belle image.
— C’est une nouvelle de science-fiction.
— D’accord, j’aime la science-fiction.
— J’aimerais que tu me donnes le texte de la nouvelle que cet écrivain
est en train d’écrire.
La page mit quelques secondes à se charger puis les mots commencèrent à
apparaitre à l’écran.
« Parodie d’une expérience biologique improbable, les tasses
s’empilaient dans un coin du bureau, chacune contenant un sachet de thé
ayant atteint un degré différent de décomposition, de moisissure. D’une
gorgée sèche, l’auteur aspira le restant de la tasse encore tiède qu’il
tenait à la main avant de l’empiler machinalement sur les cadavres de
ses prédécesseuses. Nerveusement, il jouait avec une mèche de sa barbe,
tentant d’ignorer l’écran de son ordinateur sur lequel clignotaient des
messages. »
> Cette nouvelle nouvelle étant nouvelle, elle ne fait donc pas partie
de mon premier recueil « Stagiaire au spatioport Omega 3000 et autres
joyeusetés que nous réserve le futur » qui est désormais disponible dans
toutes les bonnes librairies. S’il se vend bien, mon éditeur me
demandera certainement un second recueil dans lequel celle-ci pourra se
glisser. Vous voyez certainement où je veux en venir… Autant faire un
clin d’œil à une chauve-souris aveugle !
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CHEZ MON LIBRAIRE…
by Ploum on 2023-02-16
https://ploum.net/2023-02-16-chez-mon-libraire.html
Mon recueil de nouvelles « Stagiaire au spatioport Omega 3000 et autres
joyeusetés que nous réserve le futur » est désormais, tout comme mon
roman « Printeurs », disponible dans toutes les bonnes librairies de
France, Suisse et Belgique.
Queques librairies ayant le livre en France
https://www.placedeslibraires.fr/livre/9782940609291-stagiaire-au-spatiopor…
et en Belgique
https://www.librel.be/livre/9782940609291-stagiaire-au-spatioport-omega-300…
Certains d’entre vous en ont d’ailleurs été témoins et m’ont très
sympathiquement envoyé, par mail ou sur Mastodon, des photos de mes
livres sur les présentoirs de leurs dealers préférés. Une initiative qui
m’a fait incroyablement plaisir ! À tel point que je vous invite à
continuer et, pourquoi pas, à le faire pour d’autres auteurs que vous
aimez bien en les mentionnant et en ajoutant le hashtag
#chezmonlibraire.
L’importance du libraire
========================
Beaucoup d’entre nous, et surtout moi, se sont laissés attirés par les
sirènes du tout-en-ligne, de la dématérialisation des services. Certains
parmi vous ont tenté dès le début de tirer la sonnette d’alarme. Force
est de constater qu’ils avaient amplement raison : c’était un leurre !
Maintenant que nous sommes prisonniers du tout puissant monopole
d’Amazon, les livreurs sont soumis à des cadences infernales tandis que
la qualité de nos bibliothèques tend à diminuer dangereusement. Loin de
nous recommander, les algorithmes nous poussent essentiellement aux
achats inutiles, s’appuyant sur d’autres algorithmes écrivant des
recommandations factices. Le tout pour nous faire acquérir des livres
qui sont, de plus en plus, écrits par des algorithmes.
C’est le phénomène de merdification, indispensable aux néomonopoles :
après avoir attiré les utilisateurs en finançant des services à perte
grâce à l’argent des investisseurs, il est temps de passer à la caisse
et de rentabiliser en pourrissant autant que possible la vie des
utilisateurs prisonniers.
Sur Amazon, cela passe par recommander les produits qui vont rapporter
le plus de sous à Amazon. Notamment les livres autoédités souvent
générés artificiellement.
L’idée est simple : lorsqu’un sujet est subitement à la mode, par
exemple les blockchains, demander à un algorithme de rédiger un livre
sur le sujet et le publier directement Amazon en utilisant les capacités
de "print on demand". Le livre ne sera imprimé que lorsqu’il sera
effectivement commandé. Après l’ère des fake-news, voici venu celui des
fake-books. Notons qu’il n’a pas fallu attendre des algorithmes pour
écrire ce genre de livres : des éditeurs peu scrupuleux ont, de tout
temps, su tirer parti de la misère des écrivains pour leur faire rédiger
à moindre prix des livres au titre alléchant, mais vides de contenu.
Devant le foisonnement, l’abondance des informations, une nouvelle ère
s’ouvre à nous : l’ère du filtre. Nous avons besoin de construire des
filtres qui nous préservent de l’agression informationnelle et
sensorielle permanente.
Ces filtres existent. Ils sont humains.
Pour les livres, on les appelle les libraires ou les bibliothécaires.
Pour une personne très sensible comme moi, allergique aux centres
commerciaux, les librairies et les bouquineries sont des oasis de calme
et de bonheur au milieu des villes. J’aime bien fouiller, écouter les
conseils. Mon portefeuille apprécie moins, mais, dans ces occasions, il
n’a plus voix au chapitre.
Moi qui ne supporte pas la plupart des musiques populaires crachées par
les enceintes connectées dans les parcs, les rues ou par les radios dans
les magasins, je me ressource dans le silence des papiers froissés. Et,
allez comprendre, lorsqu’une bouquinerie diffuse de la musique, c’est
toujours de la bonne, de l’excellente musique !
Pour soutenir ce blog, allez chez votre libraire !
==================================================
Ma ville a vu disparaitre coup sur coup deux bouquineries (remplacées
par un commerce d’alimentation et un vendeur de sacs à main) et sa
librairie principale. Cette perte m’a fait comprendre l’importance et la
fragilité des petits commerces du livre (j’ai d’ailleurs dit à ma femme
que le jour où Slumberland, mon fournisseur de bédés, ferme, on déménage
ailleurs).
Si vous voulez soutenir ce blog, soutenir mon travail, je vous demande
une chose : commandez, dans la mesure de vos moyens, mon livre dans une
librairie, si possible indépendante.
Non seulement vous soutiendrez mon travail, mais vous soutiendrez
également votre libraire et vous risquez de découvrir des livres
imprévus. Ce faisant, vous attirerez l’attention du libraire sur mes
livres ce qui lui permettra de potentiellement les recommander à
d’autres.
Pour moi, soutenir son cerveau, les penseurs et créateurs se fait
#chezmonlibraire.
Et lorsque ce n’est pas possible, je vous invite à préférer les
librairies en ligne indépendantes.
Mon recueil chez Alternalivre
https://shop.alternalivre.be/fr/stagiaire-au-spatioport-omega-3000
La piste cachée
===============
Je comprends parfaitement celles et ceux qui préfèrent la version
électronique. C’est mon médium de choix pour les romans rapides comme
Printeurs. Le livre papier reste cependant un bel objet à offrir.
Et puis, ce n’est pas que je veuille attiser votre curiosité, mais les
acheteurs du livre papier de « Stagiaire au spatioport… » (oui, même moi
je trouve ce titre trop long à taper) bénéficieront d’une surprise !
Car, à ma connaissance et s’il faut en croire Wikipédia, le livre serait
le premier à disposer d’un morceau caché !
Morceau caché sur Wikipédia
https://fr.wikipedia.org/wiki/Morceau_cach%C3%A9
Je rassure les lecteurs électroniques : le morceau caché y est également
présent. Il n’est juste pas caché, c’est moins rigolo.
PS: L’image d’illustration m’a été envoyée sympathiquement par un
lecteur depuis la librairie de son quartier. Si vous m’avez envoyé ce
genre de photos sur Mastodon, pourriez-vous les reposter avec le tag
#chezmonlibraire ? Je découvre qu’il est impossible de retrouver des
messages dans Mastodon si on ne les a pas bookmarkés…
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Libérons la culture pour cultiver la liberté
by Ploum.net (billets en français uniquement) 23 Jan '23
by Ploum.net (billets en français uniquement) 23 Jan '23
23 Jan '23
LIBÉRONS LA CULTURE POUR CULTIVER LA LIBERTÉ
by Ploum on 2023-01-23
https://ploum.net/2023-01-23-culture-libre-toulouse.html
> Cette conférence a été donnée le 19 novembre 2022 à Toulouse dans le
cadre du Capitole du Libre.
> Le texte est ma base de travail et ne reprend pas les nombreuses
improvisations et disgressions inhérentes à chaque One Ploum Show.
Visionner la conférence en vidéo (56 minutes)
https://invidious.fdn.fr/watch?v=YiwEcCK_lQU
> Attention ! Cette conréfence n’est pas une conréfence sur le cyclimse.
Merci de votre compréhension.
Qui d’entre vous a compris cette référence à « La classe américaine » ?
Ça me fait plaisir d’être là. Je suis content de vous voir. On va manger
des chips. Quoi ? C’est tout ce que ça vous fait quand je vous dis qu’on
va manger des chips ?
Sérieusement, je suis très content d’être là parmi vous. Je me sens dans
mon élément. J’ai fréquenté le monde de l’industrie, celui des startups,
de l’académique et même un peu de la finance. Mais il n’y a que parmi
les libristes que je me sens chez moi. Parce que nous partageons la même
culture. Parce que nous sommes d’accord sur le fait que Vim est bien
meilleur qu’Emacs. (non, pas les tomates !)
La culture c’est ça : des références qui font qu’on se comprend, qu’on
exprime une certaine complicité. Un des moments forts de mon mariage a
été de montrer « La cité de la peur » à mon épouse. Elle n’a pas adoré
le film. Bof. Mais nous avons étendu notre vocabulaire commun.
— J’ai faim ! J’ai faim ! J’ai faim !
— On peut se tutoyer ? T’es lourd !
("oui, mais j’ai quand même faim" répond quelqu’un du public)
La culture, c’est ça : une extension du vocabulaire. Il y’a des
programmeurs dans la salle ? Et bien la langue, comme le français en ce
moment, correspond au langage de programmation. La culture correspond
aux bibliothèques. Langage et bibliothèque. La bibliothèque est la
culture. Les mots sont magnifiques !
Pour s’exprimer, pour communiquer, pour être en relation bref pour être
humain, la culture est indispensable. Lorsque deux cultures sont trop
différentes, il est facile de considérer l’autre comme inhumain, comme
un ennemi. La culture et le partage de celle-ci sont ce qui nous rend
humains.
La culture est pourtant en danger. Elle est menacée, pourchassée,
interdite. Remplacée par un succédané standardisé.
Étendre sa culture, c’est augmenter son vocabulaire, affiner sa
compréhension du monde. La culture sert de support à la manière de voir
le monde. Prêter un livre qu’on aime est un acte d’amour, d’intimité.
C’est littéralement se mettre à nu et dire : « J’aimerais que nous ayons
une compréhension mutuelle plus profonde ». C’est magnifique !
Mais combien de temps cela sera-t-il légal ? Ou même techniquement
possible ? Une fois l’auteur mort, son œuvre disparait pendant 70 ans,
car, pour l’immense majorité d’entre eux, il n’est pas rentable de les
réimprimer et de payer les droits aux descendants. Nous tuons donc la
culture avec l’auteur.
La transmission est pourtant indispensable. La culture se nourrit,
évolue et se transforme grâce aux interactions, aux échanges. Or les
interactions sont désormais surveillées, monétisées, espionnées. Du
coup, elles sont fausses, truquées, inhumaines. Les comptes Twitter et
LinkedIn sont majoritairement des faux. Les likes Facebook s’achètent à
la pelle. Les visites sur votre site web sont des bots. Les contenus
Tiktok et YouTube sont de plus en plus générés automatiquement. Les
nouvelles dans les grands médias ? Des journalistes sous-payés (non,
encore moins que ça) qui sont en compétition avec des algorithmes pour
voir le contenu qui rapportera le plus de clics. Les rédactions sont
désormais équipées d’écrans affichant en temps réel les clics sur chaque
contenu. Le job des journalistes ? Optimiser cela. Même le code Open
Source est désormais généré grâce à Github Copilot. Ces algorithmes se
nourrissent de contenu pour en générer de nouveaux. Vous la voyez la
boucle ? Le « while True » ?
Pendant des millénaires, notre cerveau était plus rapide que les moyens
de communication. Nous apprenions, nous réfléchissions. Pour la première
fois dans l’histoire de l’information, notre cerveau est désormais le
goulot d’étranglement. C’est lui l’élément le plus lent de la chaîne !
Il ne peut plus tout absorber. Il se gave et s’étouffe !
Lorsque nous sommes en ligne, nous alimentons cet énorme monstre qui se
nourrit de nos données, de notre attention, de notre temps, de nos
clics. Nous sommes littéralement la chair exploitée du film Matrix. Sauf
que dans Matrix, les corps sont nourris, logés dans leur cocon alors que
nous bossons et payons pour avoir le droit d’être exploités par cette
gigantesque fabrique d’attache-trombones.
Vous connaissez l’histoire de la fabrique d’attache-trombones ? C’est un
concept inventé par le chercheur Nick Bostrom dans un papier intitulé
« Ethical Issues in Advanced Artificial Intelligence ». Le concept est
que si vous créez une intelligence artificielle en lui demandant de
fabriquer le plus possible d’attache-trombones le plus rapidement
possible, cette intelligence artificielle va rapidement s’arranger pour
éliminer les humains qui pourraient la ralentir avant de transformer la
planète entière en une montagne d’attache-trombones, ne gardant des
ressources que pour coloniser d’autres planètes afin de les transformer
en attache-trombones.
L’article de Nick Bostrom sur les attache-trombones.
https://nickbostrom.com/ethics/ai
Dans une conférence de 2018, l’auteur de science-fiction Charlie Stross
a montré qu’il n’était pas nécessaire d’attendre des intelligences
artificielles très avancées pour voir se poser le problème. Qu’une
entreprise est, par essence, une fabrique d’attache-trombones : une
entité dont le seul et unique objectif est de générer de l’argent,
quitte à détruire ses créateurs, l’humanité et la planète dans la
foulée.
La conférence de Charlie Stross.
http://www.antipope.org/charlie/blog-static/2018/01/dude-you-broke-the-futu…
Le concept est parfaitement illustré par cette magnifique scène dans
« Les raisins de la colère » de John Steinbeck où un fermier s’en prend
à un représentant de la banque qui l’exproprie de son terrain. Il veut
aller tuer le responsable de son expropriation. Le banquier lui dit
alors : « La banque a une volonté à laquelle nous devons obéir même si
nous sommes tous opposés à ses actions ». Bref, une fabrique d’attache-
trombones.
La fabrique d’attache-trombones nous fait dépenser, devenir des zombies.
Vous avez déjà vu un zombie ? Moi oui. Quand je fais aller la sonnette
de mon vélo face à des gens qui tendent un téléphone au bout de leur
bras. Ils sont dans un monde virtuel. Ils ont même délégué leur sens
auditif à Apple avec ces écouteurs qui ne se retirent plus et qui ont la
faculté de transmettre le son réel dans l’oreille. En mettant Apple
comme intermédiaire. Comme dans Matrix, les gens vivent dans un monde
virtuel. Ça a juste commencé par l’audition au lieu des gros casques
devant les yeux comme on l’imaginait.
Pour nous échapper de la fabrique, pour ne pas être transformés en
attache-trombones, nous devons créer, entretenir et occuper des espaces
réservés aux humains. Pas des algorithmes. Pas des entreprises. Des
humains. Et posez-moi ce smartphone qui vous fait littéralement perdre
20 points de QI. Ce n’est pas une blague : quand on dit que les
entreprises se nourrissent de notre temps de cerveau, c’est littéral. On
perd littéralement l’équivalent de 20 points de QI par le simple fait
d’avoir un téléphone à proximité. Le simple son d’une notification
distrait autant un conducteur que de ne pas regarder la route pendant
une dizaine de secondes. Ces engins nous rendent cons et nous tuent ! Ce
n’est pas une image.
Article « The Mere Presence of One’s OwnSmartphone Reduces Available
Cognitive Capacity ».
https://www.journals.uchicago.edu/doi/epdf/10.1086/691462
« La fabrique du crétin digital », de Michel Desmurget
https://www.seuil.com/ouvrage/la-fabrique-du-cretin-digital-michel-desmurge…
Vous avez remarqué comme la déshumanisation du travail nous force de
plus en plus à agir comme des automates, comme des algorithmes ?
Métropolis, de Fritz Lang, et les Temps Modernes, de Charlie Chaplin,
dénonçait l’industrialisation qui transformait nos corps en outils au
service de la machine. 100 ans plus tard, c’est exactement pareil avec
les cerveaux. On les transforme pour les mettre au service des
algorithmes. Algorithmes qui, eux, prétendent se faire passer pour des
humains. Nous sommes en train de fusionner l’homme et la machine d’une
manière qui n’est pas belle à voir.
Ce qui fait l’humain, c’est sa diversité, sa différence d’un individu à
l’autre, mais aussi d’un moment à l’autre. Quel est le connard qui pense
sérieusement que comme t’as envoyé un jour un mail à une entreprise,
cinq ans plus tard tu souhaites être spammé tous les jours avec leur
newsletter ? Je n’invente rien, ça m’est arrivé récemment. L’humain
évolue et la culture humaine doit être diverse. Comme la nourriture. Qui
pense que manger tous les jours au macdo au point d’en vomir est une
bonne idée ? Alors pourquoi accepte-t-on de le faire pour notre
cerveau ?
L’archétype de l’industrialisation et de l’uniformisation de la culture
est pour moi représenté par les superhéros. On réduit la culture à un
combat entre exégètes Marvel ou DC. Ce n’est pas anodin. Vous avez déjà
réfléchi à ce que représente un superhéros ? C’est littéralement un
milliardaire avec des superpouvoirs innés. Il est supérieur au peuple.
Il est également son seul espoir. Il est parfois injustement mal
compris, car il est bon, même quand il dézingue toute une ville et ses
habitants. Ce sont juste des dommages collatéraux. Le peuple a juste le
droit de la fermer. C’est littéralement l’image du monde qu’ont les
milliardaires d’eux-mêmes. À titre de comparaison, dans les années 90,
la mode était aux films catastrophes. La terre était en danger et les
humains normaux (on insistait sur la normalité, sur le fait que leur
couple allait mal, qu’ils étaient blancs ou bien Will Smith)
s’associaient pour accomplir des actions héroïques et sauver la terre
d’un ennemi figurant la pollution. Les héros de Jurassique Park? Des
gamins normaux et des scientifiques un peu dépassés. Aujourd’hui,
l’humain normal a juste le droit de fermer sa gueule et d’attendre qu’un
milliardaire vienne le protéger. Sans milliardaire, l’humain normal est
forcé de se battre contre les autres normaux, car les milliardaires nous
ont appris que la collaboration était morte ces 20 dernières années. Ils
nous ont enseigné à voir tout humain comme un ennemi, un concurrent
potentiel et à tenter d’accaparer ce qu’on peut avant une destruction
finale. C’est ce qu’on appelle le survivalisme.
Cette vision du monde, nous la devons à la monopolisation de la culture.
À la monoculture. Mais il y’a pire ! La culture indépendante est devenue
illégale, immorale. Les gens s’excusent de pirater, de partager. À cause
d’une des plus grosses arnaques intellectuelles : la propriété
intellectuelle. Un concept fourre-tout assez nouveau dans lequel on
balance brevets, secrets commerciaux, copyrights, trademarks…
L’intellect est un bien non-rival. Si je partage une idée, cela donne
deux idées. Ou 300. Au plus on la partage, au plus la culture croît.
Empêcher le partage, c’est tuer la culture. Les fabriques d’attache-
trombones ont même réussi à convaincre certains artistes que leurs fans
étaient leurs ennemis ! Qu’empêcher la diffusion de la culture était une
bonne chose. Que le fait qu’ils crèvent de misère n’était pas dû aux
monopoles, mais au fait que les fans se partagent leurs œuvres. Spotify
reverse aux artistes un dixième de centime par écoute, mais les pirates
seraient responsables de l’appauvrissement des artistes. Pour toucher
l’équivalent de ce qu’il touchait avec une vente de CD, vous devez
écouter chaque chanson de l’album un millier de fois sur Spotify !
Le libre a tenté de répliquer avec les licences. GPL, Creative Commons.
Mais nous sommes trop gentils. Fuck les licences ! Partagez la culture !
Diffusez-la ! Si vous le faites de bon cœur, partagez entre êtres
humains. Boycottez Amazon et tentez de découvrir autour de vous des
artistes locaux, indépendants. Partagez-les. Diffusez-les. Écrivez des
critiques, filmez des parodies. Vous connaissez JCFrog et ses vidéos ?
Et bien c’est exactement ça la culture humaine. C’est magnifique. C’est
génial.
Les vidéos de JCFrog
https://aperi.tube/a/jcfrog/videos
Ne dites plus « Je veux juste me vider la tête avec une série débile ».
On ne se vide pas la tête. On la remplit. Avec de la merde industrielle
ou du bio local artisanal, au choix. Faites des références. L’autre
jour, j’ai vu sur Mastodon quelqu’un parler de son trajet dans le métro
à Paris : « J’ai l’impression d’être dans Printeurs ! ». C’est le plus
beau compliment qu’on puisse à un auteur. Merci à cette personne !
Dans Printeurs, tout est publicité. Ce n’est pas un hasard. Vous avez vu
comme tout ressemble à une publicité désormais ? Comme le moindre film,
le moindre clip vidéo en adopte les codes ? Comme chaque vidéo YouTube
n’a plus qu’un objectif : vous faire vous abonner. Fabriquer des
attache-trombones.
La culture bio et libre n’est pas une culture de seconde zone. Elle
n’est juste pas standard. Et c’est tout son intérêt.
Pour exister, la culture libre a besoin de plateformes libres. Les
plateformes propriétaires ont été conçues par le marketing pour le
marketing. Pour vendre des cigarettes et de l’alcool à des gamins de
10 ans (c’est la définition du marketing. C’est juste leur métier de
prétendre qu’ils font autre chose. Comme disait Bill Hicks, si vous
travaillez dans le marketing, « please kill yourself »). Une fois qu’on
fume, le marketing cherche à nous prétendre que c’est notre liberté et
nous faire oublier que nous polluons afin que nous perdions encore plus
de libertés et que nous polluions encore plus. Comme l’alcoolique boit
pour oublier qu’il est alcoolique, nous consommons pour oublier que nous
consommons. Le simple fait d’être sur une plateforme marketing nous
force donc à faire du marketing. Du personal branding. De l’engagment.
Des KPI. Promouvoir la culture libre sur Facebook, c’est comme aller
manifester pour le climat en SUV. Oui, mais j’ai un vélo électrique dans
le coffre, je suis écolo ! Oui, mais Facebook, Insta, c’est là que tout
le monde est ! Non, c’est là que sont certains. Mais c’est sûr que sur
Facebook, on ne trouve que des gens qui sont… sur Facebook. Il y’a des
milliards de gens qui n’y sont pas, pour des raisons très diverses. La
manière la plus simple et la plus convaincante de lutter contre ces
plateformes est de tout simplement ne pas y être.
Les plateformes libres existent. Comme un simple blog. Mais elles ont
besoin de choses à raconter, d’histoires. Le mot « libre » à lui tout
seul raconte une histoire. Une histoire qui peut faire peur, être
inconfortable. Alors on a essayé de dépolitiser le libre, de l’appeler
« open source », de le dépouiller de son histoire. Le résultat, il est
dans votre poche. Un téléphone Android tourne sur un Linux open-source.
Pourtant, c’est le pire instrument de privation de liberté. Il vous
espionne, vous inonde de publicités, vous prive de tout contrôle. RMS
avait raison : en renommant le libre « open source », nous avons fait
une croix sur la liberté.
La leçon est que la technologie ne peut pas être neutre. Elle est
politique par excellence. Se priver de raconter des histoires pour ne
pas être politique, c’est laisser la place aux autres histoires, à la
publicité. C’est prétendre, comme le disaient Tatcher et Reagan, qu’il
n’y a pas d’alternative. Je le disais, mais je gardais moi-même mon
compte Facebook. Cela me semblait indispensable. J’ai eu du mal à le
supprimer, à me priver de ce que je croyais être un outil
incontournable. À la seconde où le compte a été supprimé, le voile s’est
levé. Il m’est apparu évident que c’était le contraire. Que pour exister
en tant que créateur, il était indispensable de supprimer mon compte.
J’avais beau dire que je ne l’utilisais pas, le simple fait de savoir
qu’il y’avait plusieurs milliers de followers liés à mon nom me donnait
une illusion de succès. Mes posts avaient beau ne pas avoir d’impact (ou
très rarement), je les écrivais pour Facebook ou pour Twitter. Je me
suis un jour surpris sous la douche à réfléchir en tweets. Je me suis
séché et j’ai effacé mon compte Twitter, effrayé. Je ne faisais que
produire des attache-trombones en vous encourageant à faire de même. Ma
simple présence sur un réseau permettait à d’autres d’y justifier la
leur. Leur présence justifiant la mienne… J’étais plongé dans les écrits
de Jaron Lanier et Cal Newport lorsque j’ai réalisé qu’aucun des deux
n’avait la moindre présence sur un réseau social propriétaire. Je les
lis, j’admire leur pensée. Ils existent. Ils ne sont pas sur les réseaux
sociaux. Ce fut une grande inspiration pour moi…
Il faut casser le « pas le choix » ou « TINA (There’Is No
Alternative) ». Il y’a 8 milliards d’alternatives. Nous les créons tous
les jours, ensemble. Notre rôle n’est pas d’aller convaincre le monde
entier de passer à autre chose, mais de créer des multitudes de cocons
de culture humaine, d’être prêts à accueillir ceux qui sont dégoutés de
leur macdo quotidien, ceux qui, à leur rythme, se lassent d’être
exploités et soumis à des algorithmes publicitaires. Il suffit de voir
ce qui se passe entre Twitter et Mastodon.
Ces plateformes libres, cette culture libre, il n’y a que nous qui
pouvons les préparer, les développer, les faire exister, les partager.
À ceux qui disent que la priorité est la lutter contre le réchauffement
climatique, je réponds que la priorité est à la création de plateformes,
techniques et intellectuelles, permettant la lutte contre le
réchauffement climatique. On ne peut pas être écolo dans un monde
financé par la publicité. Il faut penser des alternatives, les inventer.
Créer des histoires pour sauver la planète. Une nouvelle forme de
culture. Une permaculture !
Mon outil à moi, c’est ma machine à écrire. Elle me libère. Je l’appelle
ma « machine à penser ». À vous d’inventer vos propres outils. (oui,
même Emacs…) Des outils indispensables pour inventer et partager votre
nouvelle culture, ce mélange de code et d’histoires à raconter qui peut
sauver l’humanité avant que nous soyons tous transformés en attache-
trombones !
Merci !
Et don’t forget to subscribe to my channel.
D’ailleurs, je profite de cette conférence contre la publicité pour
faire de la publicité pour mon nouveau livre. Est-ce de la culture libre
? Elle est déjà libre sur libgen.io. Mais pas que ! Car mon éditeur a
annoncé que toute la collection Ludomire (dans laquelle sont publiés mes
livres) passera en 2023 sous licence CC By-SA.
Annonce de la libération de la collection Ludomire
http://www.pvh-editions.com/site/annonce-la-liberation-de-la-collection-lud…
> Photo : David Revoy, Ploum, Pouhiou et Gee dédicaçant lors du Capitole
du Libre à Toulouse le 19 novembre 2022.
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Comment j’ai été mis en vente sur le Web… à mon insu !
by Ploum.net (billets en français uniquement) 07 Dec '22
by Ploum.net (billets en français uniquement) 07 Dec '22
07 Dec '22
COMMENT J’AI ÉTÉ MIS EN VENTE SUR LE WEB… À MON INSU !
by Ploum on 2022-12-07
https://ploum.net/2022-12-07-comment-jai-ete-mis-en-vente.html
> Dans ce billet, je vous explique comment j’ai découvert qu’une société
de marketing propose mes services, mettant en avant une version
fantaisiste de ma biographie, sans que j’en aie été informé.
Mon recueil de nouvelles « Stagiaire au spatioport Oméga 3000 » s’ouvre
sur la génération d’un auteur artificiel adapté à vos goûts selon vos
données personnelles collectées.
Lorsque j’ai écrit cette introduction, j’étais persuadé que j’allais me
faire rattraper un jour ou l’autre par la réalité. Je n’imaginais pas
que ce serait avant même que le livre soit disponible dans les
librairies !
Et pour cause…
La découverte d’un conférencier homonyme
========================================
Après avoir publié un billet sur l’invasion des contenus générés par des
AI, j’allais faire directement l’expérience de devenir un conférencier
généré automatiquement !
Drowning in AI generated garbage
https://ploum.net/2022-12-05-drowning-in-ai-generated-garbage.gmi
Testant mon nouveau site, quelle ne fut pas ma surprise de trouver sur
la première page Google de la recherche « Lionel Dricot » un profil à
mon nom sur un site dont je n’avais jamais entendu parler.
Capture d’écran d’une recherche Google pour « Lionel Dricot »
https://ploum.net/files/google_sn.png
Un profil décrivant ma biographie avec moult détails, reprenant des
photos et vidéos de diverses conférences. J’étais intrigué. Sur
Mastodon, un lecteur me signala que le site était chez lui le premier
résultat Bing pour une recherche sur mon patronyme .
Capture d’écran d’une recherche Bing pour « Lionel Dricot »
https://ploum.net/files/bing_sn.png
Un site étrange, à l’apparence très professionnelle et qui se présente
comme une entreprise de « Celebrity Marketing ». Le simple fait que je
sois sur un site de Celebrity Marketing a fait pouffer mon épouse. Elle
a d’ailleurs remarqué que l’entreprise tire son nom de Simone Veil et
Nelson Mandela. Utiliser Simone Veil et Nelson Mandela pour faire du
« Celebrity Marketing », ça pose le niveau ! Ah ouais quand même…
Mon profil sur le site incriminé
https://ploum.net/files/profil_sn.png
Petite précision : je ne ferai pas de lien vers ce site, car c’est
explicitement interdit dans leurs conditions d’utilisation.
Conditions d’utilisation du site S&N interdisant de faire un lien vers
le site
https://ploum.net/files/cu1_sn.png
Pratiquement, que fait cette société ? C’est très simple : elle met en
contact des entreprises à la recherche de conférenciers et des
conférenciers. C’est un service assez courant, j’ai même été en contact
il y a quelques années avec une agence de ce genre. Souvent, ces agences
signent un contrat d’exclusivité : le conférencier est obligé de passer
par l’agence pour toutes les conférences qu’il donne. En échange,
l’agence lui trouve des conférences, fait sa promotion, le place voir
lui trouve un remplaçant en cas de forfait (j’ai moi-même effectué ce
genre de remplacements).
Sauf que dans le cas présent, je n’ai signé aucun contrat, je n’ai pas
donné mon accord ni même été vaguement informé ! Le site donne
l’impression que, pour me contacter, il faut absolument passer par eux.
Nous ne sommes plus dans la bêtise, mais dans la malhonnêteté
caractérisée.
Formulaire pour me contacter… via le site S&N !
https://ploum.net/files/contact_sn.png
Où je découvre des facettes ignorées de ma propre vie
=====================================================
La lecture de ma biographie est particulièrement intéressante, car, à
première vue, elle est tout à fait crédible. Une personne peu informée
n’y trouverait, à première vue, pas grand-chose à redire à part quelques
fautes d’orthographe (mon roman s’appelle « Printeurs », à la française,
pas « Printer » et j’ai du mal à imaginer qu’il puisse être perçu comme
un message d’espoir ! La scène du nouveau-né dans le vide-ordure n’était
assez explicite ?)
Mais une lecture attentive relève des aberrations. Ces aberrations ont
toutes une explication pour peu qu’on se mette à creuser. Ainsi j’aurais
écrit une nouvelle intitulée « Voulez-vous installer
Linux mademoiselle ? ». Comme l’a découvert un lecteur, cette phrase est
extraite d’une de mes nouvelles intitulées « Les non-humains », publiée
sur Linuxfr et Framasoft.
Les non-humains sur Framasoft
https://framablog.org/2009/05/18/les-non-humains-une-nouvelle-de-ploum/
J’ai également appris également que je suis cofondateur d’Ubuntu.
Excusez du peu ! C’est bien entendu faux. Je suis co-auteur du premier
livre publié sur Ubuntu, ce qui est très différent. Certaines phrases
semblent également sorties de leur contexte (pourquoi insister sur
l’obésité et la malnutrition ?) Enfin, le tout se termine par le
sublime :
> Lors de ses conférences, Ploum nous prédit un monde plus sain et doux.
Le ton général et les références font fortement penser à un texte généré
artificiellement. Du type : « Donne-moi une biographie de Lionel
Dricot », le tout en anglais suivi d’une traduction automatique. Il est
possible que ce soit ce qu’on appelle un « mechanical turk », un
travailleur sous-payé à qui on demande un travail que pourrait faire une
IA (très fréquent dans les chats de support). Mais cela aurait dû au
moins lui prendre une heure et j’ai du mal à imaginer qu’on paye une
heure de travail pour pondre ma biographie.
Que le texte soit ou non généré par une IA, cela ne change rien. Il
pourrait très bien l’être et est représentatif de ce que produisent et
produiront toujours les IAs : quelque chose qui a l’air correct, mais
est constellé de fautes difficilement détectables pour un non-
spécialiste (j’ai la chance d’être le plus grand spécialiste vivant de
ma propre biographie).
Comment réagir ?
================
À ce stade, je pourrais tout simplement envoyer un mail et exiger le
retrait de la page, l’histoire en resterait là. J’ai alerté une
connaissance qui est également sur ce site.
Mais ce serait trop facile. L’existence de ce profil pose plusieurs
problèmes.
Premièrement en se mettant en intermédiaire entre moi et des clients
potentiels sans mon accord et en donnant l’impression que je suis
affilié à cette entreprise. Cela pourrait sérieusement nuire à mon image
ou à mon business (si j’avais l’une ou l’autre).
Mais l’existence de ce genre de profil peut tordre la réalité de manière
encore plus insidieuse. Admettons qu’un wikipédien, affilié ou nom à
cette entreprise, se serve de ces infos pour créer une fiche Wikipédia à
mon nom. Cela semble parfaitement légitime vu que cette page semble
avoir été faite avec mon accord. Cette info pourrait être reprise
ailleurs. Soudainement, je deviendrais l’auteur d’une nouvelle que je
n’ai jamais écrite. De nombreux libristes informés s’affronteront pour
savoir si je suis oui ou non cofondateur d’Ubuntu. Déjà que je suis
devenu un écrivain français sur Babelio !
En envoyant un simple mail pour demander le retrait de cette page, je
légitime cette pratique business et me prépare à devoir surveiller en
permanence le web pour faire retirer les profils générés sans mon
accord.
Attaquer en justice une société dans un pays qui n’est pas le mien (car
Babelio se plante, pour info) ? Ô joies administratives en
perspectives ! (si vous êtes juriste spécialisé et intéressé, contactez-
moi)
Ou alors il me reste la solution de lutter avec mes armes à moi. De
faire le ploum et de vous raconter cette histoire de la manière la plus
transparente possible. Afin de vous mettre en garde sur le fait que tout
ce que vous lisez sur le web est désormais un gloubi-glouba qui a l’air
sérieux, qui a l’air correct, mais qui ne l’est pas. Toutes les
plateformes sont impactées. Tous les résultats des moteurs de recherche.
En rendant cette histoire publique, je sais que la société va réagir
avec « ouin-ouin je suis une entrepreneuse-je-ne-pensais-pas-à-mal-je-
le-ferai-plus » ou alors « c’est-le-stagiaire-qui-a-fait-une-erreur-on-
le-surveillera-mieux » voir « on-a-fait-ce-profil-avec-nos-petites-
mains-parcec-qu’on-admire-votre-travail-on-penserait-que-vous-seriez-
flatté ». Bref d’odieux mensonges hypocrites. C’est la base du métier du
marketing : mentir pour pourrir la vie des autres (et détruire la
planète).
Et si la malhonnêteté ne vous est pas encore flagrante, apprenez que la
société se targue de posséder la propriété intellectuelle des textes et
photos sur son site. Je pense que le photographe du TEDx Louvain-la-
Neuve serait ravi de l’apprendre… La plupart de ces images de moi ne
sont même pas sous licence libre !
Conditions d’utilisation du site S&N stipulant la propriété
intellectuelle des contenus
https://ploum.net/files/cu2_sn.png
Le futur du web…
================
Si cela n’était pas encore clair, je suis désormais la preuve vivante
que tout ce que pond le marketing est du mensonge. Ce qui est juste ne
l’est que par hasard. Et tout ce qui nous tombe sous les yeux est
désormais du marketing. Pour sortir de ce merdier, il va falloir trouver
des solutions (Bill Hicks en proposait une très convaincante…).
Bill Hicks on Marketing
https://invidious.esmailelbob.xyz/watch?v=tHEOGrkhDp0
Nous allons devoir reconstruire des cercles de confiance. Oublier nos
formations à reconnaître les « fake news » et considérer toute
information comme étant fausse par défaut. Identifier les personnes en
qui nous avons confiance et vérifier qu’un texte signé avec leur nom est
bien de leur plume. Ce n’est pas parce qu’il y’a un cadenas vert ou une
marque bleue à côté du pseudo que l’on peut faire confiance. C’est même
peut-être le contraire…
Bref, bienvenue dans un web de merde !
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LA FIN D’UN BLOG ET LA DERNIÈRE VERSION DE PLOUM.NET
by Ploum on 2022-12-04
https://ploum.net/2022-12-04-fin-du-blog-et-derniere-version.html
> Avertissement : Ce billet est une rétrospective technique des
18 années de ce blog. Il contient des termes informatiques et traite de
la manière dont j’ai développé du code pour créer les pages que vous
lisez. N’hésitez pas à passer les paragraphes qui contiennent trop de
jargon.
La naissance d’un blog
======================
Je suis un précurseur visionnaire.
En 2004, sur les conseils de mon ami Bertrand qui avait constaté que
j’écrivais de longues tartines éparpillées aux quatre coins du web, je
finis par ouvrir un blog. J’étais au départ réticent, affirmant qu’un
blog n’était qu’un site web comme un autre, que la mode passerait vite.
Tout comme le podcast n’était jamais qu’un fichier MP3, que la mode
passerait tout autant. J’avais tenu un discours similaire en 97,
affirmant que le web n’était que du texte affiché à l’écran, que la mode
passerait. Juste avant de créer mon premier site. Un véritable
précurseur visionnaire vous dis-je.
Inspiré par le Standblog de Tristan Nitot (que je lisais et lis
toujours), j’installai le logiciel Dotclear sur le serveur de deux amis
et me mis à bloguer. Pour ne plus jamais arrêter. Que Bertrand, Tristan,
Anthony, Fabien et Valérie (qui nomma mon blog "Where is Ploum?") soient
ici mille fois remerciés.
En 2010, n’arrivant pas à trouver un thème Dotclear 2 qui me satisfasse,
je décidai de migrer temporairement vers Wordpress (et non pas vers
J2EE). Plateforme sur laquelle je suis resté depuis.
Ploum.net en J2EE (je précise qu’il s’agit d’une blague que seuls les
vieux geeks comprendront)
https://ploum.net/ploum-en-j2ee/index.gmi
La vie avec Wordpress n’est pas de tout repos : mises à jour fréquentes,
incompatibilités avec certains plug-ins, évolutions de plug-ins et de
thèmes, certains devenant payants, messages d’alertes pour des versions
PHP ou MySQL dépassées. Sans compter des pléthores de versions d’un
fichier htaccess à ne surtout pas toucher sous peine de tout casser, des
sauvegardes de bases de données à faire et oubliées dans un coin.
Cherchant un minimalisme numérique, Wordpress ne me convenait plus du
tout. Il ne correspondait plus non à ma philosophie. Malgré quelques
tentatives, je n’avais pas réussi à retirer tout le JavaScript ni
certaines fontes hébergées par Google sans casser mon thème. En 2018, je
me suis activement mis à chercher une alternative.
À cette époque, j’ai rencontré Matt, le fondateur de Write.as. J’ai
contribué au projet afin de le rendre open source (ce que Matt fera sous
le nom WriteFreely). Nous avons tenté de l’adapter à mes besoins.
Besoins que je décrivais dans un long document évolutif. En parallèle,
je testais tous les générateurs de sites statiques, les trouvant
complexes, n’arrivant pas à faire exactement ce que je voulais.
Je prétendais chercher du minimalisme et je reproduisais, sans le
vouloir, le syndrome du project manager J2EE dont je m’étais moqué.
Découvrant le protocole Gemini, je me suis rendu compte que c’était bel
et bien ce genre de minimalisme auquel j’aspirais. J’en étais convaincu
: mon Ploum.net nouvelle génération devrait également être sur Gemini.
Gemini, le protocole du slow web
https://ploum.net/gemini-le-protocole-du-slow-web/index.gmi
Mais loin de m’aider, cette certitude ne faisait qu’ajouter une
fonctionnalité à la liste déjà longue de ce que je voulais pour mon
blog. Je me perdais dans une quête d’un workflow idéal.
Après quelques mois, abandonnant l’idée de mettre mon blog sur Gemini,
je me décidai à ouvrir un Gemlog sur rawtext.club. Pour tester. Que
cmccabe soit ici publiquement remercié.
J’écrivais tous mes fichiers à la main dans Vim, je les envoyai ensuite
sur le serveur distant depuis mon terminal. Le tout sans le moindre
automatisme. J’y prenais énormément de plaisir. Alors que je pensais
juste tester la technologie, je me suis naturellement retrouvé à écrire
sur mon Gemlog, à réfléchir, à partager. Je retrouvais la naïveté
initiale de mon blog, la spontanéité.
Au fil des mois, j’introduisis néanmoins certaines automatisations.
Sauvegardes et envoi vers le serveur grâce à git. Un petit script pour
générer la page d’index. Les billets sur mon gemlog connaissaient un
certain succès et certains les partageaient sur le web grâce à un proxy
gemini−>web. Un comble !
Et c’est à ce moment-là que je compris que mon blog ne serait jamais sur
Gemini. Ce serait le contraire ! J’allais mettre mon gemlog sur le web.
Et importer près de 800 billets Wordpress dans mon Gemlog. Plus de
800.000 mots écrits en 18 années de blog. L’équivalent de 15 livres de
la taille de Printeurs.
Lire avant tout
===============
Depuis mon premier Dotclear, je jouais avec les thèmes, les plug-ins,
les artifices, les commentaires. Je ne m’étais jamais vraiment posé la
question de ce que j’attendais de mon blog.
Mon blog est, depuis ces années, un fil de vie, un élément essentiel de
mon identité. Mon blog me reflète, je suis qui je suis grâce à mon
blog. Il est une partie de mon intimité, de mon essence.
Qu’ai-je envie de faire de ma vie ? Écrire ! Mon blog doit donc me
faciliter le fait d’écrire et son pendant indissociable : être lu !
Être lu ne signifie pas être découvert, avoir des fans, des likes ou des
abonnés. Être lu signifie que chaque personne arrivant sur un article
sera considérée comme une lectrice et respectée comme telle. Pas
d’engagement, de métriques, d’invitation à découvrir d’autres articles.
Une lectrice a le droit de lire dans les meilleures conditions et de
passer ensuite à autre chose.
Au travail !
============
Pour la première fois, le chemin me semblait enfin clair. Je n’allais
pas tenter de trouver le logiciel parfait pour faire ce que je voulais.
Je n’allais pas planifier, tester, connecter des solutions différentes
en écumant le web. J’allais tout faire à la main, tout seul comme un
grand. Si j’arrivais à convertir mon blog Wordpress en fichiers gmi (le
format Gemini), il ne me restait qu’à écrire une petite routine pour
convertir le tout en HTML.
Un adage chez les programmeurs dit que tout programme complexe nait
parce que le programmeur pensait sincèrement que c’était facile. Mon
script ne fait pas exception à la règle. Il m’aura fallu plusieurs mois
pour peaufiner et arriver à un résultat acceptable. Devant me passer du
service Mailpoet intégré à Wordpress (service dont la licence m’était
fournie par un sympathique lecteur, qu’il soit ici remercié), je du me
résoudre à écrire ma propre gestion d’email pour pouvoir l’intégrer à un
service open source. Ce fut la partie la plus difficile (probablement
parce qu’en toute honnêteté, cela ne m’intéresse pas du tout). Si vous
voulez recevoir les billets par mail, il existe désormais deux mailing-
listes (si vous avez reçu ce billet par mail, vous êtes inscrit à la
première FR mais pas à celle en anglais EN, je vous laisse vous inscrire
si vous le souhaitez) :
2 mailings listes
https://listes.ploum.net/
Envoyez un mail à fr-join(a)listes.ploum.net pour recevoir les billets en
français
mailto:fr-join@listes.ploum.net
Pareil à en-join(a)listes.ploum.net pour recevoir les billets en anglais
mailto:en-join@listes.ploum.net
J’avoue être assez fier du résultat. Chaque billet que vous lisez est
désormais un simple fichier texte que j’écris et corrige avant de
publier en l’insérant dans le répertoire FR ou EN selon la langue. À
partir de là, le tout est envoyé par git sur le service sourcehut et un
script publish.py transforme mon texte en une page gmi, une page hmtl ou
un email. À l’exception des éventuelles images, chaque page est
complètement indépendante et ne fait appel à aucune ressource externe.
Même les 40 lignes de CSS (pas une de plus) sont incluses. Cela permet
des pages légères, rapides à charger même sur une mauvaise connexion,
compatibles avec absolument toutes les plateformes même les plus
anciennes, des pages que vous pouvez sauver, imprimer, envoyer sans
craindre de perdre des informations. Bref, des véritables pages web, un
concept devenu absurdement rare.
Les sources de ce blog sur Sourcehut
https://sr.ht/~lioploum/ploum.net/
La signification du minimalisme
===============================
En codant ce site, il m’est apparu que le minimalisme impliquait de
faire des sacrifices. D’abandonner certains besoins. La raison pour
laquelle je n’avais jamais été satisfait jusqu’à présent était mon
incapacité à abandonner ce que je pensais essentiel.
Les tags aident-ils la lecture ? Non, ils ont donc disparu. Les séries ?
J’étais convaincu d’en avoir besoin. J’ai commencé à les implémenter,
mais je n’ai pas été convaincu et j’ai mis ce travail de côté. La
recherche intégrée ? La fonctionnalité est certes utile, mais son
bénéfice ne couvre pas le coût de sa complexité. J’ai dû me faire
violence pour l’abandonner, mais, une fois convaincu, quel soulagement !
Pour remplacer la recherche, je dispose de deux armes : la première est
que la liste de tous mes billets est désormais disponible sur une simple
page. Si vous connaissez un mot du titre du billet que vous recherchez,
vous le trouverez avec un simple Ctrl+f dans votre navigateur.
La liste de tous mes billets depuis 2004
https://ploum.net/index_all.gmi
Pour la recherche plus profonde sur le contenu, mes billets étant
désormais de simples fichiers texte sur mon disque dur, la commande
"grep" me convient parfaitement. Et elle fonctionne même lorsque je suis
déconnecté.
Car l’aspect déconnecté est primordial. Ma déconnexion dans la première
moitié de 2022 m’a fait prendre conscience à quel point mon blog
Wordpress n’était plus en phase avec moi. Je ne pouvais plus le
consulter simplement, je ne pouvais plus y poster sans passer du temps
en ligne.
Mes lecteurs les plus techniques peuvent également me consulter offline
avec un simple "git clone/git pull".
La dernière version ?
=====================
Le titre de ce billet est volontairement racoleur (et si vous êtes
arrivé jusqu’ici, c’est que ça fonctionne), mais, oui, ce billet annonce
bel et bien la fin de mon blog sur le web tel qu’il a été durant 18 ans.
Désormais, vous ne lirez plus que mon Gemlog. Gemlog dans lequel j’ai
importé le contenu de mon ancien blog. Cette approche Gemini-first
implique des contraintes assez fortes, notamment celle de n’avoir qu’un
lien par ligne (ce qui rend certains de mes anciens billets truffés de
liens assez particuliers à lire, je le reconnais).
J’ai cependant pris grand soin de faire en sorte que les anciennes URLs
fonctionnent toujours. "Cool URLs never change". Si ce n’est pas le cas,
signalez-le-moi !
Une autre particularité de ce projet dont je suis fier est que tout mon
blog ne dépend désormais plus que de deux briques logicielles : git et
python, des composants fondamentaux sur lesquels je peux espérer me
baser jusqu’à la fin de ma vie. Le tout étant rédigé dans Vim et corrigé
par le couple Antidote/Grammalecte (le point le plus fragile de mon
système).
Ce qui me fait dire que ce site est peut-être bel et bien la dernière
version de ploum.net. Après Dotclear et Wordpress, je ne dépends
désormais plus de personne. Plus de mises à jour imposées, plus de
changements soudains d’interface, plus d’adaptation à des nouvelles
versions (à part un éventuel python 4 qui ne devrait pas poser de
problème vu que je n’utilise à dessein aucune bibliothèque externe).
J’évolue à mon rythme et en faisant exactement ce qui me plait, sans
dépendre d’une communauté ou d’un fournisseur.
Aurais-je été plus efficace avec un générateur de site web existant ?
Peut-être. Je n’en suis pas convaincu. J’aurais dû l’apprendre et me
plier à ses contraintes arbitraires. Pour ensuite tenter de l’adapter à
mes besoins. Même si cela avait été plus rapide sur le court terme, il
aurait été nécessaire de me plier aux nouvelles versions, d’espérer
qu’il soit maintenu, de m’intégrer dans la communauté et j’aurais
forcément fini par migrer vers une autre solution un moment ou un autre.
La philosophie du code
======================
Pour la première fois, mon blog exprime donc avec son code des valeurs
que je tente de mettre par écrit : la simplicité volontaire est
difficile, mais libère autant l’auteur que les lecteurs. Elle implique
une vision tournée vers un long terme qui se compte en décennies.
L’indépendance se conquiert en apprenant à maitriser des outils de base
plutôt qu’en tentant d’adopter la dernière mode.
En apportant les dernières touches au code qui génère ce qui n’est pour
vous qu’une page parmi tant d’autres, j’ai eu l’impression d’avoir
réduit la distance qui nous séparait. Les intermédiaires entre mon
clavier et votre intelligence ont été réduits au strict nécessaire.
Plutôt que des connexions à des interfaces impliquant des copier-coller,
des chargements de librairies JavaScript, j’écris désormais dans un
simple fichier texte.
Fichier texte qui s’affiche ensuite dans vos mails, votre lecteur RSS ou
votre nagivateur.
Cela parait trivial, simple. C’est pourtant l’essence du web. Une
essence qui est malheureusement beaucoup trop rare.
Merci de me lire, de me partager (pour certain·e·s depuis des années),
de partager mon intimité. Merci pour vos réactions, vos suggestions et
votre soutien. J’espère que cette version vous plaira.
Bonnes lectures et bons partages !
PS: Si vous relisez régulièrement certains anciens articles (plusieurs
personnes m’ont confié le faire), n’hésitez pas à vérifier que tout est
OK et me signaler tout problème éventuel. Comme tout logiciel, le
travail n’est jamais terminé. La version Wordpress restera disponible
sur le domaine ploum.eu pour quelques mois.
Ancienne version de ploum.net
https://ploum.eu
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…ET AUTRES JOYEUSETÉS QUE NOUS RÉSERVE LE FUTUR
by Ploum on 2022-11-28
https://ploum.be/2022-11-28-et-autres-joyeusetes-que-nous-reserve-le-futur.…
Couverture de « Stagiaire au spatioport Omega 3000… et autres joyeusetés
que nous réserve le futur ».
https://ploum.be/files/stagiaire-au-spatioport-omega-3000.jpg
> Pourriez-vous devenir le premier Madame pipi mâle de la station
spatiale Omega 3000 ? Ou optimiser le rendement des mines de chocolat de
la Lune ? La vie privée étant abolie, percerez-vous l'identité secrète
de l'homme le plus riche du monde ? Comment lutter contre les monopoles
informatiques si, lassée de vous voir taper à la machine, votre famille
vous inscrit à une initiation aux ordinateurs ? Jouerez-vous un rôle
majeur dans le destin de la galaxie ou resterez-vous un figurant ?
Toutes les réponses à ces questions (et à bien d’autres) sont désormais
disponibles dans « Stagiaire au spatioport Omega3000 et autres
joyeusetés que nous réserve le futur », un recueil de nouvelles
désormais disponibles en ligne et dans toutes les librairies de Suisse.
Il arrivera dans celles de France et de Belgique en février 2023.
Ce qui est un peu tard pour les cadeaux de Noël/Newtonmass, raison pour
laquelle vous pouvez directement commander ce recueil chez l’éditeur.
Commander « Stagiaire au spatioport Omega 3000 et autres joyeusetés que
nous réserve le futur »
https://pvh-editions.com/shop/livres-imprimes/271-stagiaire-au-spatioport-o…
« Stagiaire au spatioport Omega 3000 » est une idée cadeau idéale, car,
contrairement à un roman, qu’on aime ou qu’on n’aime pas, le livre offre
ici 15 histoires très différentes. Certaines plus farfelues, d’autres
sérieuses. Des rigolotes, des absurdes ou des interpelantes voire tout
simplement poétiques. L’une évoque la problématique du genre dans le
cadre du space opera ( « Stagiaire au spatioport Omega 3000 »). D’autres
alertent sur l’emprise des monopoles informatiques ( « Le dernier espoir
»), la disparition de la vie privée en ligne ( « Le jour où la
transparence se fit » ) ou l’impact à très long terme de nos choix
technologiques ( « Les successeurs » ).
En (vous) offrant ce recueil, vous offrez donc des moments de plaisir,
de rire et de poésie, mais également, sans en avoir l’air, des pistes de
réflexion et des introductions à des sujets potentiellement difficiles
que vous, lecteurs de mon blog, vous connaissez probablement déjà.
Autour de la bûche de Noël, rien que le titre et la couleur de la
couverture devraient occuper une bonne partie de la soirée et détourner
un bon moment les conversations de la coupe du monde au Qatar, de la
crise économique et de la guerre en Ukraine. Avouez que, à ce prix là,
c’est donné !
Alors, plutôt que de parcourir les centres commerciaux surchauffés,
offrir 15 nouvelles est une idée de cadeau rapide, chic et pas cher !
Pour ceux dont la liste de lecture peut attendre février, commandez le
livre dès maintenant chez votre libraire. On ne se rend compte de
l’importance des librairies que lorsqu’on les perd, soutenez-les !
L’ISBN est 978-2-940609-29-1.
Fiche du livre sur Place des libraires
https://www.placedeslibraires.fr/livre/9782940609291-stagiaire-au-spatiopor…
Plus qu’un simple recueil…
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Depuis ma plus tendre enfance, je dévore les recueils de nouvelles.
J’adore quand les nouvelles sont entrecoupées d’anecdotes par l’auteur.
Ce que fait Isaac Asimov avec un talent incroyable.
Lorsque Lionel, mon éditeur homonyme, m’a proposé de publier un recueil
de nouvelles, j’ai d’abord pensé à les rassembler de manière
traditionnelle, n’osant même pas tenter d’imiter le grand Asimov. Mon
épouse m’a convaincu d’écouter mon intuition et de faire ce recueil
avant tout pour moi, comme je voudrais le lire.
Donc acte. Chaque nouvelle est désormais accompagnée d’une petite note
où j’explique l’inspiration et le processus d’écriture derrière le
texte. Parfois, je digresse un peu sur les thèmes qui me sont chers.
Vous me connaissez, on ne se refait pas…
Le résultat est que loin d’être juste un assemblage de texte, ce recueil
est devenu une forme de mise à nu, un partage très intime entre
l’écrivain et chaque lect·eur·rice. Avec mon éditeur, nous avons pris la
décision d’inclure également quelques « erreurs de jeunesse ». Ce ne
sont pas mes meilleurs textes, mais rendre transparente mon évolution
personnelle est une manière d’illustrer mon travail et, je l’espère,
d’inspirer d’autres à apprécier leurs propres progrès. Pour tout avouer,
je n’ose pas me relire, je suis un peu gêné de ce que vous allez
découvrir de moi. Tout en étant très fier d’offrir un recueil qui est
bien plus que la somme des textes qui le composent.
Si vous lisez ce blog, ce recueil est ce qui s’en rapproche le plus au
format papier. Tout en étant bien plus amusant et gai à lire. Le
partager et le recommander est la plus belle manière de soutenir mon
travail.
Commander « Stagiaire au spatioport Omega 3000 et autres joyeusetés que
nous réserve le futur » (format papier)
https://pvh-editions.com/shop/livres-imprimes/271-stagiaire-au-spatioport-o…
Le recueil au format epub
https://pvh-editions.com/shop/collection-ludomire/276-epub-stagiaire-au-spa…
Je serai très heureux d’avoir vos avis, vos réactions, de lire vos
critiques sur vos blogs ou vos espaces en ligne respectifs. N’hésitez
pas à m’envoyer vos retours. Sur Mastodon, je vous propose d’utiliser le
hashtag #omega3000.
Et si vous avez découvert la surprise (qui est, si Wikipédia est exact,
une première mondiale), chut ! Ne la spoilez pas pour les autres…
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Rendering the Web with Pictures in Your Terminal : more than you would like to know about HTML, ANSI and the philosophy of communication.
by Ploum.net (fr) 17 Nov '22
by Ploum.net (fr) 17 Nov '22
17 Nov '22
RENDERING THE WEB WITH PICTURES IN YOUR TERMINAL : MORE THAN YOU WOULD
LIKE TO KNOW ABOUT HTML, ANSI AND THE PHILOSOPHY OF COMMUNICATION.
by Ploum on 2022-03-24
https://ploum.be/2022-03-24-ansi_html.html
I’ve often been baffled by the productivity of Open Source developers.
But I may have found the secret. Having something else to do. As soon as
you need to do something urgently, something non-computer related,
programming open source seems really important.
So, in a new episode of "I should really have done something else with
my life", please welcome the "Offpunk got a new HTML rendering" story, a
long meditation on reading HTML and starting meaningful, philosophical
discussions.
Discovering ANSI Codes
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When I started using AV-98 as a Gemini client, I thought it was simple
because it simply displayed the Gemtext content on the screen, only
replacing URLs with numbers. I didn’t realise consciously that titles
had to be coloured. But how can you send colours to a terminal? Isn’t
that only white lines on black background ?
The answer is ANSI codes. ANSI codes are special characters that, when
passed to a terminal, change the "mode" of the terminal. If you type
"\e" followed by "[", the terminal understands it as the "Control
Sequence Indicator". You can then type different numbers (separated by
";") and end with "m". The different numbers correspond to different
modes. So typing "\e [1m" switch to bold and "\e [1;35m" (without the
space) switch to bold and magenta. You can close all opened modes with
"\e [0m".
It is limited to 8 background/foreground colours and a few other modes
like bold, faint, italic, underline, …
It’s all fun until you realise that those 8 colours can be customised
using another special code. So, in essence, your terminal can display
any Unicode character with any background and foreground colour. (Not
all terminals have the same colouring capabilities but, still…)
As I was discovering that through reading AV-98 code, I also wondered
how hard it would be to display HTML pages in what was already called
Offpunk. If I could display a gemtext page with blue title, how hard
would it be to display some HTML? I would only need to transform HTML
tags into ANSI codes. Right?
Why HTML is a Bad Way of Communicating
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I hacked a first version displaying links in blue and, yes, it was
working! This had been surprisingly easy! But the more I kept trying
webpages, the more I realised how bad the situation was.
First of all, HTML is really hard to parse for a simple single reason:
space and return characters may act completely differently depending on
where they are in the page. In fact, except in <PRE>, one could say that
you could drop returns. Except that, sometimes, they should be
considered as a whitespace (if you don’t, some pages will
havetheirtextgarbledwithoutspace).
But that’s only when the HTML is good. Most of the time, it isn’t. My
initial HTML2ANSI routine started to grow organically to handle all the
cases I was finding. It was try and error: add a space there, reload,
see if it looks good, add another strip() there. No architecture, pure
random code.
When looking at the source code, I found myself multiple times pondering
if I should display what the people obviously intended to say or if
I should display what the HTML told. One very small but obvious example:
Wordpress websites using Jetpack have some of their picture duplicated.
The reason is that one of the pictures is behind a "lazyloading"
attribute while the other is in a "<noscript>" tag. Offpunk should
obviously display the "<noscript>" because it doesn’t do JS but also
displays the first one because it doesn’t parse the lazyloading CSS
attribute. I don’t see how I can correctly not display the picture
twice.
Tools are simply bad and produce awful HTML. If you are not convinced,
look at the source of a page generated by the pseudo-minimalist Medium.
When trying to parse HTML, it becomes obvious how we lost any meaning.
People wrote, tools transformed it in a meaningless mumbo jumbo and
I was trying to write a tool to find the original meaning back.
But tools are not the only ones to blame…
People are Bad at Writing
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When I added support for bold and italic, something strange appeared.
I realised the test pages I’ve been using since the beginning were now
less readable. The text alone was good but people are somehow forced to
add many fancy stuff over it. It’s like they fear not being remarked.
Every HTML webpage looks like a child doing stupid stuff to attract his
parent’s attention.
Open a book. Open 10 books around you. Try to find how many instances of
bold sentences, varying styles and coloured words you have. Except in
some very modern technical books, there’s none. You can sometimes find
some italics to indicate a citation. It’s quite rare. I am, of course,
referring to books that were published before writers started to use
MS Word.
As Neal Stephenson said in "In the Beginnings was the command line",
bold was at first only used for the title. Then MS Word came without any
support for formal title/subtitle styling. The bold button was put
prominently and people were expected to make their titles manually. But
something else happened: people started to put bold and italics
everywhere. Because they could.
When reading through so many webpages, it struck me how all this styling
was looking like insecurity. Fear of not being read. Fear of not being
cool. Fear of being boring. Fear of losing your audience. And how much
better most of the texts were without any styling.
As I was reading "L’Âge des low-tech", by Philippe Bihouix, I came
across one of those insecurities. The author put the word "NEVER" in all
caps, probably hoping to make a point. It looks like the author felt
insecure about his argument, felt that it was weak and tried to
compensate. The point was something like "3D printing is not a solution
because true constructions like houses can NEVER be 3D printed". Which
is obviously false (or at least it should be explained why current
3D-printed buildings are not trully 3D-printed). Without the all cap, it
would have been an error in a book, something understandable. With the
all cap, the author lost a lot of credibility for many pages.
Any Mistake That Can Be Made…
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So, in essence, people are using crappy tools that produce shitty code
and they are using it as badly as they can. We can safely say that any
error that can be done will be done.
The same is true for Gemini. Hopefully, Gemtext is so simple that
there’s no tool, reducing the error surface. Errors can only be done on
a line-by-line basis. Like that case when someone was speaking about a
hashtag and the hashtag appeared at the beginning on the line, turning
the line into a title.
But there’s one true error still possible with gemtext : Preformatted.
I’ve seen them all : people missing one preformatted line and thus
inverting formatted/preformatted, people not closing an opened
preformatted or, the worse : some gemlogs switching between
formatted/preformatted for each paragraph. The only explanation I found
was that it was looking cool in their test client. What if their client
was switching the background colour for preformatted? Then their posts
would render as a nice patchwork of colours.
This is a huge problem as Offpunk doesn’t wrap preformatted texts,
assuming they are some sort of ASCIIART. Those paragraphs were thus
displayed as a long non-wrapped line.
If a mistake can be made, it will be made.
About Wrapping
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It seems obvious when you are reading texts but, once a line is longer
than your screen, that line should be wrapped. The line should continue
on the next line. Wrapping is far from trivial if you don’t want to wrap
in the middle of words. You need to count characters then, once a
threshold has been reached, cut at the nearest word separation.
But remember what I told you about ANSI codes and colours. When you see
a coloured line on a terminal, there are some invisible characters. Many
of them. So the wrapping is confused and may wrap too soon.
If you have a Gemini title you want to be bold blue, the ANSI sequences
to open and close everything will amount to 12 characters. Your wrap
will be really short.
Not a huge problem until you start dealing with HTML lines where you can
have 4 or 5 links per line. You may start to wrap before displaying any
character at all!
ANSI modes should be conserved to the next line but I observed many
singularities and, from what I’ve seen, it is a good practice to close
all ANSI codes before the end of a line. That makes the wrap even
harder: you need to identify all opened ANSI sequences, close them and
reopen them on the next line.
That’s exactly the problem that python-ansiwrap is solving. And they did
quite a good job with it.
Displaying Images
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As I was reading webpages with Offpunk, I realised once that I was
really missing an important information. I loaded the page in Firefox
and, yes, a whole paragraph, a citation, was missing. What happened? It
took me the source code to realise that the citation was not a text but
a picture.
The easy solution to avoid such problem was to render pictures as links.
If you wanted to see a picture, you would simply follow the link and the
picture would be displayed in your picture viewer (feh, in my case).
But, quickly, I started to open all the pictures, curious to see what
they were. Most pictures on the web are useless. They serve to get a
sense of "feeling". Like bold and styling, they only serve to attract
attention to the content. I’m guilty as everyone. For years, I tried to
find a catchy picture for every article on my blog. This was reinforced
by the fact that a link without a picture has no chance to thrive on
Twitter nor Facebook. It even became some sort of artistic ritual to
pair a finished blog post with a totally unrelated picture.
As I discovered the console, more than 20 years ago, I started to play
with libcaca, which was transforming pictures into asciiart. I did a
little experiment but, on the small size of a website, a libcaca picture
does not help at all. It is fun but there’s no way you could recognise
anything.
At that point, the universe told be about Chafa. For the anecdote, I was
removing unused packages from my computer when I found one called
neofetch. I did a "apt-cache show neofetch" to see what it was and was
intrigued by a dependency called "chafa").
Remember that your terminal can display any Unicode character with a
custom foreground and background colour? Well, chafa uses that to
transform any picture into a configurable block of coloured text. What
is really interesting is that most pictures are recognisable. I also
found "timg", which is doing exactly the same as chafa albeit slower.
I thought it would be fun to have chafa rendering pictures in Offpunk
and tried it. It was just a proof of concept. But I was quickly
convinced. It was working so well that I could easily tell if a picture
was an important one I should open or a decorative one I could skip. In
a word, it was "useful". One more tool to extract information that
people are deliberately burying while trying to promote it.
A webpage with pictures rendered in Offpunk. Notice how you can
recognize that IMG 11 is a meme while IMG 15 is a screenshot.
https://ploum.be/files/offpunk_gtg06.png
With the 1.8 version, Chafa added support for a kind of "kitty-image-
protocol", something I don’t understand but which allows the Terminal
Kitty to display pixel-perfect pictures. Timg already had support for
that. Pixel perfect pictures cannot be integrated into text but this
meant that I could directly display pictures into Offpunk. And, yes, it
works when you access the picture directly.
Offpunk displaying a picture from a gemlog you should follow
https://ploum.be/files/frosty_bjorn.png
For best result, use Kitty terminal and Chafa 1.10. If you have an older
Chafa, also install Timg to have the best of both worlds.
Rewriting All From Scratch
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All this hacked-together plate of spaghetti was working quite well but
was unmaintainable. The HTML rendering code was pure random guessing.
Ansiwrap sometimes gave very strange results and the performances were
horrible. A 40 characters wide line produced by chafa could contain up
to 1000 characters, which were parsed by ansiwrap.
When reading the Ansiwrap source code, I realised that one hard task was
to first identify ANSI codes in a text. Something I could avoid as I was
doing it myself.
So, in essence, I was making a text full of ANSI codes then wrapping it
with ansiwrap. Could I do it the other way?
I started a new renderer that would save the position of every future
ANSI code without inserting them. Then, I would wrap it, line by line,
inserting ANSI codes only after wrapping while being smart enough to
close them before the end of the line and reopening them.
Chafa pictures would be inserted without being wrapped at all.
This was not an easy task and I even added a BETA switch to keep the old
rendering engine while I was working on the new. But, quickly,
I realised it was doing a better job. Instead of transforming HTML to
ANSI, I was first trying to understand HTML then building a meaningful
representation. For example, newparagraph() and newline() are two
different functions because they have a different meaning. For the
anecdote, the first rendering engine was adding so many blank lines that
I needed to remove every block of more than three blank lines before
displaying the result.
So, starting with 1.2, Offpunk as a whole new rendering engine, also
used for Gemini, Gopher and RSS. Please test your favourite capsules and
websites and report any problems.
Download Offpunk
https://tildegit.org/ploum/AV-98-offline
Send me an email about Offpunk
mailto:offpunk@ploum.eu
Subscribe to the offpunk mailing list to discuss
mailto:~lioploum/offpunk-devel+subscribe@lists.sr.ht
Using the renderer without Offpunk
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An HTML2ANSI renderer seems very useful and I’m wondering if I should
release it as a standalone tool. You can already test it quite easily
with the following python script within the same folder as Offpunk.
!/usr/bin/env python3
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from offpunk import HtmlRenderer
f = open("index.html")
content = f.read()
f.close()
rend = HtmlRenderer(content,"www.test.com")
display the result in less
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rend.display()
or put it in a variable
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body = rend.get_body()
print(body)
Making the Web Readable
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I’m proud to say that my first objectives have been met: removing any
dependency to python-ansiwrap, improving performance with pictures and
making the code more maintainable.
Outside of ansiwrap, Offpunk uses two libraries to parse the web: the
venerable BeautifulSoup 4 (python-bs4), which does an outstanding job of
parsing the HTML. Parsing is the act of transforming a text into an
usable computer representation. Rendering is the opposite : transforming
the computer representation into something an user can read/watch. The
best the parsing, the easiest the rendering.
The other is python-readability which removes unwanted cruft from an
HTML page. Python-readability transforms HTML into HTML but with less
thing. Most of the time, it works really well, allowing Offpunk to
display only the article that I want to read.
Sometimes, it removes too much. In that case, Offpunk allows bypassing
readability with the command "view full" (or "v full"). Starting with
1.2, you can bookmark a page and its mode, so you automatically switch
to "full" for some pages. This is done with a very naughty hack (adding
"##offpunk_mode=full" at the end of the URL and crossing fingers for no
URL having this string in their URL in real life).
Without python-readability, I could not have added web support to
Offpunk. It would have been discouraging. But now that I have an
improved HTML renderer, I’m starting to wonder if I could make python-
readability an optional dependency. Would it be useful for anyone not to
install python-readability?
There’s one good reason not to allow running Offpunk without python-
readability. With readability enabled, most webpages have between 0 and
20 or 30 links. When running "offpunk --sync", this means making that
many requests to prefetch contents and pictures.
But in "full" mode, most webpages have between 100 and 500 links. Most
of them completely useless, of course. Using Offpunk to surf the web
without readability might be a nightmare.
Starting a Discussion
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I created my first website in 1998 and started my still active blog in
2004. For all those years, I was publishing to attract attention,
readership. I was looking for some "success". I got some. Published
books, was invited to give conferences, was offered jobs, was even twice
recognized by strangers because of my blog. But it was never enough. It
is still not enough. I don’t feel particularly successful.
For the last 20 years, I’ve tried to become a successful writer by doing
anything that could attract attention to my writing. In the last years,
I’ve been slowly evolving toward writing more, publishing less and doing
marketing even less.
By being forced to parse all the greasy cruft that others put around
their writing, I was forced to realise how I did (and might still do)
the same. How the appearance is detrimental to the content. Anyone
suggesting that gemtext should support colours should be forced to write
an ANSI parser first. Anyone suggesting that Gemtext formatting is not
enough to express correctly what they want to express should open an old
book. Most people are trying to work around the fact that writing is
hard. Really hard. They hope to share emotions and non-verbal clues
through emojis, colours, boldening. The problem is that, unlike the
written language, those expressions are not explicit. You don’t convey
what you want to convey, you make it less understandable. If you can’t
write without colours and emojis, it is probably because you don’t
really know what you want to say. That’s why writing is so hard. It is
hard but it pays off. When writing with only words, you not only
communicate better with others, you also communicate with your present
and future self.
« Ce qui se conçoit bien s’énonce clairement et les mots pour le dire
viennent aisément. » (Boileau)
I’m still astonished by the emptiness of most successful webpages once
displayed in Offpunk. Offpunk made the front page of Hackernews which
led me to break my disconnection temporarily because I was curious about
other links with more votes. They were shallow, empty and rarely had
more than 200 words. A search about Offpunk on Google that same day
revealed that the top pages were mostly computer remixes of the Offpunk
README. The web is full of automatic content trying to mimic what has
been successful. There were even two Youtube videos in the first Google
results. Both of which are computer reading of the README while the
website is displayed. The real Offpunk website was only on the second
page, demonstrating how the web is buried in shitty auto-generated
content and how bad the leading search engine is.
I did not receive more emails that day than when I post on this gemlog.
That success everybody is running after is fake, short-lived. It is not
even finished that you must already run for the next shot.
With Offpunk, I still can read people I like on the web. I follow their
RSS feeds. It makes me feel like I’m still on Gemini or Gopher. It’s
funny how, each time I find something deep and meaningful to read on the
web, it renders well in Offpunk. It feels a bit like meaning and
technical presentation are somehow connected.
I also like to write on Gemini because I know that it can’t be
successful. I can write long stuff like this one. It will be read by
people that find it interesting. Not many. Maybe none. But if you made
it until now, then it certainly had an impact on you. I’ve shared my
thoughts with you. You will, consciously or not, process them. You may
even one day produce something that will have been impacted by what
you’ve read today. I may read you later without knowing that.
This whole post has been influenced heavily by a lot of people in the
Gemini space. They made me think. You probably made me think. I’ve
evolved thanks to what I’ve read. Sometimes, when reading you, I wanted
to reply. But there was no short and easy way to reply. So my reply
either got lost, which means it was not important, or got carried with
my thinking and crystallised into this post or the following one.
We have started a long, slow and meaningful conversation. The kind of
conversation upon which every human breakthrough was conceived. Thank
you for participating in it.
This is just the beginning of our conversation.
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